France
Pénurie de masques : Salomon pointé du doigt par la Commission d'enquête du Sénat

La Commission d'enquête du Sénat sur la crise du COVID-19 pointe la responsabilité du N°2 du ministère de la Santé, Jérôme Salomon, dans la pénurie de masques dont a souffert la France au début de l'épidémie.

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Jérôme Salomon le 16 septembre à Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans un rapport rendu public jeudi 10 décembre, elle impute "directement cette pénurie à la décision, prise en 2018 par le directeur général de la santé (Jérôme Salomon, ndlr) de ne pas renouveler le stock de masques chirurgicaux", même si "elle est également la conséquence de choix antérieurs".
"On a affaibli l'état de préparation du pays sans en référer à quiconque", a déploré la corapporteure Catherine Deroche (LR) au cours d'une conférence de presse en ligne, estimant que "des impératifs budgétaires ou la peur d'en faire trop" ont prévalu dans les décisions.
"Alors qu'il s'établissait à 754 millions d'unités fin 2017, le stock stratégique de masques chirurgicaux n'en contenait plus que 100 millions fin 2019", écrivent les sénateurs, qui ont mené de nombreuses auditions ces derniers mois.
Le tournant se situe selon eux en octobre 2018. François Bourdillon, alors patron de l'agence Santé publique France, informe le Pr Salomon que "613 millions de masques chirurgicaux sans date de péremption acquis au mitan des années 2000 sont non conformes et ne peuvent en conséquence être utilisés".
"Il lui est indiqué que le stock se compose désormais de 99 millions de masques chirurgicaux, dont 63 millions périment fin 2019", poursuit le rapport.
"Informé de la situation des stocks en 2018, le DGS a pourtant choisi de ne pas les reconstituer, sans en informer la ministre" de l'époque, Agnès Buzyn.
Selon la commission, le Pr Salomon a "ordonné l'achat de seulement 50 millions de masques (50 millions supplémentaires si le budget le permettait), soit moins que la quantité nécessaire ne serait-ce que pour renouveler ceux arrivant à péremption fin 2019".
"Défaut de préparation" 
Les sénateurs l'accusent même d'avoir fait "modifier a posteriori les conclusions d'un rapport d'experts" qui préconisait la constitution d'un "stock élevé, probablement d'environ un milliard de masques chirurgicaux".

"L'analyse de courriels échangés entre la direction générale de la santé et Santé publique France atteste d'une pression directe de M. Salomon sur l'agence afin qu'elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport", pour "faire disparaître la référence à la taille du stock", assure la commission.

Cette intervention constitue "un dysfonctionnement grave des pouvoirs publics de notre pays", a commenté l'un des trois rapporteurs, Bernard Jomier (PS).
Interrogé jeudi soir 10 décembre, Olivier Véran a déclaré s'être "entretenu" avec Jérôme Salomon "en début d'après-midi". "Il m'a indiqué que les échanges d'e-mails, auxquels il est fait allusion dans le rapport (...), il les a lui-même transmis à la commission d'enquête parlementaire".

Une femme porte le masque pour lutter contre le COVID-19 à Paris, le 10 décembre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans un communiqué publié dans la soirée, la DGS assure de son côté qu'"aucune pression n’a été exercée sur le groupe d’experts".
Les recommandations faites à l'époque par Jérôme Salomon sur les masques auprès de Santé publique France "s’inscrivent dans le cadre d’une relation entre un établissement public sous tutelle et son autorité publique dans le cadre de ses missions", poursuit le texte. "
À la suite de ces échanges, le directeur général de Santé publique France a apporté des modifications (...) qui ont été acceptées par l’ensemble des contributeurs du rapport".
Les sénateurs ont déploré par ailleurs "la disparition du stock de masques FFP2" (les plus protecteurs, destinés aux soignants), passé de 700 millions en 2011 à 700.000 en 2016, bien avant l'arrivée du Pr Salomon à son poste en janvier 2018. En cause selon eux, "une interprétation contestable et restrictive des recommandations d'experts".
"Cette crise aura révélé une sorte de toute puissance de la bureaucratie française qui se protège", alors que "le gouvernement accuse systématiquement les Français de ses propres faiblesses", a commenté sur Europe 1 Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.
Au-delà de la seule question des masques, la commission d'enquête du Sénat dénonce plus largement "un défaut de préparation, un défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie et un défaut de communication adaptée" dans la gestion gouvernementale de cette crise sanitaire inédite.
Dans un rapport distinct rendu public le 2 décembre, la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, pilotée par une figure de l'opposition, Eric Ciotti (LR), avait accablé la gestion du gouvernement. La majorité LREM avait dénoncé un "rapport partial et partiel".
La commission d'enquête du Sénat est également présidée par un élu LR, Alain Milon.

AFP/VNA/CVN

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