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Des peluches Pokémon alignées sur un présentoir à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Ça marche très bien, c'est la quatrième fois qu'on réapprovisionne les peluches Pokémon en deux semaines", se félicite Corentin Flamand, vendeur au magasin Micromania Bastille à Paris, en désignant le coin où trônent des Pikachu miniatures, lancés le 15 juillet à l'occasion des 20 ans des monstres de poche.
Cartes, casquettes pour dresseurs et mugs, l'enseigne spécialisée dans les jeux vidéo n'a pas hésité à mettre en tête de gondoles les produits dérivés estampillés Pokémon. "Pokémon fait partie des univers qui marchent le mieux chez nous habituellement, il est donc un peu tôt pour dire si le jeu a un effet significatif sur la consommation", tempère cependant Philippe Renaudin, directeur marketing de Micromania.
Des enfants posent au milieu d'un défilé de Pikachu à Yokohama au Japon le 7 août 2016. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Mais l'enseigne espère bien profiter de l'engouement actuel en mettant en place un jeu concours pour inciter les chasseurs à prendre en photos les Pokémon attrapés dans ses magasins. À gagner : des poképièces, la monnaie du jeu pour y acheter des bonus. "On a régulièrement Pokémon Company au téléphone. On aimerait bien entendu avoir plus de Pokémon ou devenir des pokéstop, on estime être légitime par rapport à notre activité", espère Renaudin.
Des partenariats commerciaux, il n'en est cependant pas encore question pour The Pokémon Company (TPC), la société japonaise affiliée qui a codéveloppé le jeu et est détentrice des droits des produits dérivés. Celle-ci, détenue en partie par Nintendo, souhaite pour l'heure se concentrer sur le déploiement du jeu dans l'ensemble des pays. Sauf au Japon, berceau du jeu, où l'enseigne de restauration rapide McDonald's, en grande difficulté dans le pays, a réussi à nouer un partenariat.
De tels partenariats pourraient-ils se multiplier ? Le studio de développement Niantic, à l'origine du jeu, a invité les commerces et enseignes intéressés à se manifester en remplissant un formulaire sur son site. "Les partenariats seront noués dans un second temps mais cela se fera de manière sélective", explique-t-on du côté de TPC.
Un ballon Pikachu flottant dans le ciel de New York le 26 novembre 2015. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Pokémon Go compatible"
"S'il y a un intérêt d'affluence mécanique, les commerces veulent surtout montrer que leur marque est en adéquation avec son temps, qu'elle est +Pokémon Go compatible+", explique Philippe Bonnasse, expert consommation au cabinet CA Com.
Au Japon, c'est principalement en termes de tourisme que le jeu est vu comme une opportunité, en particulier dans les préfectures du Nord-Est (Iwate, Miyagi et Fukushima) ainsi que la région de Kumamoto, touchée par une série de violents séismes au printemps dernier, d'attirer de nouveau les visiteurs.
Un accord a ainsi été signé avec le studio Niantic afin de placer les pokéstop et arènes de manière à guider les touristes dans ces régions qu'ils ont tendance à délaisser, tout en évitant d'en placer dans la zone d'exclusion autour de la centrale de Fukushima.
Selon l'institut de sondage YouGov, qui estime à 5,3 millions le nombre de joueurs réguliers rien qu'au Royaume-Uni, "le succès évident de Pokémon Go ouvre la porte à des partenariats de marque, tant avec cette application qu'avec de futurs jeux de réalité augmentée plus généralement". À Paris, certains commerces locaux observent déjà l'effet Pokémon comme le restaurant Park Avenue, premier pokéstop dans la zone du parc de la Villette.
"Ça n'arrête pas. Le quartier avait perdu de l'éclat avec les attentats, mais depuis la sortie de Pokémon Go, on a beaucoup d'affluence de jeunes et moins jeunes qui se posent, consomment et se réapprovisionnent en pokéballs", (armes virtuelles pour attraper les Pokémon), détaille Noël Duman, 29 ans, directeur du restaurant situé dans le XIXe arrondissement.
Si bars ou restaurants peuvent en profiter, ce n'est pas toujours le cas des magasins car Pokémon Go crée "un trafic détourné et orienté, court-termiste qui n'a pas vocation à fabriquer un commerce immédiat", souligne Bonnasse. Se pose aussi la question de la durée du phénomène, un pari sur l'avenir qui peut paraître incertain.
"Les enseignes parient sur une durée de trois à six mois, jusque Noël, cela leur permettrait d'organiser des opérations thématiques autour du jeu et ainsi de fidéliser de nouveaux clients", constate Yves Marin, du cabinet Wavestone.
AFP/VNA/CVN