>>Destitution : Trump "envisage" de témoigner, les auditions s'accélèrent
>>Destitution de Trump : les auditions publiques commencent, la bataille s'intensifie
L'élu démocrate Adam Schiff au Congrès à Ứahington, le 21 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au cours des huit derniers jours, douze témoins entendus au Congrès ont livré de nombreux éléments à charge pour le président américain, sans ébranler - du moins en apparence - les élus républicains.
À l'issue de ce marathon, Adam Schiff a fait monter la pression sur Donald Trump en le comparant au seul président de l'histoire des États-Unis à avoir démissionné, en 1974, pour s'éviter une destitution certaine. "Ce que nous avons ici (...) va bien au-delà de ce que Nixon a fait", a-t-il lancé en référence au scandale d'espionnage politique dit du Watergate.
Quarante-cinq ans plus tard, Donald Trump est à son tour menacé par une enquête en destitution parce qu'il a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, qui pourrait être son adversaire lors de la présidentielle de 2020. Les démocrates accusent le président républicain d'avoir abusé de sa fonction pour faire pression sur Kiev, notamment en gelant une aide militaire de près de 400 millions d'USD votée par le Congrès.
Donald Trump nie toute pression, assure que son appel était "parfait" et se dit victime d'une "chasse aux socières" sans précédent. "Les démocrates sont clairement motivés par une haine maladive pour le président Trump et par leur désir enragé" d'annuler l'élection de 2016, a ajouté jeudi 21 novembre la Maison Blanche.
"Mal tourné"
Les témoins qui se sont succédés à la Chambre des représentants n'ont pas été épargnés par l'aigreur des débats.
Vendredi, le président a décoché des flèches contre l'ex-ambassadrice à Kiev, Marie Yovanovitch, au moment même où elle témoignait. Partout où elle "est passée, les choses ont mal tourné", comme "en Somalie", a-t-il tweeté.
Les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky (gauche) et américain Donald Trump, le 25 septembre à New York. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Avec plus ou moins de force ou de prudence, les diplomates, hauts responsables ou conseillers auditionnés ont résisté à ces attaques et dressé par petites touches un tableau accablant pour le président.
Ils ont d'abord décrit comment il avait écarté sans raison Mme Yovanovitch et imposé en mai son avocat personnel Rudy Giuliani aux diplomates en charge du dossier ukrainien.
Cela faisait des mois que l'ancien maire de New York multipliait les contacts à Kiev et les interviews télévisées pour réclamer une enquête sur Joe Biden et les affaires de son fils Hunter en Ukraine.
Une fois M. Giuliani à la manœuvre, un "donnant-donnant" a été proposé aux Ukrainiens, a déclaré mercredi 20 novembre l'ambassadeur auprès de l'Union européenne Gordon Sondland : si leur président voulait être invité à la Maison Blanche, il devait annoncer publiquement des enquêtes sur "Burisma", le groupe gazier qui a longtemps employé Hunter Biden.
M. Sondland, un riche homme d'affaires et donateur républicain, a ajouté "avoir acquis la conviction" que l'aide militaire avait également servi de levier. Il a toutefois reconnu que le président Trump, avec qui il discutait régulièrement, ne lui en avait "jamais" parlé "directement". Les républicains se sont emparés de cette déclaration pour dénoncer un dossier "sans preuve matérielle".
Entendue en dernier, une conseillère de la Maison Blanche a indirectement critiqué jeudi 21 novembre le président qui, outre Joe Biden, a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur une prétendue ingérence ukrainienne dans l'élection présidentielle de 2016 au profit des démocrates.
Aucun autre témoin n'est programmé à cette heure et il est probable que la Chambre des représentants, aux mains des démocrates, passe rapidement au vote sur une mise en accusation ("impeachment") du président. Il restera ensuite au Sénat, contrôlé par les républicains, de le juger. Donald Trump devrait donc échapper à une destitution.