Pendant deux jours, les donateurs étrangers et les représentants du gouvernement vietnamien discutent des orientations pour les cinq ans à venir dans la réception et l'utilisation des fonds d'aide publique pour le développement (APD). Échanges avec le vice-ministre permanent du Plan et de l'Investissement, Cao Viêt Sinh.
* Le Vietnam est devenu un pays à revenu moyen. C'est-à-dire que l'envergure, la structure et les conditions en ce qui concerne l'octroi d'APD présenteront des changements. Le gouvernement a-t-il préparé une nouvelle stratégie pour répondre à ce nouveau contexte ?
Depuis 1993, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux ainsi que les organisations non-gouvernementales se sont engagés à fournir au Vietnam 56,4 milliards de dollars d'APD. Le volume des fonds engagés augmente d'année en année. Il est passé de 1,8 milliard de dollars en 1993 à huit milliards en 2009, puis 7,9 milliards en 2010.
Le Vietnam a accédé au statut de pays en développement à revenu moyen, avec un PIB moyen per capita d'environ 1.200 dollars par an, raison pour laquelle plusieurs donateurs, notamment européens, ont changé leur politique d'octroi d'APD dans le sens d'une baisse des aides non remboursables. Avec ce nouveau statut, le Vietnam se voit proposer des conditions de crédit plus serrées, de même que des délais réduits et une hausse des taux d'intérêt. Le gouvernement vietnamien tient compte de ces changements et nous sommes sur le point de mettre au point un plan de réception et d'utilisation des fonds d'APD pour les cinq ans à venir.
* Ce plan est axé autour de quelles orientations ?
Les besoins en fonds d'investissement du Vietnam pour le prochain quinquennal sont estimés à 300 milliards de dollars. Outre le budget d'État, les fonds mobilisés auprès du secteur privé, dans le pays et de l'étranger, seront très importants.
Le ministère du Plan et de l'Investissement (MPI) met l'accent sur trois volets : développement des infrastructures, perfectionnement de la législation et amélioration de la qualité de la main-d'oeuvre. Le Vietnam souhaite recevoir davantage d'APD dans ces trois domaines. La priorité est également accordée à la réduction de la pauvreté, l'assurance du bien-être social et la lutte contre les effets du changement climatique.
Dans les temps qui viennent, le MPI élargira les domaines bénéficiaires de l'APD, y compris les fonds à taux d'intérêt moins préférentiels. Dans sa nouvelle stratégie de réception et d'utilisation de l'APD, le MPI propose des principes raisonnables pour la répartition efficace de ces fonds.
* Une grande faiblesse dans l'utilisation de l'APD, c'est le retard dans la réalisation des projets. Quelles mesures sont envisagées pour remédier à ce problème ?
C'est un fait, plusieurs projets financés par l'APD sont en retard par rapport au rythme prévu. C'est une grande entrave. Ces projets suspendus pour une longue durée ont connu une forte hausse des fonds, à cause du coût élevé. Les raisons de ces retards sont nombreuses, en tête les lacunes dans les préparatifs et l'examen des projets. La création d'un comité de gestion des projets et l'harmonisation des formalités entre les bailleurs de fonds internationaux et la partie vietnamienne nécessitent beaucoup de temps, entre deux et quatre années. Ce retard s'explique encore par la faible capacité des comités de gestion.
Remédier à ces problèmes exigera des efforts de toutes les parties concernées. En tant que coordinateur des projets d'APD, le MPI a coopéré avec les bailleurs de fonds et les organismes du Vietnam pour organiser des réunions et discuter de ces difficultés. Cela se poursuivra dans les années à venir.
* Cette année, la conférence de mi-mandat est organisée dans le Centre, une région aux conditions socio-économiques encore difficiles. Est-ce l'occasion de présenter les opportunités d'investissement dans cette région ?
Ces dernières années, les fonds d'APD ont activement contribué à la croissance des provinces du Centre comme Hà Tinh, Nghê An, Quang Binh et Quang Tri. Ces fonds sont largement utilisés dans la lutte contre la pauvreté, le développement rural et la construction d'infrastructures. Grâce à ces fonds, ces provinces ont décollé économiquement, attirant des investisseurs étrangers dont des groupes multinationaux comme Formosa (Taïwan), Kobecol Steel (Japon). Le groupe indien Tata est prêt aussi à s'y implanter.
L'organisation de la conférence de mi-mandat dans la province de Hà Tinh aidera les bailleurs de fonds étrangers à mieux comprendre la partie Nord du Centre qui, en retard socio-économique, doit aussi subir des catastrophes naturelles récurrentes.
Thê Linh/CVN