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Manifestation contre l'interdiction quasi totale de l'avortement, le 30 octobre 2020 à Varsovie, en Pologne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Brandissant des drapeaux arc-en-ciel et scandant des slogans antigouvernementaux, les manifestants ont massivement exhibé dans la capitale le symbole de leur révolte, une foudre rouge.
En dépit de quelques échauffourées provoquées par des contre-manifestants d'extrême droite, les rassemblements ont pour la plupart été pacifiques, en ce neuvième jour consécutif de manifestations depuis la décision controversée du Tribunal constitutionnel.
"Nous sommes prêts à nous battre jusqu'au bout", a déclaré vendredi 30 octobre aux journalistes Marta Lempart, la cofondatrice du mouvement La grève des femmes qui a lancé l'appel à manifester.
Selon leurs organisateurs, les marches ont été suivies par des centaines de milliers de personnes.
"La révolution en cours en Pologne n'est pas seulement une lutte pour l'avortement. C'est une lutte pour la liberté", a insisté Mme Lempart.
"On en a assez !", "Mon corps, mon choix !", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants pour la plupart jeunes, qui reprenaient également des slogans antigouvernementaux, souvent pimentés de jurons.
Selon la mairie de Varsovie environ 50.000 personnes ont participé à la manifestation dans le centre-ville et la police a procédé à "plusieurs arrestations" dans deux incidents.
Manifestation contre l'interdiction quasi totale de l'avortement, le 30 octobre 2020 à Varsovie, en Pologne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les militants pour la défense des droits des femmes, qui sont derrière ces rassemblements, s'exposent à des poursuites judiciaires car tout regroupement de plus de cinq personnes sur la voie publique est actuellement interdit.
Selon eux, des actions de protestation de relativement moindre envergure se sont déroulées dans de nombreuses autres villes polonaises, des grandes comme Cracovie, Lodz, Katowice et Wroclaw, et des plus petites, ainsi qu'à l'étranger, à Barcelone et à Vienne par exemple.
Des manifestations de masse ont commencé la semaine dernière lorsque le Tribunal constitutionnel, réformé par le PiS, le parti ultra-catholique Droit et Justice au pouvoir, et se conformant à ses souhaits, a proscrit l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de malformation grave du foetus, statuant qu'elle est "incompatible" avec la Constitution.
Les manifestants sont en colère contre le PiS, dont les députés ont demandé au tribunal de se prononcer sur cette question.
La Pologne, un pays de 38 millions d'habitants, de forte tradition catholique, est déjà dotée d'une loi anti-avortement qui compte parmi les plus restrictives d'Europe.
Il y a moins de 2.000 avortements légaux par an en Pologne, selon les données officielles. Les organisations féministes estiment que plus de 200.000 IVG sont réalisées illégalement ou effectués à l'étranger chaque année.
Une fois publiée au journal officiel, la décision de la Cour constitutionnelle aboutira à l'interdiction de tous les avortements sauf en cas de viol et d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
Compromis ?
Le gouvernement a défendu cette décision, affirmant qu'elle mettrait fin aux "avortements eugéniques", mais des organisations de défense des droits humains insistent sur le fait quelle obligera désormais des femmes à mettre au monde des bébés a priori non viables.
Vendredi, le président Andrzej Duda a proposé un projet d'amendement à la loi destiné à apaiser la colère de la rue.
Son projet interdirait toujours l'avortement dans des cas de fœtus malformés, à moins que des tests médicaux ne montrent une forte probabilité que le bébé soit mort-né ou atteint d'une maladie ou d'un défaut en phase terminale.
La députée de l'opposition libérale Katarzyna Lubnauer a qualifié cette proposition d'"inacceptable".
"C'est une proposition du genre : je vous ai volé 100 zlotys (20 euros) mais j'en rendrai 50", a-t-elle déclaré à la chaîne d'information TVN24.