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Inès Madani, au tribunal correctionnel de Paris, croquis d'audience du 11 avril. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Après plus de dix heures de délibéré, la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels et non de jurés, a rendu un verdict quasiment aligné sur les réquisitions du parquet. La cour n'a cependant pas mentionné de période de sûreté.
Ornella Gilligmann, une mère de trois enfants condamnée à 25 ans de réclusion, est tombée en larmes dans le box à l'énoncé du verdict. Inès Madani, 22 ans, est elle restée assez impassible quand sa peine a été prononcée: 30 ans de réclusion.
"Elle est sonnée", a réagi auprès des journalistes l'avocat de cette dernière, Laurent Pasquet-Marinacce. "C'est une peine excessivement sévère", a-t-il dénoncé. "C'est une décision qui est là pour faire un exemple, qui est déconnectée de la personnalité de cette jeune femme et de la gravité des faits, il n'y a pas eu de mort, pas de blessé". La question d'un appel se pose "évidemment", pour cet avocat.
Avec leurs co-accusées, elles sont devenues, selon l'expression des avocats généraux, le "visage du jihad au féminin". Dans cette affaire qui avait révélé le rôle actif des femmes dans le jihad, quatre des cinq femmes jugées encouraient la perpétuité.
Aujourd'hui âgées de 22 à 42 ans, les accusées sont soupçonnées d'avoir voulu lancer des attaques terroristes, en suivant les consignes de Rachid Kassim, propagandiste du groupe État islamique (EI) et inspirateur quelques semaines plus tôt de l'assassinat d'un policier et de sa femme à Magnanville (Yvelines).
Inès Madani et Ornella Gilligmann ont tenté de faire exploser une voiture remplie de bonbonnes de gaz dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, devant des restaurants situés près de Notre-Dame de Paris, en essayant de l'incendier avec du gasoil. Seul le choix de ce carburant, difficile à enflammer, a permis d'éviter l'explosion.
Après l'échec de cet attentat, Inès Madani s'était retranchée dans l'appartement d'Amel Sakaou, à Boussy-Saint-Antoine (Essonne). Toutes deux avaient été rejointes par Sarah Hervouët, originaire du Sud de la France.
Se sachant traquées, les trois jeunes femmes avaient quitté précipitamment leur appartement le 8 septembre, armées de couteaux de cuisine. Sur le parking, Sarah Hervouët avait porté un coup de couteau à un policier en civil de la DGSI. Inès Madani avait pour sa part couru vers un policier, qui l'avait blessée par balles aux jambes.
Sarah Hervouët a été condamnée à 20 ans de réclusion, tout comme Amel Sakaou qui a refusé d'assister au procès tout au long des trois semaines d'audience.
"Le pire des comportements"
Samia Chalel, accusée d'avoir aidé Inès Madani à trouver un point de chute après l'attentat raté, a elle été condamnée à cinq ans de prison, dont un an avec sursis.
"J'ai eu le pire des comportements", a déclaré lundi matin 14 octobre Inès Madani, condamnée en avril à 8 ans de prison pour des faits plus anciens, qui avaient révélé son rôle de mentor auprès d'aspirants jihadistes. "Je n'avais que des projets de morts à l'époque. Aujourd'hui, j'ai des projets de vie", a-t-elle poursuivi.
"Je demande pardon et je demanderai pardon toute ma vie à tous ceux qui ont été victimes du terrorisme", a dit Ornella Gilligmann, confiant d'une voix émue sa "honte".
Des mots qui n'ont pas du tout convaincu les avocats de parties civiles. "Les gens qui croient à la déradicalisation de ces femmes se trompent. Nous avons vu par leur attitude qu'elles sont encore en pleine revendication", a réagi Laurent-Franck Liénard, l'avocat de policiers. Elles avaient "une véritable volonté de tuer au nom d'une idéologie délirante".
Rachid Kassim, qui serait mort en Irak en 2017, a été condamné par défaut à la perpétuité. Mohamed Aberouz, qui devait se marier avec Sarah Hervouët et qui était jugé pour "non dénonciation de crime", a lui reçu une peine de trois ans de prison. Il est par ailleurs mis en examen dans le dossier de Magnanville.
AFP/VNA/CVN