>>Allemagne : l'extrême droite devant les conservateurs de Merkel dans un scrutin régional
>>Malgré la tourmente, le gouvernement Merkel va poursuivre son travail
La présidente du parti chrétien-démocrate allemand (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer (gauche), et la chancelière Angela Merkel, à Leipzig le 21 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Depuis près d'un an, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) est dirigée par cette proche de la chancelière, également ministre de la Défense. Mais des claques électorales au profit des Verts lors des européennes, puis de l'extrême droite lors des régionales dans l'ex-RDA, ont déstabilisé le plus grand parti allemand, et mis sous pression celle qu'on désigne souvent par ses initiales AKK.
Avant le 32e congrès de deux jours qui se tient à Leipzig, les critiques ont fusé de toutes parts contre la Sarroise de 57 ans, dont la crédibilité a souffert aussi de plusieurs dérapages, parmi lesquels une attaque contre la liberté d'expression sur internet.
"Je n'en connais pas beaucoup qui sont enthousiasmés par sa façon de diriger", a lâché, mercredi 20 novembre, un responsable régional, Hans-Jörn Arp. Au sein du parti, "le désir est grand d'avoir de nouvelles têtes" aux commandes, enchaîne le député Axel Fischer.
Six motions ont été déposées demandant l'organisation de primaires pour désigner le candidat à la chancellerie, comme au parti social-démocrate (SPD) allié aux conservateurs dans le gouvernement actuel. Il s'agit d'un tabou à la CDU, où cette question a toujours été réglée entre son plus haut dirigeant et celui de son allié bavarois, la CSU.
"Les tiroirs sont vides"
AKK se voit reprocher une incapacité à donner une ligne claire au parti. "La CDU n'a plus d'antenne, plus d'agenda. Les tiroirs sont vides", déplore le chef du groupe parlementaire conservateur du Bade-Wurtemberg, Wolfgang Reinhart.
La direction a longtemps ignoré les débats sur le climat ou la numérisation, accuse-t-il dans une lettre diffusée dans les médias allemands. Il réclame un renouvellement des thèmes dépassant "le carcan de la grande coalition" au pouvoir.
Se distancer de la "Groko", très impopulaire, et d'Angela Merkel qui entend boucler en 2021 son quatrième et dernier mandat, pourrait aider la CDU à se redresser dans les sondages où elle est actuellement talonnée par les Verts.
C'est en tous les cas le calcul de Friedrich Merz, avocat de 64 ans qui figure parmi les plus anciens ennemis de la chancellière, battu de justesse il y a un an par AKK.
Ce partisan d'un net virage à droite, pour récupérer les électeurs conservateurs votant désormais pour l'extrême droite, a jugé "nullissime" l'image donnée par l'exécutif et reproché à Angela Merkel un "leadership défaillant".
Le secrétaire général de la CDU, Paul Ziemiak, et la présidente du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, assistent aux préparatifs du congrès de Leipzig, le 21 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le parti veut se démarquer du gouvernement au congrès, auquel participent un millier de délégués, en réclamant une exclusion du fabricant chinois d'équipements de télécommunication, Huawei, soupçonné d'espionnage au profit de Pékin, de la construction du réseau 5G en Allemagne. Une motion pour interdire le voile à l'école primaire a aussi été déposée.
Trop tôt
Friedrich Merz, considéré selon les sondages comme le meilleur candidat à la chancellerie, a demandé à prononcer un discours juste après AKK. Mais il a assuré ne pas fomenter de putsch contre la présidente, élue pour deux ans et qui souhaite régler la question l'an prochain. "Si parvenons à rester raisonnables, nous n'en discuterons pas lors de ce congrès", souligne-t-on à la CDU.
"Il n'y aura pas de décision de personnes, c'est beaucoup trop tôt", indique aussi à l'AFP le professeur de l'Université technique de Dresde Hans Vorländer, arguant que les tous les prétendants ont besoin de temps pour préparer l'après-Merkel. Celle-ci règne depuis près de 14 ans sur la première économie européenne.
L'année 2020 s'y prête, car une seule élection régionale est prévue, dans la ville-État de Hambourg fin février. Dans ce contexte, une fin prématurée de la "grande coalition" à la fin 2019, largement présagée il y a un an, paraît aujourd'hui improbable, estiment les observateurs. Car ni l'Union (CDU et CSU) ni le SPD en pleine crise n'ont intérêt à des élections anticipées qui les sanctionneraient de nouveau au profit de l'extrême droite et des Verts.