La célèbre ordonnance impériale sur ce transfert historique en 1010 semble être une source d'inspiration pour des artisans de talent qui veulent la reproduire de leur propre manière. Si le joaillier Ðào Trong Cuong s'affaire actuellement à graver ce texte en écriture idéographique sur un gigantesque bloc de jade, le sculpteur Nguyên Ðình Vinh vient de finir son chef-d'oeuvre en bas-relief nacré sur bois.
"Significativement, ce texte vieux de mille ans s'avère joli dans chacun de ses mots. Il laisse transparaître la clairvoyance, la vision stratégique et les réflexions judicieuses de Ly Công Uân en décidant de transférer la capitale à Thang Long", s'enthousiasme Nguyên Ðình Vinh. Depuis des mois, ce jeune artisan du village de Hoài Trung, district de Tiên Du, province de Bac Ninh, a consacré tout son temps, tout son argent et toute son âme à la réalisation de cet ouvrage d'art, appelé "Ordonnance de transfert de la capitale de Ly Công Uân", qu'il veut dédier au Millénaire de la capitale Thang Long-Hanoi.
Deux cent vingt caractères idéographiques nacrés
Il s'agit d'une grande sculpture sur bois, mesurant 2,05 m de hauteur, 1,95 m de largeur, pour 250 kg. Le texte de l'ordonnance royale comprend 220 caractères idéographiques incrustés de nacre sur un tableau en bois huong, une essence précieuse de couleur dorée. "Ce texte en écriture idéographique est repris du livre +Histoire encyclopédique de Ðai Viêt+. Sa copie est réalisée soigneusement sur le bois par le calligraphe Trân Duc Canh, avant que je procède à l'étape d'incrustation", explique le jeune sculpteur. Et d'ajouter que la nacre de couleur rose est importée de Singapour.
Le tableau des lettres nacrées a un double cadre en bois. Si le cadre intérieur représente des motifs décoratifs creux, celui extérieur est digne d'une sculpture d'art. Sur la partie supérieure du cadre apparaissent 2 dragons tournés vers la lune, image caractéristique de l'époque de la dynastie des Ly (1010-1225). Sur la partie inférieure sont sculptés 5 chauves-souris symbolisant les 5 bonheurs du monde humain, selon le concept oriental (richesse, honneur, longévité, santé et paix). Enfin, le tout est mis sur un support solide, lui aussi en bois.
Pour le moment, l'ouvrage inestimable de Nguyên Ðình Vinh est toujours exposé dans sa maison. Lorsqu'on lui demande ce qui le motive, l'artisan exprime en toute franchise qu'il aime ce métier de sculpture et d'incrustation sur bois, qu'il pratique depuis l'âge de 14 ans. Passionné pour le travail, il est également un féru d'histoire, notamment des légendes et des personnages illustres du pays que les artisans s'appliquent quotidiennement à sculpter sur les tableaux. "Et je désire ardemment faire quelque chose de significatif en l'honneur de notre capitale millénaire", confie-t-il. Chaque fois qu'il contemple ce tableau, il imagine "la noblesse d'esprit de la nation reflétée dans l'image du dragon prenant son envol".
Nghia Ðàn/CVN