>>Liban : sous la pression de la rue, un ex-ministre renonce à devenir Premier ministre
>>Liban : cinquième jour de manifestations, plan de réformes attendu
Photo distribuée par l'agence Dalati and Nohra montrant le président libanais Michel Aoun lors d'une allocution télévisée, le 21 novembre au palais de Baabda, à l'est de la capitale Beyrouth. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Dans un discours télévisé, à la veille du 76e anniversaire de l'indépendance, le chef de l'État a souligné qu'"un dialogue" était "la seule voie pertinente pour régler les crises".
Le mouvement de protestation, déclenché le 17 octobre par l'annonce d'une nouvelle taxe, a entraîné la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri. Mais les tractations pour la formation d'un nouveau cabinet traînent, au grand dam des manifestants. Selon la constitution, le chef de l'État doit lancer les consultations parlementaires en vue de désigner un nouveau Premier ministre, mais cette démarche n'a toujours pas été amorcée.
"Un nouveau gouvernement (...) devait être constitué, et avoir commencé son travail", a admis M. Aoun. Mais il a imputé le retard aux "contradictions qui régissent la politique libanaise". Celles-ci ont "imposé la prudence pour contourner les risques" qui guettent le pays, a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Michel Aoun, 84 ans, a assuré que ce délai visait aussi à "aboutir à un gouvernement qui réponde, dans la mesure du possible, aux ambitions et aspirations" de la rue, qui soit "efficace".
Mardi 19 novembre, M. Aoun avait assuré être ouvert à un gouvernement incluant des représentants du mouvement de contestation. Mais il avait insisté sur la présence de ministres issus des partis qui sont conspués sans exception depuis cinq semaines.
Dans ses deux précédents discours, le chef de l'État avait par ailleurs invité les manifestants à désigner leur représentants en vue de dialoguer. Il n'a pas évoqué ce point jeudi 21 novembre.
Les manifestants refusent jusque-là de s'organiser en structure pyramidale et rejettent tout dialogue avant la formation d'un gouvernement formé uniquement de technocrates indépendants et la tenue de législatives anticipées.
Le 13 novembre, des déclarations de Michel Aoun semblant ignorer les revendications des manifestants avaient avivé la colère. "Si, au sein de l'État, il n'y a personne qui leur convient, qu'ils émigrent", avait-il notamment dit à l'adresse des protestataires.
Cette fois, le chef de l'État a reconnu que le mouvement de contestation avait permis de "briser certains des anciens tabous, fait tomber, dans une certaine mesure, les zones (politiquement) protégées, et poussé le pouvoir judiciaire à agir". "Cependant, a-t-il mis en garde, si les médias, la rue et le débat politique deviennent les procureurs, le procureur général, le juge et le geôlier, cela devient ce qu'il y a de plus nuisible à la lutte anticorruption."
Les réactions dans la rue au discours du chef de l'État ne se sont pas faites attendre. Dans plusieurs régions du pays, des manifestants ont bloqué des axes routiers, notamment dans la Bekaa (Est) ainsi qu'à Tripoli (Nord). À Beyrouth, le principal pont surplombant le centre-ville, l'un des principaux lieux de rassemblements depuis le début de la contestation, a également été bloqué au niveau d'une des deux voies.