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Le Congrès du parti Russie unie à Moscou, le 8 décembre 2018. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À VDNkh, parc moscovite ouvert en 1939 pour vanter les réalisations du communisme et rénové à grands frais en 2014, Vladimir Poutine s'exprimera devant 2.000 délégués dont nombre de gouverneurs régionaux, députés ou sénateurs et son Premier ministre Dmitri Medvedev, le patron de Russie unie.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas voulu dévoiler la teneur du discours présidentiel mais un appel à la mobilisation est fort probable alors que la formation, fondée en 2001 pour Vladimir Poutine, connaît une désaffection dans l'opinion, sur fond de stagnation économique et d'une impopulaire réforme des retraites.
D'autant que ce 19e Congrès de Russie unie servira à préparer les élections législatives de 2021. Une équipe de campagne sera désignée, selon les médias russes qui relèvent que jamais une campagne électorale n'avait été lancée autant à l'avance.
La présence du président russe est tout sauf symbolique. Il s'agit de regonfler la formation qui plafonne à 32,6% des intentions de vote, loin des 54% obtenus aux législatives de 2016, selon le dernier sondage de l'institut public Vtsiom.
Même s'il n'en est pas officiellement membre, "Poutine estime qu'il n'y a pas d'alternative à Russie unie, que c'est le parti dont il a besoin", note l'analyste Tatiana Stanovaïa, fondatrice du groupe de réflexion R.Politik.
Le président russe, qui est à 70% d'opinions favorables, veut notamment remettre de la discipline dans les rangs quand de nombreux cadres ont voulu se distancer du parti, se présentant en "indépendants" aux élections locales de septembre pour échapper à l'impopularité de Russie unie.
Les poulains du pouvoir ont malgré tout enregistré plusieurs revers, à Moscou en particulier.
Une membre de Russie unie passe devant le logo du parti à Moscou, le 8 décembre 2018. |
"Paratonnerre"
Les déboires de Russie unie dévoilent un autre problème de taille : la difficulté à ancrer le système politique en dehors de la figure de l'homme providentiel, Vladimir Poutine. "Il est peu probable que Russie unie survive à son fondateur", abonde Konstantin Kalatchev, pour qui la principale fonction du parti est de "servir de paratonnerre" au président.
"Il prend sur lui tous les pêchés du pouvoir, est coupable de tout : la bureaucratie, la corruption, les faibles revenus de la population. Le parti est coupable mais pas Poutine. Russie unie, c'est +les escrocs et les voleurs+ (référence au slogan de l'opposant Alexeï Navalny, ndlr) mais Poutine est sacré", poursuit l'analyste.
Aux yeux des experts, Russie unie est aujourd'hui une annexe du Kremlin, n'apportant ni idées ni stratégie et inutile entre deux périodes électorales. Le secrétaire général du parti, Andreï Tourtchak, a dans ce contexte promis un renouvellement des institutions, avec l'arrivée de nouveaux dirigeants.
Mais pour Tatiana Stanovaïa, si le Kremlin comprend que "le parti a besoin d'être sauvé", il "sous-estime" la gravité de la situation alors qu'une série d'une quinzaine d'élections régionales sont prévues en 2020.