Portrait lumineux d’une héroïne et d’une inlassable révolutionnaire

Elle a été une des figures emblématiques de la lutte contre les ennemis, puis vice-présidente de la République socialiste du Vietnam. Aujourd’hui, elle continue toujours à défendre les victimes de l’agent orange et la parité entre hommes et femmes.

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Portrait de Nguyên Thi Binh.
Photo : VNMH/CVN

De nos jours, le peuple vietnamien vit dans la paix et l’indépendance, les enfants vietnamiens, filles comme garçons, peuvent aller à l’école, les jeunes filles ont la chance de faire des études supérieures, les femmes travaillent et occupent des postes plus ou moins importants dans la société. De tels progrès sont dus à des femmes qui ont passé toute leur vie à se battre, sans relâche, dans le but de réclamer la liberté du pays, de protéger les droits fondamentaux de l’Homme et de construire un pays prospère. Ces femmes, des mères et des femmes comme tant d’autres, ne se résignent jamais. À côté des hommes, elles ont activement contribué au développement du Vietnam. Par leur exemplarité, elles affirment le rôle et la position des femmes vietnamiennes en particulier et des femmes francophones en général dans le monde.

Participer aux différents mouvements politiques

Parmi les femmes brillantes et exemplaires qui ont marqué mon pays, on ne peut oublier Nguyên Thi Binh, vice-présidente du Vietnam entre 1992 et 2002. Elle fut également la première femme ministre des Affaires étrangères du gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam (1969-1976). Elle symbolise à elle seule le rôle des femmes dans la résistance contre les ennemis et la libération du Vietnam.

Nguyên Thi Binh est née en 1927 dans l’ancienne province de Sa Dec (aujourd’hui ville de Sa Dec, province de Dông Thap, au Sud). Elle a étudié au lycée français "Sisowat" à Phnom Penh, aussi, parle-t-elle couramment français. Elle a renoncé à passer le baccalauréat pour participer à la résistance contre la colonisation française. Elle a participé aux différents mouvements politiques et occupé de nombreux postes importants à l’époque. Le Vietnam est toujours fier et reconnaissant pour ses grandes contributions.

Grâce à son intelligence, sa lucidité et ses brillantes capacités de négociation, elle fut choisie en 1968 pour prendre la tête de la délégation du gouvernement révolutionnaire provisoire de la République du Sud-Vietnam (GRP) à la Conférence de Paris. Elle était alors la seule femme à la table des négociations entre les quatre parties, comprenant les États-Unis, le gouvernement de Saïgon (ancien nom de Hô Chi Minh-Ville), la République démocratique du Vietnam et le GRP.

La Conférence de Paris a duré pas moins de 5 ans, avec 201 sessions publiques, 45 réunions privées de haut niveau, 500 conférences de presse et 1.000 interviews. Elle est considérée comme l’une des négociations les plus longues dans l’histoire du monde. Mme Binh y est restée la seule femme pendant toute la durée des négociations.

Ayant plusieurs années d’expérience de négociation, elle a participé aux réunions, parmi les dirigeants et journalistes masculins, toujours calme, sérieuse et confiante en donnant des arguments judicieux.

Elle a toujours montré la bonne voloté du peuple vietnamien de trouver une solution politique pour mettre fin à la guerre, ce qui lui a valu beaucoup d’admiration, même de ses opposants. Elle a directement négocié avec les autres parties et a créé, grâce à l’élégance de son français et à sa rigueur convaincante, un miracle dans les négociations pour la paix du Vietnam.

Au cours de plus de quatre années de pourparlers, la diplomate vietnamienne a également visité de nombreux pays pour obtenir du soutien et n’a jamais échoué. Partout, elle fut respectée et admirée. Après de grands efforts, le 27 janvier 1973, l’Accord de paix de Paris a été signé avec succès et a mis fin à la guerre au Vietnam.

Mme Binh fut alors la seule femme à signer cet accord. Se voyant confier une mission historique, elle fit preuve de bravoure et d’une détermination sans faille sur le chemin de la paix.

Affirmer la position des femmes vietnamiennes

Par son combat, Nguyên Thi Binh a aussi affirmé la position des femmes vietnamiennes dans la vie politique et sur la scène internationale. Elle montre combien le potentiel de chaque femme est important. Celle-ci a non seulement de la force mais aussi de la ténacité et de l’endurance. Elle est douce mais peut s’avérer tranchante si besoin.

Mme Binh est présidente d’honneur de l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine.

Après 1975, la grande résistante vietnamienne s’est affirmée dans différents domaines. Elle a occupé le poste de vice-présidente et est devenue présidente du Fonds de protection des enfants du Vietnam, ministre de l’Éducation du Vietnam, présidente d’honneur de l’Association vietnamienne des victimes de l’agent orange/dioxine (VAVA). Elle a dirigé le Fonds de protection des enfants afin d’obtenir une meilleure protection, des soins et une éducation pour tous les enfants.

Grâce à elle, des écoles furent construites et de nombreux enfants purent faire des études, pouvant espérer ainsi avoir une meilleure vie. D’autre part, Mme Binh, inlassable révolutionnaire, a énergétiquement participé aux activités de défense des victimes de l’agent orange, notamment à travers des campagnes de sensibilisation et de soutien aux victimes, afin d’aider ces dernières à s’intégrer dans la communauté.

Elle a fait appel au gouvernement d’autres pays pour demander aux États-Unis d’assumer leur responsabilité et de réparer les dégâts provoqués pendant la guerre au Vietnam. En parallèle, elle a aussi été très active au sein de l’Union des femmes vietnamiennes. Sous sa direction, celle-ci s’est bien développée et a permis de grandes avancées en termes d’égalité entre homme et femme.

Restée attachée à la langue française, Nguyên Thi Binh a aussi contribué activement au développement de la Francophonie. En 1997, elle dirigea par exemple l’élection du premier secrétaire général de la Francophonie lors du VIIe Sommet organisé au Vietnam.

Pour toutes ses grandes contributions, elle s’est vue décerner plusieurs distinctions honorifiques par l’État. Encore maintenant, à plus de 90 ans, elle continue de diriger le Fonds pour la paix et le développement du Vietnam et va tous les jours au bureau !

Ailleurs dans le monde, de nombreuses femmes aussi talentueuses et résilientes que Nguyên Thi Binh vivent et font avancer les peuples sur la voie de leur développement. Néanmoins, encore aujourd’hui, elles doivent redoubler d’efforts pour se montrer à la hauteur des hommes. Aujourd’hui, il est temps qu’une véritable parité voit le jour, pour toutes les femmes !

Nguyên Thi Thu Thuy/CVN
(Prix du public du Concours "Jeunes Reporters Francophones 2021")

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