S’enrichir grâce à la mer

Un petit village de pêcheurs situé près de l’estuaire de Tu Hiên, à Thua Thiên-Huê (Centre), est parvenu à quitter le difficile mode de vie traditionnel pour se concentrer sur l’élevage de poissons d’exception pour l’approvisionnement des restaurants de luxe.

Le village de pêcheurs de Tân An Hai. 
Photo : CTV/CVN

Alors que l’aube n’est pas encore apparue sur l’estuaire de Tu Hiên, le petit village de pêcheurs de Tân An Hai, dans le district de Phu Lôc, résidence de près de 20 ménages, est déjà animé par le bruit des barques à moteur sur la zone piscicole. Des femmes préparent la nourriture pour les poissons. Des hommes bronzés sont immergés dans l’eau pour les nourrir. Dans les cages flottantes, vivaneaux, mérous, poissons bruns, rascasses... se démènent pour saisir les appâts.

Ce village est connu pour être un endroit où il fait bon vivre grâce au métier d’“engraissement des alevins sauvages”. Lê Viêt Khanh, 54 ans, plonge à côté d’une cage pour nourrir les poissons en expliquant joyeusement : “Dans cette cage il y a plus de 20 lutjanidaes, élevés depuis plus de 2 ans, pesant 3-4 kg. Ils mangent bien, chaque jour près de 10 kg de chips de poisson frais. Nous les avons pêchés quand ils étaient aussi petits que le bout d’une baguette”.

M. Khanh partage avec enthousiasme : “Ma famille a un jour établi un record pour avoir élevé un mérou de 72 kg, vendu pour 25 millions de dôngs”.

Souvenirs d’un pauvre

Lê Viêt Khanh gagne sa vie en élevant des poissons dans l’estuaire de Tu Hiên. 
Photo : CTV/CVN

M. Khanh a été l’un des premiers habitants du village de pêcheurs à donner naissance à la pisciculture en milieu naturel avant 1999. À cette époque, tout le village vivait sur des barques, et de la pêche sur le lagon.

En n’ayant pas de lieu de vie stable, ces habitants étaient toujours confrontés à la pauvreté et au manque d’éducation. L’inondation historique de 1999 a détruit les barques et emporté tous les biens et moyens de subsistance. Cela a cependant constitué une opportunité pour les pêcheurs de débarquer, à un moment où le gouvernement mettait en œuvre la politique de relogement et d’attribution des terres pour construire des maisons.

J’ai toujours eu envie de m’installer sur le rivage. Cet espoir me motivait chaque jour”. Lors de l’arrivée à terre, “j’ai eu l’idée d’élever des poissons dans des cages. Avec une petite somme, mon mari et moi avons acheté des filets, coupé des bambous pour en faire des cages, puis attrapé des poissons sauvages pour qu’ils s’y reproduisent”, raconte M. Khanh.

Métier unique d’“engraissement

M. Khanh explique que la particularité de la pisciculture en cage de cette région est que les alevins doivent être capturés à l’état sauvage dans l’estuaire de Tu Hiên. “À partir du 7e et jusqu’au 11e jour du 6e mois lunaire, c’est la saison de reproduction des poissons sauvages. À cette période, les pêcheurs se rendaient à l’estuaire pour attraper de jeunes poissons et les ramener à l’intérieur des terres pour les élever”.

Nous avons également acheté des variétés artificielles auparavant, mais elles n’étaient pas adaptées à l’environnement de cette régions, elles sont donc mortes progressivement”, ajoute M. Khanh.

De plus, l’élevage de ces poissons sauvages utilise du poisson sauvage pêché et haché, au lieu d’aliments industriels.

Le vivaneau, le mérou, le scorpion, le brun… sont les spécialités préférées des restaurants de luxe. Mais ils ne peuvent vivre que dans les eaux saumâtres, les lagunes et les estuaires, dans une eau propre. Leur nourriture est principalement du poisson frais haché. Ils mangent quatre à cinq fois par jour, donc leur chair est la plus délicieuse parmi les espèces de poissons d’eau saumâtre”, dit M. Khanh.

Selon M. Khanh, pour un élevage efficace, en plus de l’expérience, il est également nécessaire d’apporter des soins méticuleux et de comprendre les caractéristiques de croissance des poissons. Avec plus de 10 cages, sa famille possède une source de poisson à vendre toute l’année, générant de 15 à 20 millions de dôngs de bénéfice par mois.

À côté de la maison de M. Khanh se trouve Huynh Van Thanh, 52 ans, également un foyer de pisciculteurs prospère. M. Thanh confie que grâce à la pisciculture en cage, sa maison a été construite avec un coût de plus de 700 millions de dôngs en 2019, entièrement équipée grâce aux profits générés par plus de 20 cages à poissons.

Ce poisson naturel élevé en cage attire toujours les restaurants et les commerçants, avec un prix actuel allant de 300.000 à 350.000 de dôngs par kilo. Chaque année, avec 20 cages à poissons, ma famille gagne plus de 300 millions de dôngs”, partage M. Thanh.

Il est heureux des résultats de son travail : “Auparavant, je voulais juste avoir assez pour manger, et me vêtir, afin d’échapper à la dure vie sur les bateaux. Je n’ai jamais rêvé d’une vie comme aujourd’hui. Mais après de nombreux efforts, j’ai ma propre maison, et progressivement une vie stable”.

THANH HUY/CVN

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