Le Plan d'aménagement général de la capitale Hanoi à l'horizon 2030, avec perspectives pour 2050, présenté au public ces 2 dernières semaines, a recueilli des milliers d'avis. Ces derniers abordent divers projets de construction proposés, dont ceux sur une ville riveraine du fleuve Rouge, un centre administratif national à Hoà Lac (au pied du mont Ba Vì), ou un axe de communication reliant l'arrondissement urbain de Ba Ðình à la future cité urbaine de Hoà Lac (située à l'ouest de la capitale)...
La création de ce nouvel axe de 30 km, baptisé axe Thang Long, a été l'objet d'opinions contradictoires, les unes voulant voter "pour", les autres n'hésitant pas à dire "contre". Voici quelques-uns de ces raisonnements.
Liaison entre histoire et culture
Pour Ðô Viêt Chiên, un responsable du Comité de pilotage du plan d'aménagement général de la capitale, le projet de l'axe Thang Long est non seulement l'idée des planificateurs mai aussi des exigences que la situation actuelle impose. En 2030, la cité urbaine de Hoà Lac devrait recenser pas moins de 600.000 habitants. Pour relier ce centre administratif national à Hanoi intra-muros, peuplée de 4,5 millions d'habitants, il faudra qu'une autre voie parallèle à l'actuelle route Láng-Hoà Lac voie le jour. La création de l'axe Thang Long est donc nécessaire, en premier lieu en raison du trafic routier. Sans oublier sa "mission secondaire" qui est de "connecter le secteur de Ba Ðình historique à la zone culturelle renommée de Son Tây : Xu Ðoài", précise-t-il.
Pour sa part, le vice-ministre de la Construction, Nguyên Ðình Toàn, y voit une belle perspective. Le nouvel axe devrait partir de la rue Hoàng Quôc Viêt, longeant la route 32, pour atteindre le pied du mont Ba Vì, le tout sur une longueur de 30 km. Objectifs principaux : développer les transports et les ouvrages d'usage public. "Une ligne de métro passera sous cet axe routier, avec tout un panel de supermarchés et de magasins souterrains", explique-t-il. Et d'ajouter que dans un espace de 3,5 km, situé le long de cet axe, seront construits certains ouvrages culturels modernes comme un musée, un monument de l'Indépendance, des parcs et une zone de loisirs. L'axe Thang Long permettra de répondre aux besoins de déplacement de la population qui devrait, dans l'avenir, s'installer en nombre dans les nouvelles cités urbaines situées au long de la 4e ligne périphérique de la capitale. De plus, "l'axe Thang Long pourrait être mis en chantier dès 2011. Son apparition dopera les échanges des produits industriels, ce qui permettra de réduire l'écart du niveau de vie entre les citadins et les ruraux", s'enthousiasme-t-il.
Le président du Comité populaire municipal de Hanoi, Nguyên Thê Thao, a apprécié en principe la construction de l'axe Thang Long. Selon lui, "il faut examiner plus soigneusement ce projet. De toute façon, cet axe doit mesurer plus de 300 m de largeur pour pouvoir répondre aux besoins futurs".
Les avis réticents ne manquent pas non plus. Pour le vice-président du Comité populaire municipal de Hanoi, Phí Thái Bình, la construction de l'axe Thang Long ne s'avère pour le moment pas conforme à la situation réelle, où "le pays a encore besoin de beaucoup d'argent pour régler les multiples problèmes existants".
L'architecte Nguyên Quang Minh a voulu "comparer" le futur axe Thang Long à la célèbre avenue des Champs-Élysées de Paris. Néanmoins, "le plan d'aménagement général de Hanoi, qui a pour tâche de réaménager les espaces urbains, doit faire face à des centaines de projets de construction en cours de déploiement", observe-t-il, attristé. Selon ses explications, chaque fois qu'un nouvel axe de communication voit le jour, des centaines de projets s'établissent d'emblée le long de cette route. Tel est le cas de la nationale 5 (Hanoi-Hai Phòng) qui se trouve actuellement bordée par des zones industrielles, des agglomérations, des usines diverses... C'est là un syndrome dit "d'urbanisation spontanée à la manière d'une tâche d'huile". La situation est identique pour la route Láng-Hoà Lac, la route 32, l'axe Nord-Sud... qui ont toutes vu l'apparition d'un chapelet de cités, terrains de golf, hôtels, buildings... Dans ces cas, le syndrome est baptisé "Urbanisation spontanée à la manière d'une pieuvre qui étend ses tentacules". Ainsi, "introduire l'image des Champs-Élysées à Hanoi n'est vraiment pas tâche facile", dit-il en guise de conclusion.
Nghia Ðàn/CVN