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La sprinteuse américaine Sha'Carri Richardson à la réunion de Gateshead comptant pour la Ligue de diamant, le 23 mai. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Je voudrais dire à mes fans, ma famille et mes sponsors que je m'excuse", s'est défendue Richardson lors de l'émission télévisée Today sur la chaîne NBC. "À vous tous, je présente mes excuses pour ne pas avoir su comment contrôler mes émotions pendant cette période", a-t-elle ajouté. Richardson, suspendue un mois à compter du 28 juin par l'Agence américaine antidopage (Usada), a évoqué "un état émotionnel douloureux" après avoir appris la mort de sa mère biologique, pour justifier la prise de stupéfiant.
Cela fait vingt-cinq ans que les États-Unis espèrent un sacre aux JO sur la ligne droite, depuis la victoire de Gail Devers à Atlanta en 1996. C'est dire l'attente que suscitait l'éclosion soudaine de la sprinteuse de Dallas, chargée de mettre fin à Tokyo à la domination des Jamaïcaines et de rétablir la suprématie de la bannière étoilée sur la distance. Las, Richardson ne pourra, au mieux, que participer au relais 4x100 m si elle est repêchée par sa fédération puis par son comité olympique national.
Dans un communiqué, l'Agence américaine antidopage a décidé d'annuler ses résultats à compter du 19 juin, invalidant du même coup sa qualification pour le 100 m olympique, obtenue le même jour sur le tartan d'Eugène (Oregon). L'Usada a également précisé qu'elle infligeait un mois de suspension à la sprinteuse, à compter du 28 juin, lui permettant donc de courir à nouveau à partir du 28 juillet. Cela lui laisse donc la possibilité de participer au relais olympique du 4x100 m, dont les séries débutent le 5 août.
Coureuse de poche
"Si je suis autorisée (à courir, ndlr), s'ils me donnent leur bénédiction, alors j'en serais reconnaissante. Si ce n'est pas le cas, je me concentrerais sur moi", a-t-elle commenté. Richardson avait fait sensation en avril dernier en devenant la sixième femme la plus rapide de l'histoire sur la distance, en 10.72 sec lors d'un meeting en Floride.
La coureuse de poche (1,55 m) se positionnait alors de manière foudroyante comme la principale rivale des deux flèches venues de Jamaïque, les championnes olympiques Elaine Thompson (2016) et Shelly-Ann Fraser-Pryce (2008, 2012). Richardson avait déjà commencé à faire parler d'elle en 2019 lors des Championnats universitaires (NCAA) où elle avait battu coup sur coup les records du monde junior du 100 m (10 sec 75) et du 200 m (22 sec 18).
Passée professionnelle dans la foulée, l'étudiante du LSU (Université de Louisiane) avait toutefois vu sa progression stoppée par une 8e place aux redoutables "Trials", l'empêchant de se qualifier pour les Mondiaux de Doha. La pandémie de COVID-19 a ensuite retardé son entrée sur le circuit international, qu'elle n'a découvert que fin mai.
Culottée et sûre d'elle, Richardson ne s'en cache pas et le martèle à chaque sortie: elle "veut écrire l'histoire". "Je veux que tout le monde sache qu'à chaque fois que j'entrerai sur la piste, ce sera un spectacle incroyable", avait-elle lancé en avril dernier.
Enfance difficile
Abandonnée par sa mère et élevée par sa grand-mère, elle a eu une enfance difficile, marquée par une tentative de suicide au lycée. Mais elle a su se forger un mental d'acier grâce à l'aide d'un psychologue, qui continue de la suivre. Si le record du monde de la sulfureuse Florence Griffith-Joyner (10 sec 49 en 1988) semble inaccessible, Richardson peut, au vu de sa précocité, viser la barre des 10 sec 70, uniquement franchie par trois athlètes (Griffith-Joyner, Carmelita Jeter, Marion Jones).
La comparaison avec "Flo-Jo", son idole, ne l'effraie pas. Elle en a déjà adopté l'apparence avec ses ongles manucurés, ses cheveux décolorés, ses tatouages et ses piercings. Quant au record du monde, celle qui est entraînée par l'ex-sprinteur américain Dennis Mitchell, préfère pour le moment tempérer les ardeurs : "cela fait partie des objectifs de ma carrière mais il faut être patient".
AFP/VNA/CVN