Premières femmes pilotes vietnamiennes

Depuis le 6 novembre dernier, l'escadron 919 de la Compagnie générale d'aviation du Vietnam (Vietnam Airlines-VNA) accueille 2 nouveaux membres "pas comme les autres" : Nguyên Thi Thanh Thuy et Nguyên Ly Huong, les 2 premières femmes pilotes vietnamiennes. Ces 2 filles issues de la génération 8X (née entre 1980 et 1989) viennent de sortir de l'Académie d'aviation de Montpellier, France, et sont affectées aux commandes d'ATR pour des vols courte distance.

Un ATR 72 prend de la vitesse sur la piste de l'aéroport de Tân Son Nhât (Hô Chi Minh-Ville) puis grimpe dans le ciel pour un trajet de 45 minutes à destination de Phu Quôc. "À entendre le ronronnement régulier du turbopropulseur, qui annonce que l'avion est à une altitude de sécurité et peut être passé en pilote automatique, je suis toujours prête. Une sensation très différente que quand je pilotais un avion léger de 4 places ou un ATR-école en France. C'est la première fois que je vole dans mon pays natal. Il est regrettable que mes parents et proches ne soient pas avec mois", déclare Ly Huong, racontant son premier vol pour VNA le 4 décembre dernier.

La veille, Thanh Thuy, son amie, a également effectué son premier vol sur la ligne Tân Son Nhât-Buôn Mê Thuôt.

Si toutes les 2 ne sont pas présentées en tant que telles, il est difficile d'imaginer que ces 2 petites "roses" pleines de féminité, assises avec les hommes pilotes de grande taille dans la cantine de l'escadron 919, sont les premières femmes pilotes de ligne de VNA. Thuy et Huong répondent complètement aux critères requis en termes de capacités, de psychologie, de sensibilité et de décision. Elles ont passé les épreuves physiques, y compris celle de la centrifugeuse dont les "G" ont assommé des milliers de candidats masculins, mais aussi celles d'anglais, de culture, de capacités de raisonnement et de logique ; qui sont conçues pour s'assurer d'un traitement optimal d'une situation d'urgence.

"Il n'y a aucune discrimination de sexes dans la sélection et la formation des pilotes au Vietnam comme dans le monde. La vie de centaines de passagers et de biens dont la valeur peut s'élever jusqu'à des millions de dollars, sans parler des avions eux-mêmes, ne peuvent être confiés qu'aux meilleurs", affirme le chef adjoint de l'escadron 919, Nguyên Hông Linh, commandant d'un Boeing 777.

Avant de déposer sa candidature pour une formation de pilote chez VNA en 2006, Ly Huong, originaire de Lào Cai (Nord), vient d'être diplômée de l'Université des communications et des transports. Quant à Thanh Thuy, elle sort de l'Université d'économie nationale. Après 3 années de formation au Centre d'entraînement au vol au Vietnam, puis une formation spéciale à l'Académie d'aviation de Montpellier, elles sont enfin devenues, avec leurs diplômes de fins d'études, des pilotes officiels de VNA. Elles doivent désormais accumuler les heures de vol sous la veille de pilotes plus expérimentés en effectuant des vols de courte distance au Sud et au Centre.

"Il faut avoir entre 3 et 6 mois de vol avant de devenir copilote dans un ATR et environ 3.000 heures de vol sans incident pour prouver qu'elles sont capables de donner des ordres et prendre des "decision making" (décisions difficiles en situation d'urgence) et s'asseoir dans le siège de gauche de la cabine, celui de commandant de l'avion", explique M. Linh.

Selon une récente enquête sur les métiers les plus attrayants réalisée par le site salary.com, le métier de pilote est à la 3e place, après ceux de designer et de chirurgien. Si le salaire est élevé, le métier de pilote est réellement pénible et présente des risques certains.

Entre pilotes, on dit que les médecins et les ingénieurs, après leur diplôme, peuvent exercer le même métier toute leur vie, ce qui n'est pas le cas des pilotes. Bien qu'ils aient leur brevet, ils doivent tout au long de leur carrière subir des tests de connaissances, de santé et de psychologie tous les 6 mois. L'espérance de vie dans cette "carrière" n'est pas longue et, de plus, les pilotes doivent effectuer des vols dans différentes régions du monde avec des fuseaux horaires et des climats différents, sans compter les ondes électromagnétiques dans la cabine. "C'est pour ces raisons qu'il y a peu de femmes pilotes, surtout en Asie, car elles s'intéressent davantage à leur famille qu'à leur profession", déclare M. Linh en expliquant le faible taux de femmes pilotes de l'escadron 919 (7/400).

À la question de savoir si le métier et dur, Thanh Thuy répond "oui" sans hésiter mais ce n'est "pas important" car "nous volons avec toute notre passion. Notre plus grand rêve, c'est devenir rapidement commandant".

Hà Minh/CVN

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