Pologne : les populistes obtiennent un deuxième mandat de quatre ans

Les conservateurs nationalistes au pouvoir en Pologne ont remporté les élections législatives et gardent la majorité absolue, obtenant ainsi un nouveau mandat de quatre ans pour "continuer à changer la Pologne" et réaliser un programme de réformes souvent controversées, selon les résultats officiels lundi 14 octobre.

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Le chef du parti Droit et Justice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, réagit aux premiers résultats au soir des élections législatives polonaises, à Varsovie le 13 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Autre résultat marquant de ce scrutin, la gauche retourne au Parlement après une pause de quatre ans et l'extrême droite anti-système y fait son entrée. Avec 43,59% des suffrages, le parti Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, décroche 235 sièges des 460 que compte la chambre basse, a annoncé la commission électorale nationale.
"Nous estimons que nous avons obtenu un mandat légitime pour poursuivre le +bon changement+ (mot d'ordre du PiS, ndlr), pour continuer notre politique, pour continuer à changer la Pologne", a déclaré M. Kaczynski quelques minutes après l'annonce des résultats officiels.
La principale formation d'opposition, la Coalition civique (KO, centriste), arrive loin derrière avec 27,40% des voix et 134 députés. Ce scrutin est marqué également par le retour au parlement de la gauche. L'Alliance de la gauche démocratique SLD obtient 49 sièges avec 12,56%.

À l'autre bout du spectre politique, la Confédération, une formation hétéroclite d'extrême droite anti-système, comprenant des ultra-libéraux et des nationalistes anti-migrants, entre à la Diète avec 6,8% des voix et 11 députés.
Le succès du PiS est dû en premier lieu à son programme de généreux transferts sociaux, rendu possible par une excellente performance économique du pays.
En place depuis 2015, le PiS a cherché à mobiliser les couches défavorisées, notamment celles des campagnes, en promettant une nouvelle allocation familiale, la baisse des impôts et la hausse du salaire minimum, mais aussi en s'érigeant en défenseur des valeurs familiales face à "l'idéologie LGBT".
Son chef, M. Kaczynski, a clivé la société en attaquant les minorités sexuelles et les élites, et en rejetant les valeurs libérales occidentales, avec la bénédiction tacite de l'influente
Église catholique.
En jugeant que le PiS "tient ses promesses" en matière sociale, la plupart des électeurs polonais n'ont pas été influencés par les nombreux critiques du PiS qui l'accusent de tendances autoritaires.
La victoire électorale des conservateurs populistes polonais devrait ainsi leur permettre de continuer à construire un
État providence, et poursuivre leurs réformes souvent controversées.
Jaroslaw Kaczynski, leader de facto de la Pologne depuis 2015, a notamment promis de poursuivre la réforme de la justice, qu'il présente comme la lutte contre la corruption et les survivances du communisme dans l'appareil judiciaire.
Mais ces réformes ont soulevé un tollé de l'opposition libérale, tandis que la Commission européenne, préoccupée par l'influence du pouvoir politique sur la justice, a lancé contre la Pologne des procédures inédites. "Nous pouvons nous attendre à ce que le PiS cherche à limiter davantage la démocratie libérale", estime, dans un entretien à l'AFP, une politologue de l'Université de Varsovie, Anna Materska-Sosnowska.
Après la présidentielle
Le PiS a néanmoins perdu la majorité absolue au Sénat, n'obtenant que 48 sièges sur 100, chambres basse et haute étant élues en même temps, mais avec un mode de scrutin proportionnel pour la première et uninominal majoritaire pour la seconde.
Ce résultat au Sénat risque de ralentir quelque peu le rythme souvent très rapide de l'adoption des réformes. Pour le politologue Stanislaw Mocek, le PiS devrait s'abstenir de toute mesure impopulaire dans les prochains mois. "Je pense que les promesses les plus controversées (concernant la justice ou les médias), ils vont les laisser pour après la campagne présidentielle", estime le recteur de l'université Collegium Civitas.
Le chef de l'
État pro-PiS, Andrzej Duda, devrait probablement briguer un deuxième mandat au printemps. Dans sa première intervention dimanche soir 13 octobre, le chef de la KO Grzegorz Schetyna a également évoqué la campagne présidentielle. "Tout est devant nous, l'élection présidentielle, et là, nous serons prêts et nous allons l'emporter, c'est notre promesse", a-t-il lancé.
Mais conscient de son manque de charisme, M. Schetyna avait renoncé pour ces législatives à la première place sur la liste de l'opposition à Varsovie, pour la céder à Malgorzata Kidawa-Blonska qui a dépassé M. Kaczynski d'environ 160.000 voix dans la capitale, et pourrait donc être candidate à l'élection présidentielle.

AFP/VNA/CVN

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