"Pour la première fois, les malades des pays en développement auront accès aux mêmes médicaments que les malades vivant dans les pays riches", sans avoir à attendre l'expiration des brevets, a souligné dans un communiqué Philippe Douste-Blazy, directeur exécutif de Unitaid.
Unitaid est une organisation dont l'objectif est de négocier le prix des médicaments contre le sida, le paludisme et la tuberculose pour les pays pauvres. Ses fonds proviennent d'une taxe sur les billets d'avion levée dans 15 pays. Le Medicines Patent Pool est une fondation créée il y a un an en Suisse, où Unitaid a son siège.
Selon l'ancien ministre français de la Santé Douste-Blazy, il s'agit pour les laboratoires pharmaceutiques intéressés de confier "leurs plus récents brevets" au Pool, en en gardant la propriété intellectuelle. Les brevets sont confiés alors à des génériqueurs, pour production et distribution vers les seuls pays pauvres.
L'Onusida a salué cette annonce qui ouvre "une nouvelle ère" dans la lutte contre le sida où "partenaires publics et privés travaillent main dans la main". "J'espère que l'annonce d'aujourd'hui va inspirer d'autres sociétés pharmaceutiques à emboîter le pas", a commenté le directeur exécutif d'Onusida, Michel Sidibé, cité dans un communiqué.
L'accord signé à Londres doit permettre la production des molécules anti-VIH tenofovir (commer- cialisée par Gilead sous le nom de Viread), emtricitabine (Emtriva), et d'autres encore en développement clinique :
cobicistat, elvitegravir, ainsi qu'une combinaison de ces produits en un seul comprimé, le "quad".
La licence autorise aussi le développement et la fabrication d'autres combinaisons incluant ces produits. "Le Pool est un mécanisme innovant, qui permet d'augmenter l'accès aux médicaments brevetés, d'une manière favorable à l'industrie pharmaceutique et aux personnes infectées", a noté Gregg Alton, vice-président de Gilead pour les affaires médicales. Le laboratoire est le premier fabricant mondial d'antirétroviraux.
Les royalties payées au laboratoire seront de 3 % à 5% des ventes de génériques, tandis que les formes pédiatriques seront vendues sans droits. Les licences ne permettront cependant pas la vente dans tous les pays en développement, mais seulement dans les plus pauvres. Pour le tenofovir et l'emtricitabine elles couvriront 111 pays, pour le cobicistat, 102, et pour l'elvitegravir et le Quad, 99.
AFP/VNA/CVN