Les produits des entreprises nationales doivent cependant faire face à la concurrence des produits importés. S'il s'agissait d'un ou deux producteurs lors de la dernière décennie du 20e siècle, aujourd'hui on en compte 72, du fait de la présence de marques étrangères comme Abbott, Babysan, Dumex, Dutch Lady (FrieslandCampina), Meiji, Nestlé...
Face à cette concurrence, selon Phan Chi Dung, chef du Département de l'industrie légère relevant du ministère de l'Industrie et du Commerce, la compétitivité du lait frais, du lait condensé et du yaourt des entreprises domestiques s'améliore, car la production de lait frais augmente de plus en plus. En revanche, concernant le lait en poudre, les produits domestiques font l'objet d'une très rude concurrence de la part de ceux importés, car ces derniers ont une position de force résultant de leur prestige, d'une abondance de matières premières et d'une grande expérience, notamment en marketing. Actuellement, le lait en poudre importé occupe environ 72% des parts de marché au Vietnam, dont 32% pour Abbot, 16% pour Dutch Lady, 8% pour Dumex et 4% pour Nestlé. À elles seules, ces 4 marques dominent le marché et sont en mesure de décider du prix des produits, tandis que les entreprises nationales ne prennent que des parts de marché modestes (20% pour Vinamilk et 5% pour Nutifood).
Bien que l'État ait pris des politiques de soutien du secteur du lait, les entreprises nationales rencontrent toujours des difficultés. La première difficulté, c'est le manque de matières premières, la production domestique de lait frais ne répondant actuellement qu'à un peu plus de 20% des besoins nationaux. La construction des zones de production de matières premières est en difficulté à cause d'un manque d'aménagement global de ce secteur. Autre difficulté, la qualité du lait frais qui est irrégulière du fait que les éleveurs ne maîtrisent pas encore complètement les processus de gestion du lait. "Les relations entre producteurs et paysans demeurent peu étroites. Les deux parties ne sont pas réellement en coordination et en confiance mutuelle. La conséquence est que les producteurs ne sont pas encouragés à investir dans l'élevage. Les paysans n'ont pas confiance dans les estimations de qualité des entreprises", explique Trân Van Minh, directeur exécutif de la Compagnie générale du lait du Vietnam (Vietnamilk). En outre, 95% du cheptel appartient à des fermes de petite taille. Enfin, 80% des aliments doivent être importés.
Des opportunités de développement
Selon les orientations de développement de l'industrie laitière pour 2015, le pays vise une production de 1,9 milliard de litres de lait frais, soit 21 litres/personne, pour satisfaire 35% des besoins des consommateurs. En 2025, ces chiffres seront respectivement de 3,4 milliards de litres et de 34 litres/personne. Mais pour atteindre ces objectifs, "le secteur doit se développer en suivant des normes modernes et assurer la stabilité de sa production pour garantir la sécurité alimentaire", souligne Phan Chi Dung. Par ailleurs, en dehors du cheptel bovin, le développement de la production de lait écrémé et pasteurisé, de lait en poudre et de yaourt doit être privilégié. Il est par ailleurs indispensable de construire des laiteries à proximité des zones d'élevage.
Selon les statistiques de l'Association des aliments pour animaux du Vietnam, la demande de lait frais pour la production augmente de plus en plus : de 500 millions en 2010, elle est estimée atteindre 805 millions de litres en 2015. Plusieurs groupes et entreprises ont besoin de matières premières de grande qualité. Et nombreuses sont les entreprises commençant à investir dans la construction de zones de production de matières premières pour s'assurer d'un développement durable. En outre, plusieurs entreprises nationales reconnues sur le marché domestique diversifient leurs gammes de produits, avec pour conséquence générale une meilleure compétitivité des produits nationaux, notamment du lait condensé, du lait liquide et du yaourt. "Et malgré les difficultés, le Vietnam commence à exporter des produits laitiers en Afrique", précise Dô Kim Tuyên, du Département de l'élevage du ministère de l'Agriculture et du Développement rural.
Tùng Chi/CVN