Phùng Thi Huê retrouve la tombe de son amoureux après 37 ans

Après 37 ans de recherche, Phùng Thi Huê a retrouvé la tombe de son amoureux, le soldat Dang Xuân Tho, mort au combat. Malgré toutes ces années écoulées, Huê n’a jamais perdu l’espoir de la retrouver. Elle peut donc enfin se recueillir auprès de lui.

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Phùng Thi Huê repense sans doute à son courageux voyage de près de 40 ans. Photo :

L’amour de Phùng Thi Huê est mort sur le champ de bataille il y a près de quatre décennies. Pendant tout ce temps, elle était à la recherche de sa tombe. à travers toutes ces années, Huê a fait preuve de beaucoup de courage et de détermination, car elle a arpenté l’ensemble du pays pour retrouver le corps de celui qui l’aimait. Malgré cette immense perte, son amour pour Tho est toujours resté le même.

Née en 1950 à Xuân Hôi, dans la province de Hà Tinh (Centre), Huê a rejoint l’armée de manière volontaire à l’âge de 18 ans. Elle a été confiée à un groupe de jeunes volontaires et elle a même combattu dans la bataille de Binh Tri Thiên (Centre).

Jusqu’à l’âge de 22 ans, Huê a servi l’armée, et c’est là-bas qu’elle a rencontré le soldat Dang Xuân Tho. Tous les deux attendaient avec impatience le jour où le pays serait réunifié et où ils pourraient enfin commencer à fonder leur propre famille.

Mais Huê a été forcée de s’éloigner de Tho après une blessure dans une bataille. Elle est retournée chez elle pendant que son amoureux reprenait ses études à l’École de formation professionnelle maritime (actuellement connu sous le nom d’Université maritime du Vietnam, à Hai Phong, Nord).

«Attends-moi, je reviendrai»

Quelques temps plus tard, Huê apprenait le décès de la mère et du petit frère de Tho, tout deux tués dans un bombardement américain. Déterminé à se venger, il décidait donc de repartir au combat. Et le jour de son départ, Tho prononçait ces mots en direction de sa Huê : «Attends-moi, je reviendrai». Elle lui avait alors promis qu’elle l’attendrait, et ce, peu importe la durée de sa mission.

Phùng Thi Huê a installé dans sa maison un autel en hommage à son amoureux,

En dépit de leur éloignement, les deux amoureux vivaient une relation épistolaire. Huê avait envoyé à Tho un oreiller sur lequel figuraient deux colombes perchées sur une fleur. Et en retour, il lui avait offert un peigne.

Puis, un soir, Huê apprenait par courrier le décès de Tho sur le champ de bataille du Sud. Elle décidait de partager sa douleur en se rendant dans la famille de son héros mort pour le pays.

Des milliers de kilomètres parcourus

Les jours passaient, et à chaque fois le même obstacle venait à chaque faire barrage aux plans de Huê : le corps de Tho était toujours porté disparu. Elle décidait donc de travailler dur afin de financer ses futurs voyages dans l’optique de retrouver sa tombe.

«De nombreuses années s’écou-laient. Dans mes rêves, je l’entendais me donner le lieu où il se reposait pour que je puisse le ramener près de moi. Mais malheureusement, ce rêve ne s’est pas exaucé», confie Huê.

À la recherche du corps de Tho depuis 1976, elle ne savait pas sur quel territoire il était décédé et elle ne parvenait donc pas à retrouver sa tombe. Ses seules informations figuraient sur un petit morceau de papier. Dessus, on pouvait y lire que «le soldat Dang Xuân Tho a sacrifié sa vie le 26 janvier 1973 sur le champ de bataille du Sud.»

Huê s’est lancée dans un voyage de près de 40 ans, à travers la province centrale de Quang Tri, en passant par les hauts plateaux du Centre, mais aussi dans les provinces méridionales de Dông Nai et de Tây Ninh. Elle a également cherché la tombe de Tho dans les cimetières Truong Son, Viêt Lào, Duong 9 (Route 9) et aussi à la frontière de cette forêt. Mais malgré sa bonne volonté et son courage, sa tombe restait toujours introuvable.

Des efforts qui ont fini par payer

La plupart des voyages de Huê avaient lieu à proximité des forêts. Parfois, elle devait même se résigner à y dormir par manque de nourriture et d’argent. Mais, heureusement, Huê pouvait compter sur le soutien de la population locale. «Je ne me souviens pas combien de kilomètres j’ai parcouru dans ces forêts et ces cimetières. Là-bas, beaucoup de personnes m’ont conseillé d’abandonner ces voyages, qui auraient pu me suivre toute ma vie, mais je n’ai jamais baissé les bras», confie Huê.

Et elle a bien eu raison, car le jour tant attendu est enfin arrivé. En effet, le 22 août 2010, Huê retrouvait, après une éternité, la tombe de Tho dans la province de Tiên Giang (delta du Mékong). Grâce à l’aide des trois frères de Tho, elle a ainsi pu ramener le corps dans sa ville natale après un voyage qui avait duré 37 ans…

Désormais, Huê passe ses journées dans le cimetière de la commune de Xuân Ma, dans le district de Nghi Xuân, situé dans la province de Hà Tinh. Elle peut enfin se recueillir sur la tombe de Tho.

Thuy Hà/CVN

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