En Inde, contre la tuberculose, de nombreux docteurs ne sont pas au niveau

Nombre de médecins en Inde ne reconnaissent pas les signes de la tuberculose chez leurs patients et donnent un traitement inadapté ou insuffisant, selon une étude menée avec de faux patients dans deux grandes villes et publiée mardi 25 septembre aux États-Unis.

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Un patient à l'hôpital de lutte contre la tuberculose Rajan Babu à New Delhi.
Photo: AFP/VNA/CVN

La tuberculose (TB), maladie transmise par voie aérienne, reste un problème de santé publique majeur en Inde, en Chine ou en Indonésie. Elle a tué 1,7 million de personnes en 2017, selon l'Organisation mondiale de la santé, et un sommet mondial lui sera consacré mercredi 26 septembre à l'ONU afin de lever les fonds nécessaires pour l'éradiquer.

Mais les médecins de première ligne que consultent les malades lorsqu'ils commencent à tousser sont le maillon faible de la lutte contre la pandémie - du moins dans les deux villes où cette étude s'est déroulée, la mégapole Mumbai et la ville plus pauvre de Patna.

L'expérience a été financée par la Fondation Bill et Melinda Gates et menée par une équipe de chercheurs de l'université McGill, de la Banque mondiale, de l'université Johns Hopkins ou encore du CNRS français.

Ses résultats sont parus dans la revue PLOS Medicine. Pendant dix mois, en 2014 et 2015, 24 faux patients se sont rendus une ou plusieurs fois chez 1.288 médecins du secteur privé en simulant quatre cas typiques, de la simple toux prolongée à une toux présentée comme une rechute.

"Tout et n'importe quoi"

Dans 65% des visites, les docteurs ont répondu de manière incorrecte par rapport aux modèles de soins internationaux et indiens. Par exemple, le médecin, soupçonnant un problème lié à la pollution de l'air, va prescrire un antibiotique ou un sirop et donner rendez-vous au patient quelques semaines plus tard.

Les médecins diplômés, particulièrement à Mumbai, font mieux, offrant un traitement correct dans la moitié des cas, selon ces résultats. Et les praticiens sans formation médicale, très présents en zones rurales, sont pires, tout comme ceux qui prodiguent des médecines traditionnelles très populaires en Inde, telles que l'ayurveda, le yoga, l'Unani, le Siddha et l'homéopathie, regroupées sous le terme de AAYUSH.

Le problème, explique Jishnu Das, économiste à la Banque mondiale, n'est pas que les médecins utilisaient un protocole alternatif unique, mais qu'ils faisaient "tout et n'importe quoi".
"Un docteur va donner des antibiotiques et du fluoroquinolone
(une sorte d'antibiotique), un autre des stéroïdes et du fluoroquinolone, un troisième un sirop et des antibiotiques", se lamente le chercheur... Ce qui peut avoir des effets nocifs pour le patient, sans compter la résistance aux antibiotiques ainsi encouragée.

Une étude publiée dans la revue médicale The Lancet en 2017 estimait que d'ici 2040, 12,4% des cas de tuberculose seraient causés par des souches résistantes aux antibiotiques, qui sont faciles à acheter sans ordonnance dans le pays.

L'erreur la plus fréquente, selon l'étude de mardi 25 septembre, est que les médecins n'ordonnaient tout simplement pas les examens nécessaires pour établir un diagnostic, comme un test des sécrétions des poumons ou une radio. "Les médecins en font trop peu", explique Jishnu Das. "Ils ne se rendent pas compte qu'ils sont face à quelqu'un qui a la tuberculose".

La bonne nouvelle est que les médecins qui font des erreurs répètent toujours les mêmes erreurs. Cette "cohérence" rend théoriquement possible de corriger le tir, si leur formation était remise à niveau et harmonisée.

Dans l'immédiat, dit le professeur Madhukar Pai, de l'université McGill, il faut parvenir à orienter les patients vers les bons médecins, et leur faire bénéficier des programmes publics subventionnés afin qu'ils obtiennent les médicaments anti-tuberculose les plus efficaces... au lieu d'être renvoyés chez eux avec les mauvaises pilules.


AFP/VNA/CVN

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