Pour la stratégie de développement de l'éducation d'ici à 2020

Disposer d'un personnel hautement qualifié dans les secteurs majeurs pour le développement national est aujourd'hui crucial pour une nation en transition entre le statut de pays sous-développé et celui de pays à faible revenu…

C'est dans ce cadre que s'inscrit naturellement la Stratégie de l'éducation nationale pour 2020. Entretien avec le professeur et académicien Pham Minh Hac, ancien ministre de l'Éducation et président de l'Association des anciens enseignants vietnamiens.

Quelle stratégie aujourd'hui et pour quelle éducation demain compte tenu des contingences du développement national ?

Une nouvelle stratégie pour une nouvelle Éducation nationale, toutes 2 plus évoluées et plus adaptées au développement de notre pays, réalisé comme à réaliser. Comprenez-moi bien, l'Éducation n'est pas en faute, avec actuellement 22 millions d'apprenants, tous cycles confondus, sur une population totale de plus de 80 millions de personnes. C'est un succès remarquable pour notre système après de longues années de guerre et 2 décennies de Renouveau. C'est seulement que les perspectives ont évolué avec le Renouveau de notre pays. Il ne s'agit plus seulement de taux de scolarisation ou d'éducation envisagée traditionnellement, mais d'une meilleure éducation répondant aux connaissances plus complexes, et davantage au service de notre pays. L'exposer en détail ici serait trop long mais, rapidement, et en dehors bien sûr de mesures énergiques pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement, il s'agit également, par exemple, d'ouvrir davantage certains cycles, notamment par une réforme des concours d'admission dans les écoles d'apprentissage professionnel, les lycées et les universités... Nous devrons, en tout état de cause, atteindre des objectifs : 99% des enfants de 6 ans inscrits en première classe des écoles d'enseignement primaire ; 450 étudiants pour 10.000 habitants ; réseau des universités non étatiques étendu de telle façon qu'en 2020, les étudiants faisant leurs études dans ces types d'universités représentent quelque 30-40% de l'effectif national des étudiants et que 98% des plus de 15 ans soient alphabétisés.

D'après vous, comment faire pour analyser de manière objective la qualité de l'éducation ?

Il faudra évaluer la qualité de l'éducation à chacun des degrés (le premier degré de l'enseignement primaire allant de la classe première au CM2 ; le second degré de l'enseignement secondaire de base, de la 6e à la 3e ; le troisième degré ou les lycées, de la seconde à la terminale, NDLR). La qualité de la formation et de l'éducation des degrés diffère l'un de l'autre. Le Vietnam arrive souvent dans les 10 meilleurs pays lorsqu'il présente des lycéennes et lycéens aux Olympiades de maths, de physique ou de chimie... Au dire d'experts, les cours de maths dispensés dans les lycées de notre pays sont "plus difficiles" que dans d'autres pays étrangers. De nombreux professeurs de cette discipline sont capables d'enseigner tant dans les écoles vietnamiennes que dans les établissements internationaux. Bon nombre d'élèves se préparent dès leur classe de troisième ou de seconde à l'entrée dans les universités, instituts universitaires ou écoles d'apprentissage professionnel. Pourtant, seulement 30% des étudiants fraîchement diplômés d'universités sont capables d'exercer le métier qu'ils ont étudié sur les bancs de l'école. Face à ce constat, développer l'enseignement professionnel se pose comme un impératif. Il est ainsi plus que nécessaire de multiplier les centres d'apprentissage professionnel et d'augmenter les capacités de ceux existant. Par ailleurs, à mon avis, il faut estimer la qualité de l'éducation et de la formation en fonction des régions rurales, urbaines et démunies.

À votre avis, l'objectif d'avoir 450 étudiants sur 10.000 habitants en 2020 contre 180 aujourd'hui, soit 2,5 plus, est-il réaliste ?

Je crains qu'il ne soit pas facile à atteindre. La raison : parce qu'il nous faut disposer avant tout d'un contingent d'enseignants de 200.000 personnes dont 50.000 Docteurs. Le hic, c'est qu'en vertu de cette même stratégie de développement de l'éducation, seuls 20.000 Docteurs devront être formés - un détail paradoxal au sein de ce document ! À présent, les diplômés d'un doctorat ne sont que 16.000 personnes dans l'ensemble du pays, dont moins de 10.000 en activité. Ainsi, cet objectif est loin d'être atteint. Sans compter les faibles bases matérielles au service d'une oeuvre d'éducation et de formation moderne, les manuels et documents au service de l'enseignement et de l'étude pour les professeurs et étudiants ne répondent qu'à 50% de la demande des universités.

Que doit-on faire en tout premier lieu ?

L'essentiel, dans l'avenir il est nécessaire de mettre en place la réforme de l'éducation et des méthodes d'enseignement - une réforme globale et radicale. Dans l'immédiat, il nous faut améliorer les bases matérielles des écoles, y compris des universités, former un corps enseignant et des gestionnaires répondant aux exigences d'une telle réforme et stabiliser les programmes en imprimant un volume de manuels et de documents suffisant. D'ici 10 ans, l'ensemble des manuels, peu importe la discipline, devra être conforme aux standards internationaux. Il faut généraliser les programmes de l'enseignement secondaire de base et revoir les contenus des programmes des écoles mixtes (à participation partiellement ou entière- ment étrangère). Une attention particulière doit être prêtée à l'élaboration des programmes d'enseig- nements bilingues anglo-vietnamien pour certaines disciplines, jusqu'alors réservés aux classes d'élèves doués.

* Le Docteur Hoàng Ngoc Vinh, chef du Département de l'enseignement professionnel et membre permanent du Comité de pilotage de formation sur commande (ministère de l'Éducation et de la Formation).

Pour l'heure, les écoles et centres de formation ont généralement des difficultés pour répondre aux standards requis. Ces standards doivent être déterminés sur la base des objectifs liés aux stratégies de formation et de développement socioéconomique. Bien sûr, ils ne doivent pas être trop élevés, ni trop bas par rapport à la demande du marché de travail. Ces standards ont en effet un impact sur l'élaboration des programmes à enseigner et l'organisation des cursus. De plus, les recteurs, les responsables des filières des universités et les responsables d'entreprises devront coordonner leurs actions avec les experts pour déterminer ces standards et établir de nouveaux programmes. Selon les prévisions du ministère de l'Éducation et de la Formation, tous les acteurs se réuniraient dès ce mois-ci pour discuter de ces travaux. De toute façon, à mon avis, les étudiants diplômés d'universités doivent disposer de compétences professionnelles et d'un savoir-faire, et parler une langue étrangère.

Lê Hà/CVN

(06/02/2009)

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