La surexploitation du fleuve Amou-Daria menace la sécurité en Asie centrale

La surexploitation du fleuve Amou-Daria qui traverse l'Afghanistan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan, constitue une menace pour la sécurité de ces pays dont les populations souffrent de plus en plus de la raréfaction de ses eaux, a prévenu le 11 juillet l'ONU.

Dans un rapport intitulé "Environnement et sécurité dans le Bassin de l'Amou-Daria", le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) s'alarme de décennies de "surexploitation et de distribution inefficace" des eaux du fleuve, qui court sur quelque 2.500 km en Asie centrale.

Les raisons remontent il y a quelques décennies, avec le lancement de la culture massive de coton dans la région. Très consommatrice en eau, la culture du coton a également nécessité de nombreux produits chimiques (pesticides et fertilisants), polluant sols et rivières.

À cela se sont ajoutés des décennies d' "utilisation intensive" pour l'énergie hydraulique.

Ainsi, depuis sa source dans les montagnes du Pamir en Afghanistan et Tadjikistan, "la rivière est détournée de toutes parts pour irriguer champs et barrages", explique la responsable des programmes de l'initiative "Environnement et Sécurité" (ENVSEC), Laura Rio. "Et plus le fleuve va vers la mer (d'Aral où il se jette), plus il est détourné par des canaux", a-t-elle insisté expliquant qu'au final, "plus rien n'arrivait jusqu'à la mer" (d'Aral).

Résultat, non seulement la mer d'Aral a été divisée par dix entre 1988 et 2008, selon le PNUE, mais les pénuries en eau ne font que s'aggraver pour les populations qui autrefois vivaient de la pêche et souffrent désormais de ses problèmes de qualité, ayant des conséquences notables pour la santé. "Les gens vivent maintenant dans un désert alors qu'avant ils étaient des pêcheurs", a insisté Mme Rio. "C'est une situation très dramatique", a-t-elle souligné en estimant que l'état de la mer d'Aral est révélateur "de la maladie" de l'Amou-Daria.

De fait, selon Mme Rio, cette surexploitation et mauvaise distribution "pourraient constituer une menace sur la stabilité à long-terme" de la région. "Déjà en 1994, les recherches ont identifié le delta de l'Amou-Daria comme un point chaud pour l'environnement et la sécurité", a abondé le patron du PNUE, Achim Steiner, cité dans un communiqué.

Les changements climatiques -la hausse des températures de 2 à 3 degrés dans les cinquante prochaines années devraient conduire à réduire notablement les glaciers approvisionnant en eau le fleuve-, mais aussi l'explosion démographique de la région (la population est passée de 14 millions en 1960 à 50 millions) sont venus assombrir encore le tableau.

Ces éléments mis ensemble "révèlent le potentiel d'augmentation de l'instabilité et même de confrontation" dans la région, s'est ainsi inquiété M. Steiner, craignant des conflits pour des eaux de plus en plus retenues en amont, réduisant d'autant les approvisionnements pour les pays situés en aval. Les constats de l'étude du PNUE ont été avalisés par les quatre pays concernés et devraient servir de base à améliorer la coopération entre eux, espère le PNUE qui reconnaît toutefois que la tâche ne sera pas aisée.

AFP/VNA/CVN

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