Brexit
"Pas de soutien suffisant" au Parlement, selon Theresa May

L'accord de Brexit négocié avec Bruxelles n'a "pas de soutien suffisant" au Parlement britannique pour être soumis une troisième fois au vote des députés, a estimé lundi 25 mars la Première ministre Theresa May.

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La Première ministre britannique Theresa May au Parlement de Westminster le 25 mars.

"En l'état actuel, il n'y a pas de soutien suffisant au Parlement pour soumettre à nouveau l'accord à un troisième vote", a-t-elle dit. L'adoption de cet accord est la condition mise par l'Union européenne à une sortie ordonnée du Royaume-Uni de l'UE, dont la date a été repoussée au 22 mai. Le Royaume-Uni aurait théoriquement dû quitter l'UE vendredi 29 mars à 23h00 GMT, un peu moins de trois ans après le référendum de juin 2016. Mais faute d'avoir pu rallier les députés derrière l'accord de divorce qu'elle a péniblement négocié avec Bruxelles, Theresa May a été contrainte de demander aux dirigeants de l'UE un report de cette échéance historique, fixée désormais au 12 avril au plus tôt.

"Je continue à discuter avec des collègues de la Chambre pour trouver des soutiens de façon à ce que nous puissions organiser un vote cette semaine", a poursuivi Mme May. Ces déclarations interviennent alors que les députés devraient se prononcer dans la soirée sur un amendement qui leur offrirait la possibilité de donner leur avis sur plusieurs options dans la future relation avec l'UE: maintien dans le marché unique, nouveau référendum, voire annulation de la sortie de l'UE. S'ils votent pour, cela constituera une nouvelle humiliation pour Theresa May, après les deux rejets massifs de son accord de Brexit.

"Je persiste à croire que cela constituerait un précédent indésirable qui aurait pour effet de renverser l'équilibre de nos institutions démocratiques", a affirmé la Première ministre, précisant que le gouvernement voterait contre un tel amendement. Les Britanniques ne savent donc toujours pas quand et sous quelles conditions ils quitteront l'UE. La Commission européenne a elle jugé qu'un divorce sans accord le 12 avril et sans période de transition était "de plus en plus vraisemblable".

"Cela créera évidemment des perturbations significatives pour les citoyens et les milieux d'affaires", a-t-elle mis en garde dans un communiqué, tout en annonçant qu'elle avait terminé ses préparatifs pour un tel scénario. "Il faut se préparer au pire", a renchéri la secrétaire d'État française à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher, soulignant: "on n'a plus que quinze jours pour le faire".

Complots

Lundi matin 25 mars, Theresa May a discuté du Brexit avec ses ministres. "Il y a une réelle détermination à trouver un moyen permettant au Royaume-Uni de partir avec un accord et de respecter le résultat du référendum dans les meilleurs délais", s'est contenté de déclarer son porte-parole après la réunion.

La veille, la dirigeante avait déjà réuni plusieurs membres de son gouvernement et des Brexiters influents dans sa résidence de campagne de Chequers, dont l'ex-ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, et Jacob Rees-Mogg, président de l'European Research Group, un groupe de députés partisans d'une sortie de l'UE sans concession, pour tenter de rallier leur soutien. Selon plusieurs commentateurs politiques, certains Brexiters auraient à cette occasion tenté de négocier leur soutien à l'accord de retrait en échange de sa démission. Et les médias britanniques fourmillent de rumeurs de complots ourdis contre elle par son propre camp.

Le tabloïd The Sun, quotidien le plus lu du pays, claironnait en une lundi 25 mars: "Il est temps, Theresa", estimant qu'elle devait démissionner pour donner à son accord une chance d'être approuvé. Anticipant un possible rejet du traité de retrait, les dirigeants de l'UE ont donné à Mme May le choix: soit l'accord est voté et le Royaume-uni effectue une sortie ordonnée de l'UE, avec un court report fixé au 22 mai. Soit l'accord est rejeté et Londres aura jusqu'au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report qui impliquerait la tenue d'élections européennes fin mai dans le pays. Sinon, ce serait une sortie sans accord.

Pendant ce temps, une pétition en ligne demandant au gouvernement de renoncer au Brexit, lancée la semaine dernière, continuait de rencontrer un succès spectaculaire et avait franchi les 5,5 millions de signatures lundi 25 mars. Et le gouvernement a lancé une campagne nationale pour inciter les Européens à effectuer les démarches nécessaires pour rester dans le pays après le Brexit.


AFP/VNA/CVN

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