>> Le Premier ministre libéral Rutte remporte les législatives
>> Le roi des Pays-Bas appelle à une solution européenne au défi migratoire
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le 24 juin à La Haye, aux Pays-Bas. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Rutte, l'un des chefs de gouvernement à la plus grande longévité au pouvoir de l'Union européenne et le plus longtemps en place de l'Histoire des Pays-Bas, a déclaré que les négociations d'urgence entre les partis de la coalition n'ont finalement pas conduit à un accord.
Elles ont achoppé sur le projet du Premier ministre de durcir les restrictions du regroupement familial pour les demandeurs d'asile, dans l'objectif de réduire le nombre de ces derniers, après un scandale lié à sa gestion des centres d'accueil de réfugiés, surpeuplés.
"Ce n'est pas un secret que les partenaires de la coalition ont des visions très différentes sur la politique migratoire", a déclaré M. Rutte de droite libérale, VVD (Parti populaire pour la liberté et la démocratie), au cours d'une conférence de presse extraordinaire vendredi à La Haye.
M. Rutte a ajouté qu'il a encore "l'énergie" de se présenter comme tête de liste de son parti aux législatives afin de viser un cinquième mandat, mais qu'il devait dans un premier temps y "réfléchir".
Le roi Willem-Alexander (centre) pose avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte et son quatrième cabinet devant le palais de Noordeinde à La Haye, le 10 janvier 2022, à la suite de la cérémonie de prestation de serment et d'investiture. |
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Le Premier ministre a remis plus tard dans la soirée sa démission au roi, a déclaré le gouvernement dans un communiqué, précisant que le Premier ministre a rendez-vous samedi 8 juillet au Palais Huis ten Bosch à La Haye, où réside la famille royale, afin de s'entretenir de la chute de son gouvernement, le quatrième de M. Rutte depuis 2010.
"Très décevant"
Les élections législatives anticipées auront lieu au plus tôt à la mi-novembre, a déclaré la commission électorale, après le discours de démission de M. Rutte.
Le chef du gouvernement avait semé ces derniers jours le trouble chez ses partenaires de la droite et du centre, en exigeant d'eux l'adoption d'une série de mesures clivantes autour de l'accueil des demandeurs d'asile, dont l'instauration d'un quota du nombre d'enfants en provenance de zones de conflits pouvant obtenir l'asile aux Pays-Bas.
Les réfugiés déjà établis aux Pays-Bas ne seront plus autorisés à y être rejoints par leurs enfants si un quota mensuel de 200 enfants est déjà atteint, a-t-il également demandé.
Deux des quatre partis de la coalition, plus souples sur l'immigration, la petite formation protestante ChristenUnie et les centristes libéraux du D66, sont opposés à ce projet.
"La famille et que les enfants grandissent avec leurs parents, est une valeur fondamentale pour nous", a déclaré la ministre de la lutte contre la pauvreté et membre de la ChristenUnie Carola Schouten, ajoutant que c'était "un moment très difficile".
Le ministre des Finances, Sigrid Kaag, du D66, a déclaré qu'il y avait eu "des tensions inutiles" dans les pourparlers et que l'effondrement du gouvernement était "regrettable".
Le ministre des Affaires étrangères Wopke Hoekstra du parti chrétien-démocrate CDA a déclaré que la chute du gouvernement était "très décevante, inutile et inexplicable pour le peuple du pays".
"Inquiet"
Les Pays-Bas doivent prochainement entrer en campagne électorale, l'une des plus houleuses et clivantes depuis plusieurs années, alors qu'une nouvelle formation pro-agriculteurs, le Mouvement agriculteur–citoyen (BoerBurgerBeweging ou BBB), opposée à des réglementations environnementales de l'Union européenne a obtenu le plus de sièges lors des élections régionales de mars, qui déterminent également la composition du Sénat.
Sa dirigeante Caroline van der Plas dit refuser que son parti fasse partie d'une coalition dans laquelle M. Rutte jouerait un rôle et n'exclut pas de viser le poste de Première ministre.
Après la chute du gouvernement de M. Rutte, une foule de badauds a commencé à se rassembler devant des bâtiments du gouvernement.
"Je suis assez inquiet. Je m'inquiète de ce à quoi le prochain gouvernement ressemblera", a déclaré Marijn Philippo, informaticien de 19 ans.
"J'espère que le prochain gouvernement sera mieux que celui-ci, notamment sur le sujet de l'asile", a ajouté Pieter Balkenende, 32 ans.
AFP/VNA/CVN