>> Valorisation de la littérature belge francophone au Vietnam
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Les intervenants présents au lancement de la version en vietnamien du 30e roman de l’écrivaine belge francophone Amélie Nothomb intitulé "Premier sang". |
Le 13 mai, les amateurs de littérature belge se sont réunis lors du lancement de la version vietnamienne du 30e roman de l’écrivaine belge francophone Amélie Nothomb, intitulé Premier sang. L'événement a été marqué par les interventions de Nicolas Dervaux, représentant des gouvernements wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles au Vietnam, du Docteur en littérature Phùng Ngoc Kiên, qui possède une riche expérience dans la recherche sur la littérature française et francophone, et de la Docteure en littérature Nguyên Quyên.
Avant d'entrer dans le débat, M. Dervaux a salué la sortie de ce livre comme "un gage de qualité, une reconnaissance de la littérature belge francophone", tout en exprimant sa gratitude envers Nha Nam pour cette occasion de "promouvoir cette artiste belge de renommée internationale et de permettre aux Vietnamiens de la découvrir dans toute sa complexité ainsi que dans sa carrière littéraire".
Mémoire émouvante d’un diplomate
Un livre de petit format qui retrace la vie du diplomate belge Patrick Nothomb, père de l’auteure, de son enfance jusqu’à la terrible prise d’otages de Stanleyville, aujourd’hui Kisangani, en République démocratique du Congo, où il a failli mourir en 1964. |
Dans Premier sang, Amélie Nothomb plonge dans les premières années de la vie de son père, Patrick Nothomb, diplomate et ambassadeur belge. Il est décédé en 2020, alors que la Belgique était encore en confinement en raison de la pandémie de COVID-19. À ce moment-là, Amélie Nothomb n'a pas pu assister à son enterrement. Elle cherche à transmettre aux lecteurs une douleur d'une rare violence, affirmant qu'elle ne s'en remettra jamais.
Dans ce roman sous la forme d'un conte, l'écrivaine donne la parole à son père, Patrick Nothomb, à la première personne. Au fil des pages, elle lui redonne voix afin qu'il puisse retracer son propre destin, de son enfance dans les années 1940 à la terrible prise d'otages à Stanleyville, aujourd'hui Kisangani, en République démocratique du Congo, où il a failli perdre la vie en 1964.
"Un livre fascinant", selon la critique littéraire française Olivia de Lamberterie. En effet, dès les premières pages, l'auteure a captivé l'attention avec une situation suspendue où Patrick Nothomb, âgé de 28 ans, pense qu'il va mourir jeune, à l'instar de son père qu'il n'a jamais connu.
Après cette introduction percutante, Amélie Nothomb revisite l'enfance de son père, abandonné par sa mère, une veuve coquette préférant les mondanités à la maternité, et élevé par ses grands-parents maternels bienveillants. Convaincu que Patrick, âgé de six ans, doit se forger un caractère, bon-papa décide de le confier pendant les vacances à grand-père : Pierre Nothomb, avocat, poète et baron. La romancière réserve une surprise de taille à ses lecteurs et mène la suite de ce récit que l'on ne peut lire qu'une seule fois.
Alors qu'elle remonte aux origines de son père et souligne les contradictions de la famille, l'auteure semble faire la paix avec elle-même et insuffle un nouvel élan à son œuvre romanesque. C'est pourquoi Premier sang devient "un livre que les lecteurs d'Amélie Nothomb n'ont jamais lu. Le livre que tous les lecteurs d'Amélie Nothomb attendaient", selon le critique littéraire français François Busnel.
Petit format, grande histoire
Ces dernières années, de nombreux ouvrages littéraires des auteurs belges francophones, dont Amélie Nothomb, ont été publiés au Vietnam, montrant ainsi l’intérêt des vietnamiens pour les auteurs belges. |
"Un livre au format réduit qui renferme une histoire et une mémoire si émouvantes, et tout aussi captivantes", a remarqué l'intervenante Nguyên Quyên, qui affirme elle-même pouvoir "lire ce roman d'une traite en environ une heure". Les détails "palpitants" suscitent un vif intérêt chez les lecteurs qui cherchent à "suivre les traces du personnage "je", à revivre des moments inoubliables de son enfance, pour arriver à une fin surprenante", a souligné la docteure.
Fort de plusieurs années de recherche en littérature française et francophone, Phùng Ngoc Kiên a partagé son propre point de vue sur l'ensemble des œuvres d'Amélie Nothomb, où prédomine un "style d'humour, d'ironie et d'élégance". L'intervenant a également salué "ses efforts inlassables pour écrire 30 livres au cours de ses trente années d'écriture", soulignant ainsi sa "contribution considérable à la littérature francophone".
De son côté, M. Dervaux estime que "le style d'Amélie Nothomb est atypique. Son écriture est atypique, tout comme sa personnalité. Avant d'être une grande auteure de littérature, elle est aussi une personnalité médiatique retentissante. Comme dans ce roman, il est parfois difficile de distinguer ce qui est vrai de ce qui ne l'est pas". Selon le représentant de la Délégation Wallonie-Bruxelles, ce style "très épuré" se retrouve clairement dans ses œuvres, et on peut établir un lien entre cette écrivaine et la Française Marguerite Duras.
La publication de Premier sang en vietnamien (Dong mau cao quy) s'inscrit dans le cadre des Journées de la littérature européenne, auxquelles la Délégation Wallonie-Bruxelles participe activement avec une multitude d'événements visant à présenter au public vietnamien la richesse de la littérature belge francophone, notamment l'exposition de bandes dessinées de Dany et de Tintin.
À travers ces manifestations culturelles et festives, on constate que "le public vietnamien est très demandeur, très curieux de découvrir diverses formes d'art belges francophones, y compris la littérature, car au fond, la littérature permet de transcender de nombreux messages, valeurs et réalités qui sont communs" entre la Belgique et le Vietnam, a ajouté M. Dervaux. En plus de la littérature, d'autres événements intéressants sont et seront organisés tout au long de cette année 2023, qui marque également le 50e anniversaire des relations bilatérales entre le Vietnam et la Belgique.
Texte et photos : Hông Anh/CVN