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Pour ce 450e marché de Noël, le plus célèbre de France, qui se tient jusqu'au 30 décembre, les anges soufflant dans leurs buccins vont à nouveau scintiller dans la rue menant à la cathédrale.
Décorations en tout genre, santons et bredele (petits biscuits traditionnels) attendent les acheteurs dans 300 chalets tandis que rennes et oursons en peluche guettent depuis les façades des commerces et restaurants des flots de touristes prêts à envahir le centre historique.
Cette édition fait aussi la part belle à Par2290926 l'enfance, avec un grand sapin décoré de jouets d'autrefois, des ateliers manuels et des spectacles pour les petits.
Dans cette atmosphère festive et les odeurs de cannelle et de vin chaud affleurera cependant le souvenir du 11 décembre 2018, quand Cherif Chekatt avait semé la terreur, armé d'un pistolet et d'un couteau, dans les ruelles du centre-ville, à l'heure où le marché de Noël s'apprêtait à fermer.
Ce délinquant multirécidiviste de 29 ans, fiché pour radicalisation islamiste avait tué cinq hommes et blessé une dizaine de personnes avant d'être tué par une patrouille de police après deux jours de cavale.
Un an après le drame, la mairie et la préfecture ont promis un dispositif sécuritaire "plus dynamique et mieux coordonné", tout en reconnaissant que le marché de Noël ne pourra jamais être complètement "étanche". Ce dispositif sera présenté au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, qui se rendra à Strasbourg vendredi après-midi 22 novembre.
"Nous n'avons aucun élément spécifique d'inquiétude, terroriste ou autre, concernant le marché de Noël de Strasbourg", a déclaré le ministre, dans un entretien aux Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), assurant vouloir "porter un message de vigilance, mais aussi de sérénité, de confiance et d'invitation à la fête".
Parmi les mesures de sécurité : environ 500 forces de l'ordre en tenue et en civil, l'accès au centre-ville filtré avec des points de contrôle auxquels les visiteurs devront se présenter sacs et manteaux ouverts, des obstacles et des fosses pour parer la menace de véhicules-béliers.
Le 11 décembre, une journée d'hommage sera organisée en souvenir des victimes de l'attentat, moment d'émotion à mi-course du marché de Noël.
"Montrer qu'on a peur, hors de question"
Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner (centre) lors de la réouverture du marché de Noël après l'attentat, à Strasbourg, le 14 décembre 2018. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jeudi 21 novembre, Monique Kuprycz-Adam finissait d'arranger pains d'épices et confiseries dans son chalet "S'Zucker Hisele", comme elle le fait chaque année depuis un demi-siècle.
Un an après l'attentat, elle trouve encore l'atmosphère "lourde", mais n'a pas envisagé de bouder l'événement. "Ma famille fait le marché de Noël depuis 1906, ça serait montrer qu'on a peur, hors de question", tranche-t-elle.
La peur des attentats ne semble pas non plus avoir découragé les visiteurs. Benjamin, 27 ans, et Saskia, 24 ans, sont venus de Stuttgart passer trois jours dans la capitale alsacienne et comptent bien profiter du marché de Noël, car, même si ces marchés rythment aussi les fins d'année en Allemagne, "ce n'est pas aussi gigantesque ni magnifique".
Quant aux attentats, ils peuvent "se passer n'importe où", considère Saskia, également rassurée par les mesures de sécurité visibles.
"Les tendances sont bonnes, on a une montée en charge des réservations qui est très encourageante pour l'ensemble de la saison des marchés de Noël, mais on a toujours une inquiétude à cause de la grève SNCF du 5 décembre", explique Pierre Siegel, du Groupement des hôteliers, restaurateurs et débitants de boissons du Bas-Rhin.
Avec un budget qui devrait atteindre 4,5 à 5 millions d'euros pour ce marché, dont près d'un million pour la sécurité, Strasbourg attend près de 250 millions d'euros de retombées économiques.
Invité d'honneur de cette édition : le Liban, et particulièrement Byblos, port phénicien symbole de diversité, avec un marché thématique qui proposera mezze et produits artisanaux.
Au-delà de Strasbourg, tout le Nord-Est de la France entre dans la saison des marchés de Noël, de Montbéliard à Metz, en passant par Kaysersberg, Obernai et Sélestat. Colmar, qui attend 1,5 million de visiteurs contre 2 millions à Strasbourg, inaugure aussi son marché vendredi soir 22 novembre.
AFP/VNA/CVN