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Les navigateurs français François Gabart (gauche) et Michel Desjoyeaux, lors d'une séance d'entraînement préalable à la 11e Transat Jacques Vabre, le 19 septembre 2013. |
Comme à chaque édition, les navires semblent avoir fait un bond technologique. Celle-ci devrait marquer un nouveau record de rapidité grâce aux "foils", qui élèvent le bateau au-dessus de l'eau, tandis que certaines équipes comptent une cinquantaine de personnes.
Le Vendée Globe, une aventure de marins en solitaire, vraiment ?
"Oui il y a de la technique, oui il y a un pilote automatique, oui on est protégé (dans des cockpits), mais le rôle du marin reste omniprésent !", lance François Gabart, vainqueur en 2013 en 78 jours et qui fait désormais partie de l'équipe de Charlie Dalin (Apivia).
"Peut-être que l'aventure a évolué, mais l'aventure, c'est partir dans une histoire sans savoir comment ça va se passer", philosophe le marin de 37 ans.
Pour Michel Desjoyeaux, 55 ans, seul double vainqueur de "l'Everest des mers", en 93 jours pour l'édition 2000-01 et en 84 jours en 2008-09, il convient de "ne pas sous-estimer le truc", même si "tout un tas de systèmes aident à être plus performant".
Cockpit d'avion
Au poste de navigation, de nombreux écrans d'ordinateur ou un écran de télévision projetant la proue du bateau donnent des airs de cockpit d'avion, imperméable aux éléments extérieurs.
"Mais l'idée d'être protégé ne date pas d'hier ! Si on regarde l'histoire du Vendée Globe, dès la première édition, il y avait des stratégies de cockpit fermé, avec des bulles, où le marin pouvait sortir la tête sans être à l'extérieur", souligne François Gabart.
Michel Desjoyeaux pointe également des marins "de mieux en mieux formés et de plus en plus compétiteurs". "Quand le premier Vendée est parti, sur le ponton où j'étais, on se demandait combien rentreraient", se remémore-t-il.
Les impératifs médiatiques existaient aussi il y a vingt ans, rappelle Michel Desjoyeaux. "En 2000, on envoyait des photos régulièrement : ça m'a même permis de faire la Une de l'Équipe avec le passage du cap Horn !". "Et on enregistrait des vidéos sur des petites cassettes, on la +dérushait+, on montait et on envoyait... Désormais, c'est plus facile !", s'amuse-t-il.
"Un sport mécanique"
Le navigateur français Francois Gabart lors de l'Université d'été du Medef à l'hippodrome de Longchamp, le 26 août à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Alors que certains s'interrogent sur la présence un jour d'une webcam 24h/24 sur les bateaux, François Gabart se demande "si ce n'est pas bien de garder une part de mystère et de ne pas tout raconter". Pour "Tabarly dans les années 1970, il n'y avait pas de communication, ça laisse une part d'imaginaire. Mais c'est aussi incroyable de pouvoir partager ce qu'on vit en mer. Il faut trouver un équilibre", juge-t-il.
Autre évolution : une présence accrue des navigatrices et des étrangers, alors que lors de la première édition en 1989, aucune femme n'avait participé et seuls des Français étaient arrivés à bon port aux Sables d'Olonne.
"L'exercice de la course au large en solitaire a longtemps été un exercice franco-français. Les pays anglo-saxons, qui sont de grands pays de voile, nous regardent encore un peu de travers mais les Ellen MacArthur, Mike Golding ou Alex Thomson ont permis d'internationaliser" la course, note Michel Desjoyeaux.
Et quand on évoque auprès du "Professeur" la hausse des budgets des participants, il bondit. "C'est un sport mécanique, il n'y a pas le choix ! Qu'un bateau coûte 1,5 million (d'euros) comme en 2000 ou 6,5 millions comme maintenant, tant que les retombées sont supérieures à l'investissement... Ce sont des heures de travail en France, pas au Sri Lanka, et ça fait progresser la technologie", dont peut profiter par exemple la plaisance, souligne-t-il.
Les deux marins sont impatients de suivre la course pour voir qui va succéder au palmarès à Armel Le Cleac'h. "Il y a de supers bateaux et des bateaux neufs qui peuvent aller très vite, ce Vendée Globe va être génial", salive François Gabart.