Plantes génétiquement modifiées, un levier pour l'agriculture

Sécheresse, soleil de plomb, changement climatique ont des conséquences certaines sur le rendement agricole au Vietnam, alors que le pays connaît concomitamment une croissance de sa population avec un million de nouveau-nés chaque année et une diminution de ses superficies culturales en raison de l'urbanisation. En vue de garantir la sécurité alimentaire nationale, le Vietnam compte cultiver des espèces génétiquement modifiées. Avis de spécialistes.

* Bùi Ba Bông, vice-ministre de l'Agriculture et du Développement rural

La plantation sur une grande échelle des variétés de maïs transgénique, dont la culture expérimentale dans le Nord et dans le Sud a obtenu de bons résultats, est prévue l'année prochaine. Et en cas de succès de cette deuxième phase, ces variétés seront généralisées à tout le pays.

Selon les rapports d'analyse, cette variété possède une bonne résistance aux parasites et insectes sans recours aux pesticides. En revanche, lorsque le maïs transgénique sera planté à grande échelle, les paysans devront s'approvisionner en semence dans les centres ou compagnies spécialisées, car ils ne pourront pas reproduire eux-mêmes ces variétés.

* Professeur-Docteur Lê Huy Hàm, directeur de l'Institut de génétique agricole, du ministère de l'Agriculture et du Développement rural

L'emploi d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans l'agriculture remonte à 16 ans déjà. Le monde compte aujourd'hui près de 126 millions d'hectares de cultures de ces OGM, et les aliments fabriqués avec ceux-ci présentent toutes conditions de sécurité. Actuellement, les produits à base d'OGM sont consommés par 350 millions de personnes en Amérique du Nord et aucun effet négatif n'a été constaté. L'opposition aux OGM par de nombreuses personnes en Europe peut s'expliquer par le fait que les Européens n'ont pas de problèmes en terme de sécurité alimentaire - qu'il s'agisse de production comme de croissance démographique, que les techniques culturales sophistiquées sont durables et enfin, que les superficies de culture demeurent importantes. La situation est bien différente dans notre pays qui compte chaque année un million de nouveaux citoyens et voit disparaître de 50.000 à 70.000 ha de terres agricoles au profit de l'habitat, de l'industrie ou d'infrastructures de communication. En d'autres termes, la garantie de la sécurité alimentaire nationale ne va pas de soi, outre, qu'elle est fortement compromise par le changement climatique, qu'il s'agisse de conditions météorologiques comme d'élévation du niveau des océans...

Par ailleurs et sur un plan purement économique, notre production annuelle de maïs est actuellement de 4 millions de tonnes alors que l'élevage en consomme 5,5 millions de tonnes, ce qui nous oblige d'en importer pour quelque 500 millions de dollars. Cultiver du maïs transgénique à grande échelle permettra au Vietnam d'éviter d'avoir à importer ce maïs pour son bétail. De tels constats, simples, nous conduisons donc à envisager également la culture de soja génétiquement modifié dès 2013-2014.

* Professeur-Docteur Nguyên Lân Hùng, secrétaire général des Associations de biologie du Vietnam, directeur du Centre d'application en biologie

Les plantes génétiquement modifiées sont d'une très forte rentabilité. En effet, elles résistent naturellement aux parasites et maladies, ce qui conduit à une baisse du coût de production et un doublement du rendement des cultures... Pour l'heure, c'est le soja transgénique qui est le plus cultivé dans le monde avec 60% des cultures d'OGM. Le soja, qui est une des plantes alimentaires importantes dans le monde et de même au Vietnam, n'a actuellement qu'un rendement de 1,9 tonne par hectare environ. Ainsi, un projet de recherche sur la modification génique du soja et la création de variétés transgéniques anti-insectes est en cours.

* Nguyên Tri Ngoc, directeur du Département des cultures relevant du ministère de l'Agriculture et du Développement rural

Depuis la campagne été-automne 2010, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a expérimenté la culture de maïs transgénique dans les provinces de Bà Ria-Vung Tàu (Sud) et Hung Yên (Nord), avec des résultats encourageants.

Le Vietnam possède près de 1,1 million d'hectares de maïs dont le rendement à l'hectare est de près de 4 tonnes, qu'il faut comparer à celui des États-Unis où il atteint 9 à 11 tonnes avec des variétés transgéniques. Les maïs transgéniques soulagent les agriculteurs de tous les problèmes liés aux insectes avant ou après récolte, diminuent le coût de production, et évitent les pertes alors qu'ils disposent d'un rendement supérieur.

Thuy Tiên/CVN

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