Parlons de stress

Docteur Vu Van Dzi (Oklahoma) - VVD : Comment traduisez vous le mot stress en vietnamien ?

Huu Ngoc (HN) : Bien que ce terme anglais soit un peu difficile à prononcer pour le commun du peuple, on l'adopte tel quel dans les dictionnaires de la langue vietnamienne. Il est devenu de plus en plus familier après trente ans de bouleversements dus à la révolution et à la guerre, le nombre croissant de stressés est alarmant. Je crois qu'à l'échelle mondiale, ce sont les Américains qui ont été les premiers, dans les années 70, à sonner l'alarme quant à ce phénomène qui tend à s'universaliser.

VVD : Le mal ne fait qu'empirer aux États-Unis. Chaque année, quand arrivent les derniers mois, on y vit dans une tension nerveuse continuelle à cause du flux des affaires, des excès de la table et de multiples plaisirs effrénés occasionnés par les fêtes qui se succèdent : Thanksgiving Day, Noël, Nouvel An ... La crise mondiale à l'heure actuelle jette de l'huile sur le feu du stress. Beaucoup de gens perdent leur emploi, leur maison, leur voiture, leurs biens dans le Stock Wall Street, pas mal de familles se dispersent. À Los Angeles, tous les membres d'une famille se sont suicidés pour avoir vu leurs "stocks" s'en aller en fumée. En 2008, 81% des Américains sont stressés à cause des affaires économiques et financières, contre 73% en 2007 et 56% en 2006.

HN : L'Europe non plus n'en est pas épargnée. J'ai appris que vers l'an 2000, 28% des Européens se déclaraient atteints de stress. Pourtant, les racines du mal ont de décelées depuis des décennies.

VVD : Le médecin canadien Selye a trouvé le syndrome d'adaptation, ensemble des modifications qui surviennent dans un organisme quand survient un choc traumatique ou en général un stress, et qui lui permettent d'en supporter les conséquences physiopathologiques. Il a consacré le terme stress en 1950. Cannon avec sa théorie FIGHT OR FLIGHT a contribué à mettre en évidence l'importance des réactions corticosurrénaliennes (décharge d'adrénaline) hypophysaire dans la réponse au stress.

HN : Le stress est un fléau. Mais pourquoi certaines entreprises en France ont-elles cherché à exploiter le côté positif de ses effets : sur les individus dans la vie professionnelle : accroissement de l'énergie, volonté de se dépasser. On cherchait à créer et à entretenir le stress chez les employés, créer un climat de concurrence acharnée. Des pays de l'Europe de l'Est le faisaient également.

VVD : Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Le stress développe un sentiment d'angoisse et une tension permanente qui usent l'homme. La lutte contre le stress est plutôt aujourd'hui un sujet de préoccupation pour toutes les sociétés.

HN : Comment l'organisme se défend-il ?

VVD : Comme je l'ai dit tout à l'heure, au stress l'organisme répond par des défenses immunitaires ou anti-infectueuses et des réactions corticosurrénaliennes. Les glandes surrénales secrètent des hormones, en particulier le cortisol qui joue un rôle important dans la régulation des fonctions métaboliques de la tension artérielle, des réactions immunitaires. Mais si les surrénales sont soumises à des excitations prolongées, ce processus peut causer l'hypertension et de nombreuses maladies. L'hyperabondance du cortisol affaiblit le système immunitaire, l'organisme devient la proie facile des grippes et des maladies infectieuses. Le stress peut causer des maladies cardiovasculaires, le diabète, les maux d'estomac, la dépression mentale qui frappe 60% des Américains, et qui peut mener aux violences familiales et sociales, au banditisme, au meurtre, au suicide.

HN : Comment prévenir et traiter le stress ?

VVD : Il faut beaucoup de temps et de patience.

Premièrement, pratiquer régulièrement la gymnastique qui favorise la formation des endorphines par le cerveau, ces peptides ayant une action analgésique et anti-inflammatoire. Elle facilite l'action préventive du cortisol, dilate les artères, diminue l'hypertension, permet d'éviter la dépression nerveuse. Nous recommandons en particulier la marche et le jogging, chaque jour de 20 à 45 minutes.

Deuxièmement, soigner le sommeil qui permet à l'organisme de se refaire, de se débarrasser des tracas du jour. Le manque de sommeil peut agir sur la sécrétion de la cytokine qui collabore à la défense immunitaire.

Troisièmement, se créer des états d'âme de sérénité pour diminuer le stress, la tension sanguine, ralentir le rythme de la respiration et des battements du cœur. Certaines pratiques orientales sont très efficaces, le yoga par exemple. La respiration profonde est excellente.

HN : À ce sujet, feu le Docteur Nguyên Khac Viên, pédiatre, psychologue, publiciste, Grand Prix de la Francophonie de l'Académie Française, a crée un mouvement de duong sinh (gymnastique psychocorporelle) basé sur la respiration profonde. Il m'avait dit en souriant quelques années avant sa mort : "Si je peux laisser quelque chose d'utile à la postérité, c'est un court poème sur la respiration profonde : l'idée essentielle c'est :

+Rentrez votre ventre, expirez.

Gonflez votre ventre, inspirez+".

Il faut respirer avec son ventre, apprendre ainsi à maîtriser son système musculaire diaphragmatique.

VVD : Le Docteur Viên a su marier les médecines occidentale et orientale. On est en train d'expérimenter deux autres méthodes de traitement du stress : l'aromathérapie basée sur l'emploi de certains arômes analgésiques et la cognitive therapy du Docteur Aron Beck relevant de la psychothérapie.

Huu Ngoc/CVN

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