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La chancelière allemande Angela Merkel, le 18 mars à Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Selon un projet de loi dont l'AFP s'est procuré samedi 21 mars une copie, le gouvernement prévoit de mettre un total de 822 milliards d'euros de prêts à disposition pour aider les entreprises et les salariés à faire face aux conséquences économiques de la pandémie. Étant donné la "situation d'urgence exceptionnelle" que traverse l'Allemagne, le gouvernement d'Angela Merkel a aussi décidé, pour aider à financer les mesures, d'emprunter de l'argent, ce qui ne s'était plus vu dans ce pays depuis 2013.
Depuis cette date, l'Allemagne, la première économie européenne, très à cheval sur l'orthodoxie budgétaire, a toujours dégagé des excédents. Elle a dorénavant l'intention de s'endetter à hauteur de 156 milliards d'euros au total. L'Allemagne met ainsi en veilleuse une règle budgétaire d'airain qui dicte sa conduite depuis des années : en vigueur depuis 2011, la règle constitutionnelle du "frein à l'endettement" n'autorise en principe qu'un déficit pouvant aller jusqu'à 0,35% du PIB.
Ce seuil peut néanmoins être dépassé en cas de circonstances exceptionnelles que Berlin va invoquer avec le coronavirus. Le texte qui doit être adopté lundi 23 mars en conseil des ministres, puis entériné dans les jours suivants par les députes. Il y a une semaine seulement, Berlin avait mis à disposition un volume de 550 milliards d'euros de prêts, versés par sa banque publique KfW.
Le gouvernement a donc décidé d'aller encore plus loin en relevant ce plafond à 822 milliards d'euros compte tenu de la propagation toujours plus rapide de l'épidémie en Allemagne, où l'institut l'Institut Robert Koch recensait samedi 21 mars quelque 16.662 cas d'infection, soit 2.700 de plus que la veille, tandis que le nombre des morts est passé à 47.
Récession "inévitable"
L'enveloppe doit aider au financement de toute une série de mesures sociales, comme le recours au chômage partiel qui devrait toucher environ 2,5 millions de personnes, d'après les dernières projections, ainsi que permettre de soutenir les entreprises. Beaucoup sont contraintes de cesser ou de ralentir leurs activités, avec des risques de faillites en cascade.
L'Allemagne, très dépendante des exportations, est plus exposée encore que d'autres à la contraction des échanges internationaux consécutive à la pandémie en cours. Les mesures prises en Allemagne et au niveau international pour endiguer la progression du nouveau coronavirus "pèsent fortement" sur le marché de l'emploi et l'économie dans ce pays et il n'est possible d'évaluer "ni la durée de la pandémie, ni celle des mesures qui y sont liées", peut-on lire dans le texte.
Le gouvernement reconnaît que l'année 2020 devrait en conséquence se solder par "un net recul du produit intérieur brut". Le président de la Bundesbank, la Banque centrale allemande, a aussi estimé qu'une "récession" était "désormais inévitable" dans un entretien avec le journal conservateur Die Welt paru samedi 21 mars.
Nationalisations partielles
Concrètement, le volume des aides servira à financer notamment un Fonds de secours pour les grandes entreprises, prévoyant le cas échéant une nationalisation partielle pour faire face à la crise, et lui-même doté de 600 milliards d'euros. Il a pour objectif d'"atténuer l'impact économique de la pandémie de coronavirus sur les entreprises" en les aidant à "surmonter leurs difficultés de trésorerie" et en "renforçant leur capital" pour celles dont la faillite "aurait des conséquences énormes sur l'économie nationale et le marché du travail", est-il écrit dans ce texte.
L'État allemand aura concrètement la possibilité de nationaliser partiellement et provisoirement certaines entreprises pour les aider à passer le cap de la crise liée au coronavirus. Il l'a déjà fait avec le secteur bancaire au moment de la crise financière de 2008/2009. La compagnie aérienne Lufthansa, dont presque tous les avions sont désormais cloués au sol, pourrait être l'un des premiers candidats à ces opérations de "recapitalisation" de l'État, selon les médias allemands. TUI, le numéro un mondial du tourisme, a d'ores et déjà demandé une aide de l'État, dont la forme reste à définir.
AFP/VNA/CVN