>>Airbus parachève sa réorganisation
Un A340-300 équipé d'ailes révolutionnaires réalise son premier vol pour le projet "Blade" à Colomiers en Haute Garonne, le 26 septembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'Airbus a décollé vers 11h00 de Tarbes et s'est posé à Toulouse-Blagnac après plus de trois heures et demie de vol.
Les extrémités des ailes classiques de l'avion avaient été remplacées à Tarbes par deux tronçons laminaires d'une dizaine de mètres, l'avion étant bardé de capteurs et de caméras pour mesurer et analyser les caractéristiques de l'écoulement de l'air et le comportement de l'avion.
"C'était une première mondiale", s'est-on félicité chez Airbus.
Avec l'aile laminaire, une aile un peu plus épaisse à l'arrière et au revêtement plus lisse sur sa surface, l'objectif est d'avoir en vol un flux d'air plus fluide sur la plus grande surface possible de l'aile. Selon Airbus, le projet vise à obtenir une réduction de 50 % du frottement de l'air au niveau de la voilure.
"On peut ainsi gagner jusqu'à 4% de consommation de carburant sur un avion conçu d'entrée avec une aile laminaire", a expliqué Charles Champion, directeur du bureau d'études d'Airbus, peu après l'atterrissage sur le tarmac de Blagnac.
Ce premier vol est une "démonstration (pour) voir si la technologie fonctionne en condition réelle, sur un avion en vol en vitesse de croisière, et dans le temps par rapport aux impuretés" et au vieillissement des matériaux. Pour "être sûr qu'on aura cette économie d'énergie pendant toute la durée de vie de l'avion", a ajouté M. Champion.
Quelque 150 heures de test sont prévues pour cet appareil A340 expérimental jusqu'en 2018.
La nouvelle technologie est plutôt destinée à des avions court et moyen courrier en raison d'une vitesse un peu plus faible de l'appareil. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pour Airbus, l'enjeu est de taille "parce qu'il faut rester devant" : l'idée, si les essais sont concluants, "est effectivement d'avoir un nouveau modèle d'avion qui intègrerait la voilure laminaire d'entrée pour pouvoir avoir cette économie de carburant dès la conception de l'avion", a déclaré M. Champion.
"Quatre pour cent de carburant en moins, ça paraît peu mais pour nous c'est énorme", a ajouté le directeur du bureau d'études, selon lequel "on part sur un développement" de cette nouvelle voilure pour les dix prochaines années.
Cette nouvelle technologie est plutôt destinée à des avions court et moyen courrier en raison d'une vitesse un peu plus faible de l'appareil.
Ce programme d'ailes laminaires fédère sous la dénomination BLADE (Breakthrough Laminar Aircraft Demonstrator in Europe) des industriels européens (Airbus, Aerospace, Saab...) et des instituts de recherche européens. Soutenu par la Commission européenne, son budget est de 190 millions d'euros, dont 90 ME à la charge d'Airbus.
"Ça a été un vol magnifique", a dit, à sa descente d'avion, un de ses pilotes, Hugues Van der Stichel, très applaudi par le personnel d'Airbus et des partenaires du projet Blade réunis pour cette occasion.
"L'avion s'est super bien comporté, aucune vibration, un vol très très tranquille avec des conditions de vol qui étaient bonnes", a ajouté le pilote. "À ce stade, on ne sent pas de différence entre un vol classique et un vol avec des ailes laminaires au niveau pilotage", a-t-il dit, précisant qu'"on le voit" cependant au niveau des mesures.