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Nguyên Thi Bich Trâm veut développer une nouvelle forme de tourisme dans la province de Lâm Dông. |
La spiruline a des noms scientifiques différents selon sa forme : Arthrospira platensis, Spirulina maxima ou Arthrospira maxima. Cette micro-algue est commercialisée comme complément alimentaire en raison de sa richesse en minéraux et en vitamines.
Nguyên Thi Bich Trâm, titulaire d’un master en management des projets touristiques et e-tourisme, planche depuis plus de deux ans sur ses bienfaits et compte bien faire de son village natal de K’Nai (province de Lâm Dông, hauts plateaux du Centre) un haut lieu de la culture de la spiruline au Vietnam.
Nguyên Thi Bich Trâm a un parcours universitaire exemplaire. Ex-étudiante de l’université Yersin à Dà Lat, elle n’a appris le français que très tardivement, en 2011. À cette époque-là, l’université d’Avignon (France) offrait aux étudiants de l’université Yersin quatre bourses pour préparer un master en France. Pourtant, personne ne correspondait vraiment aux critères. Ainsi, l’université Yersin a organisé un cours de français gratuit pour tous les étudiants volontaires et déterminés à faire leurs études en France. Bich Trâm s’est inscrite avec la ferme volonté de décrocher ce sésame.
«Le tourisme bleu-vert»
De fait, elle a obtenu sa bourse et est arrivée en France un beau jour de septembre 2013. Dans la région, elle a fait des rencontres déterminantes et tout s’est enchaîné très vite. La première rencontre fut la bonne, en février 2014, avec Doàn Van Hay Gilbert, président de la Société française SAS Spiruleen A SpinTao? Lab, l’inspirateur de son projet. Et puis, une deuxième rencontre a été capitale, celle avec Anna Owhadi Richardson, présidente de l’association ADALY- Sur les traces de Yersin. Cette dernière a joué un rôle essentiel dans la promotion du «village SpinTao?».
Nguyên Thi Bich Trâm dispose de trois bassins de spiruline. |
Selon le Service de la culture, des sports et du tourisme de la province de Lâm Dông, les produits touristiques de la province sont monotones, répétitifs et attirent peu les touristes. D’après Bich Trâm, il existe dans sa province «un manque de diversification des produits touristiques». Son projet lié à la culture de la spiruline se veut donc comme un apport d’une «nouvelle nourriture spirituelle pour le touriste du XXIe siècle, avec comme mots-clés Spiruline et Tourisme».
L’agrotourisme autour de la spiruline n’est apparu que depuis quelques années, et encore timidement. Notre chercheuse propose d’ailleurs une autre appellation : «Le tourisme bleu-vert». Certains pays sont en train de développer ce type de tourisme, par exemple la Thaïlande avec la ferme Boonsom qui propose un programme d’agro-tourisme innovant avec un spa utilisant la spiruline. Certaines sociétés françaises produisent de la spiruline et proposent également des activités touristiques telles que la ferme Spiruline Durance Luberon ou l’entreprise Clos Sainte Aurore - le seul producteur de spiruline à Hyères dans le Var récompensé par le label national «Qualité tourisme».
Ainsi, en s’inspirant de ces modèles, Bich Trâm veut transformer son modeste village de K’Nai en «Village SpinTao?». Elle est claire sur ce point : «Mon premier objectif, c’est de développer l’économie de mon village en créant des emplois. Les gens y vivent principalement de l’agriculture mais leur vie est très précaire, notamment les minorités ethniques. Mon projet permettra d’améliorer leur économie, de lutter contre la pauvreté et d’élever leur niveau de vie».
Un projet très prometteur
Dès son retour de France, le 1er octobre dernier, Bich Trâm a commencé à cultiver de la spiruline avec d’anciennes souches et de nouvelles fournies par Algosud. Actuellement, elle possède trois bassins : deux de 5 m2 et un de 10 m2. De premières récoltes ont eu lieu récemment dans le second. La société SpinTao? et l’association ADALY lui a offert 1.000 euros pour acheter du matériel et tous les biens nécessaires pour renforcer la culture. Dans l’avenir, pour maîtriser la production, elle souhaite multiplier les fermes et mettre en place une activité commerciale. Elle a besoin de construire aussi une ferme pilote en 2016. Elle étonne par son dynamisme incroyable.
Le 23 octobre, elle a reçu la visite du groupe d’encouragement agricole de Dà Lat et le 11 novembre, elle a été interviewée par la télévision de Lâm Dông à propos de son nouveau modèle agricole. On est bien là face au premier projet de «Tourisme bleu-vert» au Vietnam.
Ce projet ambitieux ne se fera pas sans l’aide des collectivités locales, sans le bon vouloir et l’aval des autorités régionales et nationales, sans la collaboration de tous et l’engagement de la population. Mais une fois le projet lancé et totalement validé, la province pourra s’enorgueillir d’être la première à promouvoir cette forme de tourisme. La culture de la spiruline, quant à elle, prendra tout simplement et tout naturellement sa place parmi toutes les autres cultures de la région.
La grande mission de Nguyên Thi Bich Trâm est à long terme de mettre en lumière l’importance de la spiruline aux usagers puis de mettre en valeur la marque SpinTao? auprès des futurs consommateurs ainsi que de faire connaître le «Village SpinTao?».
Texte et photos : Hervé Fayet/CVN