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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed s'adresse aux députés le 30 novembre, à Addis Abeba. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Tigré est privé de tout approvisionnement depuis le 4 novembre, lorsque le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale à l'assaut des forces du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui dirige la région et défiait son autorité depuis des mois. M. Abiy a clamé victoire samedi, après la prise annoncée de la capitale régionale Mekele par les troupes gouvernementales.
Mais le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, qui a promis de poursuivre le combat contre "les envahisseurs", a affirmé que des affrontements se poursuivaient mardi 1er décembre, "près de Mekele" et près de la localité de Wukro, à 50 km plus au nord. Ces assertions sont impossibles à vérifier de source indépendante, comme celles du camp gouvernemental. Avant le conflit, environ 600.000 personnes dépendaient totalement de l'aide alimentaire pour se nourrir, et un million d'autres bénéficiaient d'un "filet de sécurité" alimentaire, selon le Bureau onusien de coordination humanitaire (Ocha).
Quatre semaines de combats ont poussé quelque 45.500 personnes à fuir au Soudan voisin et ont déplacé un nombre indéterminé d'hommes femmes et d'enfants à l'intérieur du Tigré. "Ces populations déplacées ont désespérément besoin d'aide humanitaire" et "l'accès aux régions touchées est essentiel pour comprendre combien ont été forcés à fuir et où elles se trouvent", souligne mardi 1er décembre l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM) de l'ONU.
Du côté du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), "l'inquiétude grandit d'heure en heure" au sujet des quatre camps abritant depuis des années quelque 96.000 réfugiés érythréens au Tigré. "Les camps doivent maintenant être à court de biens alimentaires, ce qui rend plus réelle la menace de faim et de malnutrition", a déclaré à Genève le porte-parole du HCR, Babar Baloch, rappelant que l'organisation mettait en garde contre ce danger depuis le début du conflit au Tigré. Le HCR "appelle le gouvernement éthiopien à (...) autoriser les humanitaires à accéder à ceux désormais désespérément dans le besoin", a-t-il ajouté.
"Toujours pas d'électricité"
Le directeur général adjoint de l'Agence éthiopienne pour les Réfugiés et les Rapatriés, Eyob Awoke, a dit mardi 1er décembre estimer qu'il restait de la nourriture pour la semaine à venir, mais admis que son agence n'avait aucun contact avec les camps en raison du blackout sur la région et n'avait pu s'y rendre. Selon le HCR, en raison des "difficultés actuelles en matière de communications et de sécurité qui en empêchent l'accès, il est impossible de vérifier les conditions actuelles dans les camps".
Carte localisant la région du Tigré en Éthiopie et l'Érythrée voisine. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
M. Baloch a fait état mardi 1er décembre d'informations non confirmées d'attaques, d'enlèvements, et de recrutements forcés dans ces camps, sans en préciser les auteurs. Le TPLF affirme que c'est l'oeuvre de soldats érythréens prêtant main-forte au Tigré à l'armée éthiopienne qui de son côté nie toute implication érythréenne dans les combats. Le réseau de téléphonie mobile et internet, coupé depuis le 4 novembre, a été rétabli dans plusieurs localités de l'ouest du Tigré, sous contrôle de l'armée fédérale depuis près de trois semaines.
"Cela résout de nombreux problèmes, mais le problème subsiste dans de nombreuses zones (...) et nous n'avons toujours pas d'électricité", a expliqué Tewodros Gebreselassie, un habitant joint à Humera, dans le nord-ouest du Tigré, aux confins du Soudan et de l'Erythrée. Un porte-parole d'Ethio Telecom, l'opérateur unique en Ethiopie, a indiqué ne pas pouvoir donner d'informations sur ses services au Tigré. Mardi 1er décembre, le gouvernement éthiopien a également annoncé la reddition d'une haute responsable du TPLF, Keria Ibrahim.
Présidente de la Chambre haute du Parlement fédéral, elle avait démissionné de ses fonctions après le vote par les parlementaires du report de tous les scrutins en Ethiopie, en raison de l'épidémie de coronavirus. Rejetant cette décision rendant "illégitime" selon lui le pouvoir de M. Abiy, le TPLF a organisé son propre scrutin régional au Tigré, déclenchant une série de mesures de rétorsion qui allait mener au conflit actuel.
AFP/VNA/CVN