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Sur cette photo du 22 juin 2017, on peut voir l'arrivée des pompiers chargés de lutter contre un feu de forêt à Colmeal, près de Gois, au Portugal. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
À l'issue d'une enquête "extrêmement complexe", le parquet de Leiria (centre) a accusé douze personnes qui devront répondre de leur rôle dans les évènements qui ont entrainé la mort de 64 personnes dans le feu qui s'est déclaré le 17 juin 2017 sur la commune de Pedrogao Grande, à 190 km au nord de Lisbonne.
"Je ne connais pas encore l'acte d'accusation dans les détails, mais il me semble que c'est la première fois que des entités publiques sont visées par une accusation de ce genre", a déclaré à l'AFP Domingos Xavier Viegas, le coordinateur d'une commission d'enquête créée à l'initiative du Parlement, qui avait mis en exergue plusieurs défaillances graves dans le dispositif de lutte contre l'incendie et les mesures de prévention.
Parmi les accusés figurent trois commandants de la protection civile, trois élus locaux, un employé de mairie, deux cadres supérieurs d'une compagnie d'électricité et trois fonctionnaires d'une entreprise responsable de l'entretien de la route nationale 236, où 47 des victimes ont été piégées dans leur voiture en tentant de fuir les flammes, selon le communiqué du parquet.
"Servir d'exemple"
"Je pense qu'il est important de déterminer les responsabilités, mais pas seulement à Pedrogao Grande. Ce cas doit servir d'exemple et de point de départ", a souligné M. Viegas.
D'après son rapport d'enquête, le feu a été causé par des étincelles issues du réseau de distribution d'électricité.
Sur cette photo prise le 18 juin 2017, on peut voir une voiture calcinée sur une route après un feu de forêt à Figueiro dos Vinhos, au Portugal. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La société chargée d'entretenir la nationale désormais surnommée "la route de la mort" n'avait pas débroussaillé ses bas-côtés, manquant ainsi à ses obligations.
Le commandant du régiment de pompiers volontaires de Pedrogao Grande et deux gradés de haut rang de l'Autorité nationale de protection civile sont quant à eux accusés d'avoir trop tardivement demandé le soutien d'avions bombardiers d'eau pour contrôler le feu à ses débuts et de ne pas avoir réclamé une actualisation des prévisions météorologiques qui aurait dû les aider à anticiper l'évolution du brasier.
Un maire, un ancien maire et un adjoint au maire sont pour leur part mis en cause pour ne pas avoir mis en oeuvre les mesures de prévention contre les incendies prévues par la loi, notamment en matière de nettoyage des forêts.
"Rien comme avant"
Après cet incendie d'une violence inouïe qui a réduit en cendres plus de 24.000 hectares de végétation, le centre et le nord du Portugal ont été frappés le 15 octobre suivant par une nouvelle vague de feux de forêt, qui ont fait 45 morts supplémentaires.
Mis en cause pour son incapacité à éviter ces drames, le gouvernement socialiste a depuis pris plusieurs mesures visant à réformer le dispositif de lutte contre les incendies et les politiques d'aménagement des forêts.
Les autorités ont notamment décidé d'enfouir les lignes de communication pour qu'elles ne soient pas coupées en cas d'incendie, de renforcer la professionnalisation des pompiers qui sont actuellement en majorité des volontaires et d'assurer une meilleure coordination entre les pompiers et l'armée dans la gestion des moyens aériens.
"Rien ne peut rester comme avant", avait reconnu le Premier ministre Antonio Costa en octobre, après avoir dû remplacer sa ministre de l'Intérieur de l'époque.
Cet été a été beaucoup plus calme sur le front des incendies au Portugal, avec une surface calcinée en baisse de 60% par rapport à la moyenne des dix dernières années, selon des données de début janvier à fin août diffusées par l'Institut de conservation de la nature et des forêts (ICNF).
AFP/VNA/CVN