Coronavirus : les cours des produits de la mer en chute libre 

Des langoustines vendues à 6,80 euros le kg contre 12 à 13 la semaine dernière, de la sole à 8 euros contre 17, du turbot à 12 contre 35.:Ffaute d'acheteurs, le prix des produits de la mer s'est effondré dans les criées.

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Une poissonnerie en décembre 2019 à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Ce matin, tout a été vendu au prix de retrait (le prix plancher garanti, NDLR) et il y a eu beaucoup de poissons invendus, beaucoup de lotte en particulier", explique le 20 mars, David Derrien, responsable adjoint à la criée du Guilvinec (Finistère).

"Les mareyeurs sont présents, mais ils ne savent pas s'ils pourront vendre du fait de la crise. Donc, ils n'achètent pas ou peu. L'Espagne et l'Italie sont fermés à la vente. Les grands groupes de distribution qui achètent habituellement chez nous, ils n'achètent plus rien ou presque", constate-t-il pour expliquer ces prix bas.

"Toutes les espèces nobles ne se vendent pas (turbot, barbue, Saint-Pierre, etc...) car ce sont des poissons souvent servis dans les restaurants. Et comme les restaurants sont fermés...", poursuit M. Derrien.

La situation est telle que des organisations de producteurs (OP) annoncent qu'elles ne vont plus pouvoir soutenir les cours en assurant un prix de retrait minimum. Mardi 17 mars, l'une des principales OP, Les Pêcheurs de Bretagne, a fait savoir qu'elle jetait l'éponge en fin de semaine.

"Au vu de la dégradation massive et rapide du marché, l'OP Les Pêcheurs de Bretagne a été contrainte de prendre la décision de suspendre ses prix d'ordre d'achat pour une durée indéterminée", a-t-elle indiqué dans un communiqué. Cette mesure intervient "après la vente de jeudi matin (19 mars)" pour la pêche côtière et "après la vente du vendredi matin (20 mars)" pour la pêche hauturière, précise le communiqué.

"C'est une misère"

"Du coup, les bateaux n'iront plus en mer s'il n'y a plus de prix de retrait (...) On ne sait pas où on va. Les derniers bateaux rentrent cette fin de semaine", souligne M. Derrien.

Sur la côte nord, à la criée de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d'Armor), les signaux sont aussi au rouge. "Aujourd'hui, le prix du poisson, c'est une misère, il n'y a pas de vente (...) Mardi, 25% du poisson proposé est resté invendu", constate Alain Coudray, président du comité des pêches des Côtes-d'Armor.

En pleine campagne à la coquille Saint-Jacques en baie de Saint-Brieuc, une pêche strictement encadrée qui se déroule sur quelques mois, de l'automne au début du printemps, et permet aux pêcheurs d'améliorer l'ordinaire le reste de l'année, rien ne va plus.

"Lundi, on avait 74 bateaux en mer. A l'arrivée à la criée, il n'y a pas eu d'achat. Des mareyeurs avaient prévenu qu'ils ne seraient pas là car ils n'ont plus de demandes avec les restaurants et les cantines fermés. Tout est parti à l'usine pour la congélation. Mais l'usine va fermer aussi", se désole Alain Coudray. "On est dans un moment très difficile. Malheureusement, ce n'est que le début".

"Il restera les petits bateaux, tant qu'il y aura un marché local (...) L'État devra certainement aider beaucoup d'entreprises, aussi bien à la pêche qu'à terre", prévoit-il.

Olivier Le Nézet, président du Comité régional des pêches de Bretagne, une région qui assure la moitié des captures françaises, est aussi très inquiet : "Il faut continuer à produire, même avec moins de volume, que les mareyeurs s'y remettent, que les GMS (grandes et moyennes surfaces) jouent le jeu et que les consommateurs achètent du poisson (...) on est sur de la cueillette; sans continuité de la filière, tout va s'arrêter", craint-il, dans l'attente que "le ministre donne des ordres à ses fonctionnaires".


AFP/VNA/CVN

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