Pérou : la nouvelle présidente a annoncé son gouvernement, le mécontentement enfle

La nouvelle présidente du Pérou Dina Boluarte a annoncé samedi 10 décembre son gouvernement alors que le mécontentement grandit dans les rues, où des supporters de l'ancien président Pedro Castillo réclament sa libération et de nouvelles élections.

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La nouvelle présidente du Pérou, Dina Boluarte. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Le nouveau gouvernement compte 19 ministres, dont huit femmes. L'ancien procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption, Pedro Angulo, également avocat, a été nommé Premier ministre.

Un peu plus tôt dans la journée, le président du Congrès, José Williams, avait appelé la nouvelle présidente à prendre rapidement des mesures, dont la nomination d'un gouvernement, pour "générer la confiance et la tranquillité".

De nombreuses manifestations et blocages de route ont lieu depuis jeudi 8 décembre à Lima et dans plusieurs villes du pays, notamment les régions andines où Pedro Castillo, un ancien instituteur en milieu rural, bénéficie du plus grand soutien.

Des étudiants, des travailleurs et des partis politiques de gauche ont appelé à une manifestation à Lima samedi 10 décembre à partir de 21h00 GMT, après la fin des matchs de quart de finale de la Coupe du monde de football au Qatar.

Mme Boluarte, vice-présidente jusqu'à son investiture mercredi 7 décembre après la destitution de Pedro Castillo par le Parlement, n'a pas exclu l'organisation d'élections anticipées.

"Je lance un appel aux sœurs et aux frères qui sortent manifester pour leur demander de se calmer", a-t-elle déclaré à la presse.

"Si la société et la situation le méritent, nous proposerons des élections dans le cadre de discussions avec les forces démocratiques du Congrès", a déclaré Mme Boluarte, souhaitant chercher une solution pacifique à la crise politique.

Manifestations

Manifestation en face au Congrès du Pérou, le 10 décembre à Lima. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Des centaines de personnes ont marché vendredi 9 décembre dans les rues de la capitale péruvienne pour exiger la libération de Pedro Castillo. Aux cris de "putschiste", les protestataires ont brûlé des banderoles à l'effigie de Dina Boluarte.

À Andahuaylas, dans la région d'Apurimac d'où Dina Boluarte est originaire, des affrontements entre manifestants et policiers ont fait 20 blessés, dont quatre parmi les forces de l'ordre, selon le Défenseur des droits péruvien.

Le bureau du procureur local a notamment été la cible de frondes et de jets de pierre, auxquels la police a répondu en utilisant du gaz lacrymogène.

Les blessés, dont l'état de santé est inconnu, ont été transportés à l'hôpital.

Deux policiers retenus en otage pendant plusieurs heures ont été relâchés, a encore annoncé le Défenseur des droits.

L'instabilité poplitique au Pérou depuis 1980. Photo : AFP/VNA/CVN

La police avait fait usage jeudi 8 décembre de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui se dirigeaient déjà vers le Parlement, en arborant des pancartes "Liberté pour Castillo", "Boluarte ne me représente pas" ou "Dissolution du Parlement".

Le Bureau du médiateur a appelé sur Twitter "tous les citoyens à être calmes et responsables", rappelant que "l'utilisation de moyens violents pendant les manifestations (était) interdite".

Après sa tentative ratée mercredi 7 décembre de dissolution du Parlement et d'instauration d'un État d'urgence, une manœuvre qualifiée de "coup d'État", Pedro Castillo a été placé en détention provisoire jeudi 8 décembre pour sept jours à la demande du Parquet qui le poursuit pour "rébellion" et "conspiration".

Il est détenu dans une caserne de la police, la même où un autre ex-président, Alberto Fujimori (1990-2000), purge une peine de 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité et corruption.

Son ancien chef de cabinet Guidio Bellido ainsi que Me Guillermo Olivera, l'un de ses avocats, ont laissé entendre vendredi que Pedro Castillo avait "peut-être été incité" à dissoudre le Parlement sous l'effet de psychotropes.

Alors que le Parlement devait débattre d'une troisième procédure de destitution à l'encontre du président Castillo, "pour incapacité morale", depuis son accession au pouvoir en juillet 2021, celui qui était encore à la tête du pays avait fait une déclaration solennelle à la télévision, ceint de l’écharpe présidentielle, annonçant la dissolution du Parlement et la mise en place de l'état d'urgence dans le pays.

"Il ne se souvient pas" de son annonce télévisée, a affirmé M. Bellido, réclamant la réalisation d'un "test toxicologique de toute urgence" sur l'ancien instituteur.

"Tout le monde a vu qu'il lisait d'une manière tremblante, et j'émets l'hypothèse qu'il était sous l'emprise d'un sédatif", a renchéri Me Olivera, affirmant qu'un verre de "supposée eau" avait été servi à son client avant qu'il ne lise "ce message écrit par d'autres personnes, quelques minutes auparavant".

AFP/VNA/CVN

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