Mais quelles sont les conditions d'un essor de l'agriculture de la capitale ? Trân Xuân Viêt, directeur du Service municipal de l'agriculture et du développement rural, a accordé une interview au journal Hà Nôi Moi (Hanoi nouveau) sur ce point.
* Quel est le rôle de l'agriculture dans le développement économique et dans l'aménagement général de Hanoi ?
Les autorités municipales ont décidé dans l'aménagement général de Hanoi que 60% de son territoire sera affecté à l'agriculture et aux espaces verts. Ce taux est, selon moi, adapté aux caractéristiques de la capitale. La question est plutôt de savoir comment faire pour que ce futur développement agricole soit rentable.
* La capitale privilégie une agriculture recourant aux hautes technologies et donnant la forte valeur, mais par quels moyens y parvenir ?
Hanoi parviendra certainement à se doter des zones agricoles em-ployant de hautes technologies, d'autant qu'il s'agit d'une orientation stratégique. Pourquoi sur un long terme ? Parce que le développement d'une telle agriculture implique de suivre les capacités des agriculteurs comme de l'administration municipale. Une application ex abrupto de telles technologies n'aboutira pas une rentabilité aussi élevée qu'une application progressive échelonnée dans le temps. Pour l'immédiat, Hanoi prévoit d'aménager des zones de culture de hautes technologies, au sein desquelles seront introduites progressivement des techniques modernes. Il est prévu que l'État accordera son soutien financier pour la libération du foncier nécessaire à la construction des infrastructures, et définira des politiques privilégiées afin d'encourager les investisseurs.
* La réalité d'aujourd'hui est celle de producteurs privilégiant leur chiffre d'affaires : si telle ou telle culture offre un rendement élevé, ils s'y lancent... Que faire pour éviter ce phénomène qui relève d'une logique du pur profit immédiat ?
C'est malheureusement vrai, on peut en ce moment le constater au regard de la floriculture compte tenu des bénéfices que certains réalisent à Tây Tuu, à Mê Linh ou à Tu Liêm... Un comportement qui par ailleurs n'est pas toujours gagnant non plus, comme avec l'élevage de porc par exemple. Quand la viande de porc est chère dans le marché, on se rue vers l'élevage de porc même si l'achat de porcelets est cher, et lorsqu'ils sont grands, le prix de la viande baisse en raison de l'abondante offre sur le marché.
Pour remédier à ce phénomène, la seule solution est d'informer les producteurs. Chaque district doit posséder davantage de cadres spécialisés dans l'encouragement à l'agriculture, donnant des informations et conseils aux agriculteurs. Aujourd'hui, chaque district n'en possède que cinq ou six, ce qui est insuffisant.
* Lors des cinq prochaines années, qu'est-ce que Hanoi doit régler pour le succès du développement de son agriculture ?
Avant tout, je pense que Hanoi doit globalement réévaluer ses politiques de développement de l'agriculture. Il lui faut ensuite accroître ses ressources financières comme humaines pour son agriculture. Ces derniers temps, l'investissement n'a pas répondu aux besoins du développement de son agriculture comme de ses zones rurales, et il est fort temps de restructurer son investissement suivant le Programme d'édification de la Nouvelle campagne dont la réalisation a aussi pour but, entre autres, de réduire les écarts de développement entre zones urbaine et rurale. Il lui fait enfin former un corps de cadres, en particulier de dirigeants, possédant des connaissances approfondies en matière d'administration et de gestion. Disposer de cadres spécialisés dans les questions de technologies et techniques agricoles s'avère indispensable en cette conjoncture actuelle, car même avec des capitaux suffisants, faute de cadres qualifiés, le secteur de l'agriculture ne se développera pas d'une manière durable.
Phuong Mai/CVN