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Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes-hommes, le 11 septembre à Paris. |
Des autorisations d'engagement de 544 millions d'euros ont été consacrées à l'égalité femmes-hommes en 2019, selon un chiffre émanant d'un document de politique transversale annexé au budget, repris par la secrétaire d'État chargée de l'égalité femmes-hommes.
"En 2020, 1,116 milliard sera investi dans cette politique transversale", assure-t-elle, sans détailler ces crédits alimentés par plusieurs ministères.
Interrogé par l'AFP, l'entourage de la secrétaire d'État n'était "pas en mesure" dimanche 6 octobre d'apporter des précisions car "ces informations relèvent de la direction du Budget".
Ce doublement "s'explique notamment par l'engagement budgétaire sans précédent du ministère de l'Intérieur", dont la contribution sera "en très forte progression" en 2020, a-t-on précisé de même source. "Le chiffre risque même d'être plus élevé", a-t-on ajouté.
L'enveloppe interministérielle dédiée à l'égalité femmes/hommes ne consacre qu'une partie de ses crédits à la lutte contre les violences conjugales.
Ainsi, pour 2019, sur un budget total initial de 530 millions d'euros, seulement 79 millions étaient destinés aux actions contre les violences faites aux femmes, selon un rapport de cinq organisations basé sur l'analyse du document de politique transversale. Un chiffre qui avait été jugé incomplet par le secrétariat d'État.
Le "besoin financier minimum pour une prise en charge de qualité des femmes victimes de violences conjugales" serait à lui seul d'environ "506 millions d'euros", dans l'hypothèse la plus basse, et de "1,1 milliard", dans l'hypothèse la plus haute, estimaient dans leur rapport les cinq organisations - le Conseil économique social et environnemental, le Haut Conseil pour l'égalité, la Fondation des femmes, le Fonds pour les femmes en Méditerranée et Women's Worldwide Web.
Dans La Voix du Nord, Mme Schiappa explique ne pas faire "de distinction" entre le "combat pour l'égalité et celui contre les violences faites aux femmes" car "tout est lié". "Ces violences prolifèrent sur un système où les hommes agresseurs ou violents tiennent les femmes victimes par des liens d'interdépendance économique ou de pouvoir", fait-elle valoir dans son interview à La Voix du Nord.
Début juillet, elle avait balayé une controverse sur les moyens financiers dédiés à la lutte contre les violences conjugales. "Si on fait un chèque d'un milliard et que les féminicides s'arrêtent, on le fait immédiatement", avait-elle déclaré.
Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, "le gouvernement semble prendre conscience que la lutte contre les violences faites aux femmes, c'est une question de moyens", un point sur lequel "nous insistons depuis des années".
Toutefois, "on attend de voir sur le papier où est écrit ce doublement" et où "sera mis un appui financier supplémentaire", a-t-elle souligné auprès de l'AFP.
Alertant sur "un risque d'entourloupe", Caroline De Haas, du collectif NousToutes, craint de son côté "un tour de passe-passe" de la part du gouvernement.
"Est-ce qu'il s'agit vraiment de 500 millions d'euros d'investissements en plus ? Ou est-ce que ce sont des dépenses déjà existantes qui seront identifiées comme moyens pour l'égalité femmes/hommes ? La probabilité que ce soit la deuxième solution est très forte", a-t-elle dit.
AFP/VNA/CVN