La pêche a été bonne pour les chasseurs de requins de la commune de Nghia An que nous rencontrons à quai. Plusieurs navires ont jeté l’ancre au port de pêche de Nghia Phu, avec des dizaines de requins dans leur cale, synonymes de centaines de millions de dôngs de profit.
C’est le cas de Trân Thai Son qui a réussi, après plus d’un mois passé au large à ramener plus de quatre tonnes de requins, avec notamment un spécimen de 400 kg. Ou encore du pêcheur Cao Tân qui vient de rentrer avec une quarantaine de requins, d’une valeur totale de plus de 400 millions de dôngs. Au cours de ces trois derniers mois, Cao Tân a effectué avec succès trois voyages en haute mer, pêchant des dizaines de tonnes de requins, et empochant au passage près de deux milliards de dôngs. Des résultats qui font de lui un des grands noms du pays dans ce domaine et un homme éminemment respecté dans le milieu.
Les pêcheurs courageux font fotune grâce à la pêche au requin en haute mer. |
Photo : CTV/CVN |
«Tout le monde sait que la pêche au requin est un travail très risqué, indique Cao Tân, 42 ans. Mais le jeu en vaut la chandelle et permet de faire fortune. C’est pour quoi il attire toujours des pêcheurs de la commune de Nghia An».
En effet, la soupe d’ailerons de requin est un met de choix dans toute l’Asie du Sud-Est. Les pêcheurs de requins de Tu Nghia vendent les ailerons aux négociants qui en exporteront à l’étranger. Actuellement, un kilo d’aileron (vendu sur le port) se négocie entre 1,6 et 1,8 million de dôngs. Il faut savoir qu’un poisson de 300-400 kg donne en moyenne 60-70 kg d’ailerons.
Un navire de grande puissance pour la pêche
Cao Tân ne sait pas vraiment de quand date le métier de pêcheur de requins dans le district de Tu Nghia. Il sait juste que «dès mon enfance il y a une quarantaine d’années, j’ai vu mon grand-père paternel aller à la pêche». À cette époque, les navires et équipements de pêche étaient rudimentaires, il n’y avait pas d’informations radiophoniques. Les cordes avec lesquelles on attachait les requins pour les ramener au port étaient faites de fibres de coco.
Dans la famille de Cao Tân, le métier de pêcheur de requins se transmet de père en fils. Arrivant à l’âge adulte, Cao Tân a continué dans la droite lignée de son père. «Depuis mes premiers pas de pêcheurs, nous avons fait construire de grands navires propulsés par de puissants moteurs adaptés à la pêche hauturière, dit Cao Tân. D’autre part, nous sommes équipés d’un poste de radio et recevons régulièrement des infos du continent».
Avant chaque départ, Cao Tân, propriétaire et capitaine du navire QNg 97319 et son équipage, composé d’une quinzaine d’hommes doivent préparer avec minutie tout l’attirail, notamment les engins de pêche (un millier d’hameçons et de longues bobines de fils de pêche d’acier). «L’important, c’est d’avoir un grand navire, assez puissant pour faire face à la houle et au vent, surtout par mauvais temps», dit Cao Tân, fier de son navire de 160 chevaux-vapeur, qu’il a acquis moyennant 700 millions de dôngs. En effet, ce genre d’«excursion» se prolonge souvent plus d’un mois.
Un métier exigeant
«Chaque session de pêche demande de parcourir 800-900 milles marins au large pour parvenir aux endroits fréquentés par des requins. Ce seul trajet prend déjà une bonne semaine», raconte le pêcheur, fort de plusieurs dizaines d’années d’expérience dans ce métier. Comme les requins vivent en haute mer, dans des zones tranquilles, seuls les grands navires sont capables d’aller à leur rencontre pour les capturer.
Avec chaque départ, les pêcheurs doivent préparer avec minutie tout l’attirail, notamment les engins de pêche. |
«Si notre voyage dure un mois, nous travaillons vraiment pendant cinq jours environ, raconte Cao Tân. Durant ce laps de temps, nous pouvons pêcher entre 40 et 60 spécimens. C’est déjà très bien !» La «partie de pêche» commence vers 15 heures et dure jusqu’à minuit, nous dit le pêcheur Vo Phi Hùng, qui pratique ce métier depuis dix ans maintenant. «La nuit tombante correspond au moment où les requins entrent en activité pour se nourrir. C’est aussi le moment où l’on met les lignes à l’eau pour qu’à coup sûr, plusieurs requins se fassent prendre au piège», dit Vo Phi Hùng. Les meilleurs appâts pour les requins sont les plus odorants. En d’autres termes, la chair sanglante du poisson cru.
Cette activité, pour les dangers qu’elle comporte, exige un esprit alerte, de bonnes capacités d’observation et de jugement, ainsi qu’une détermination dans les actes. C’est pour quoi rares sont les jeunes pêcheurs qui peuvent exercer ce métier, selon le vieux pêcheur Cao Chang, 78 ans, propriétaire de près de dix gros navires de pêche et dont ses trois fils perpétuent la tradition familiale.
Ces pêcheurs courageux et la commune de Nghia An en général font fortune, on l’a vu, grâce à la pêche au requin en haute mer. La plupart sont capables d’acquérir des navires de grande puissance (entre 90 et 360 chevaux-vapeur) conçus pour le large. Ces dernières années, la commune de Nghia An enregistre en moyenne une production annuelle qui se chiffre à plus de 700 milliards de dôngs, dont 95% provient de la pêche.
Hoàng Hoa/CVN