>>La sénatrice démocrate Kamala Harris candidate à la Maison Blanche
Kristen Gillibrand en meeting à New York, le 24 mars. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Pour souligner le contraste entre elle et le président américain, la sénatrice de New York, qui a repris en 2009 le siège d'Hillary Clinton, avait choisi pour toile de fond la tour du Trump International Hotel, l'un des immeubles du magnat new-yorkais, à deux pas de Central Park.
"Regardez cette tour!", a lancé l'élue de 52 ans depuis la tribune, cheveux blonds au vent. "C'est un autel à la cupidité, à la division et à la vanité (...) Nous sommes là pour rejeter la politique de la peur et de la haine".
Devant quelques centaines de partisans et de curieux qui l'écoutaient sous le soleil, la sénatrice, qui avait révélé en janvier son intention de se porter candidate avant de lancer formellement sa campagne dimanche dernier, s'est décrite comme un modèle de transparence, prête à museler les lobbies qui "bloquent les solutions aux problèmes du pays", en imposant notamment un financement public des campagnes électorales.
Comme beaucoup d'autres parmi la quinzaine de candidats démocrates déjà déclarés pour la primaire, Mme Gillibrand prône une couverture santé pour tous, une hausse du salaire minimum fédéral à 15 dollars de l'heure, une université accessible à tous, et une lutte déterminée contre le réchauffement climatique, qu'elle qualifie de "menace existentielle".
Mais cette femme mariée à un investisseur en capital-risque se veut aussi un modèle de rassemblement et d'unité, et ne reprend pas, contrairement à des candidats comme Bernie Sanders ou Elizabeth Warren, des slogans "socialistes" plus radicaux, réclamant des universités gratuites ou un système de sécurité sociale étatique.
Une femme peut-elle gagner?
Kristen Gillibrand en meeting à New York, au pied de la tour du Trump International Hotel, le 24 mars. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Cette mère de deux garçons, qui fut l'une des premières à dénoncer les agressions sexuelles, notamment dans l'armée, ou à réclamer un congé maternité payé obligatoire, se veut aussi une championne des causes des femmes et des familles, alors que les démocrates en tête des premiers sondages sont tous des hommes - l'ex-vice-président Joe Biden, Bernie Sanders ou le Texan Beto O'Rourke. Peut-elle remonter dans les sondages dans les prochains mois? Ses partisans en sont convaincus. "C'est tellement tôt dans le processus des primaires (...) Elle a tout le temps de construire et de faire croître son électorat", estime ainsi Zaheen Sarker, 24 ans et employée dans la finance, venue avec un ami.
Parmi les possibles handicaps de Kirsten Gillibrand: le fait qu'elle ait démarré sa carrière politique comme une démocrate proche des conservateurs, opposée au contrôle des armes et favorable aux expulsions massives de migrants illégaux. Elle a complètement changé de position depuis sur ces questions, au point d'être qualifiée par certains de "contorsionniste politique". Mais pour Zaheen Sarker, ces changements "prouvent qu'elle est capable d'apprendre et de changer, ce qui est très important en politique".
Reste qu'en rassemblant quelques centaines de personnes seulement dimanche 24 mars, dans sa propre circonscription de New York, la bataille s'annonce difficile pour Kirsten Gillibrand. D'autant que, malgré son image de femme dynamique et combative, beaucoup d'électrices démocrates semblent aujourd'hui hésiter à privilégier une femme.
"J'aime bien Gillibrand, mais je ne crois pas qu'elle puisse battre Trump", note Carol Mitchell, une féministe new-yorkaise de 75 ans venue écouter la sénatrice "par curiosité". "Après l'expérience qu'on a eue avec Hillary Clinton, je suis vraiment inquiète d'avoir à nouveau une femme candidate", dit-elle.
Pour l'instant, cette ancien avocate "penche pour Joe Biden", même s'il n'a pas confirmé qu'il serait candidat. Et verrait plutôt Kirsten Gillibrand comme colistière pour le poste de vice-président.