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Remontées mécaniques vides à Sestriere, au Piémont, en Italie, le 26 novembre |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"S'il y a des pays qui maintiennent des stations ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français" et pour "ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations en France", a déclaré le chef de l'État après avoir reçu le Premier ministre belge Alexander de Croo mardi 1er décembre. "Nous aurons des mesures restrictives et dissuasives" qui "seront affinées dans les prochains jours avec le gouvernement et en fonction de la clause de revoyure qu'on a prévue vers le 11 décembre", a-t-il précisé.
Ce durcissement de ton semble sonner le glas de la tentative de coordination de ces derniers jours : la veille encore, le gouvernement assurait "poursuivre ses échanges avec ses partenaires européens afin qu'une approche commune puisse être adoptée". Mardi 1er décembre, Emmanuel Macron a encore assuré vouloir, avec Berlin et Rome, "convaincre" ses "partenaires" de ne pas rouvrir leurs stations, tandis que M. de Croo jugeait nécessaire "une solidarité entre pays"... tout en prévenant que Bruxelles contrôlera à ses frontières ses ressortissants de retour de vacances à l'étranger.
Las ! Si Berlin et Rome garderont leurs stations fermées, la Suisse ouvre les siennes, l'Espagne et l'Autriche pourraient faire de même, et même l'Andorre, dont Emmanuel Macron est "coprince", envisage de leur emboîter le pas. Une forme de "concurrence déloyale" qui suscite des inquiétudes : "Si l'Autriche et la Suisse, qui sont nos deux principaux concurrents, ouvraient, ça nous poserait un sérieux problème pour Noël et pour l'avenir", a déclaré mardi 1er décembre le PDG de Compagnie des Alpes, Dominique Marcel, au site Boursorama.
Des "lieux de brassage" où "il fait nuit à 17h"
"Ce sont plutôt des mesures qui nous rassurent", a réagi Jean-Luc Boch, président de l'Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM). Le président de la République "a pris conscience qu'on ne pouvait pas fermer nos domaines skiables et laisser les autres accueillir nos skieurs, quitte à ce qu'ils ramènent le virus chez nous !". "La Suisse a fait de la communication pour promouvoir un service de bus transfrontaliers pour venir chercher nos skieurs !", a-t-il assuré.
Pour Alexandre Maulin, président de Domaines skiables de France (DSF), "le malheur des autres n'a jamais fait mon bonheur", et les professionnels continuent à plaider pour une réouverture. Le secteur de la montagne ne décolère pas depuis l'annonce que les remontées mécaniques resteront fermées en décembre, donc pour les vacances de Noël et l'avant-saison qui représentent 20% de l'activité, alors que le Premier ministre avait semblé ouvrir la porte à une réouverture, si les conditions sanitaires s'amélioraient. Mais la décision "a été arbitrée", a fait valoir une source au gouvernement.
Les stations sont "des lieux de brassage" où "on se retrouve dans des lieux qu'on a loués à plusieurs. On sait que c'est comme cela qu'on s'infecte et donc on cherche plutôt à l'éviter" pour "ne pas sacrifier tous les efforts qu'on a faits", a argumenté Emmanuel Macron. "Si par malheur (...) l'épidémie repart (...) et que cette fois-ci c'est du mois de janvier au mois d'avril qu'il faut fermer les stations de sports d'hiver et les stations de montagne, on sera tous perdants et, là, c'est 80% du chiffre d'affaire de l'économie de la montagne qui sera perdu", a martelé le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, mardi soir 1er décembre sur LCI.
Mais, selon le président de la Confédération pyrénéenne, Michel Poudade, "rien n’empêchait le gouvernement de mettre en œuvre des mesures permettant d’avoir des stations ouvertes, d’autres fermées selon les régions et les problématiques sanitaires".
L'annonce, lundi 30 novembre, d'une série d'aides - indemnisation des remontées mécaniques, chômage partiel avec "un reste à charge zéro" pour les saisonniers- n'a nullement calmé le secteur. Professionnels et élus se rassembleront pour protester contre la fermeture des remontées mécaniques qui pèse sur toute l'économie des stations-villages et des vallées, mercredi matin 2 décembre à Bourg d'Oisans (Isère) et Bourg-Saint-Maurice (Savoie).
AFP/VNA/CVN