"Je peux confirmer qu'il s'agit de l'une des opérations internationales les plus abouties au cours des dernières années contre ce qui est probablement le plus grand réseau de pédophilie via Internet au monde", a déclaré le directeur de l'office de police européen, Rob Wainwright, au cours d'une conférence de presse à La Haye.
L'enquête, baptisée "Opération sauvetage", qui avait démarré en 2008, a permis d'identifier 670 suspects. Cent quatre vingt-quatre ont été arrêtés dont les deux tiers au Royaume-Uni et 230 enfants victimes "ont été sauvés", a souligné M. Wainwright. "Nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent encore", a-t-il souligné, ajoutant : "c'est d'ores et déjà l'affaire la plus importante que nous ayons jamais vue".
L'enquête s'est concentrée sur un forum Internet, "boylover.net", faisant la promotion des relations sexuelles entre adultes et jeunes garçons et qui a compté jusqu'à 70.000 membres. Ceux-ci entraient en contact les uns avec les autres via le forum et poursuivaient leurs relations par courriels, échangeant des photos et des vidéos de pornographie infantile.
Le forum Internet avait été infiltré par des policiers britanniques et australiens qui étaient parvenus à identifier ses membres les plus actifs. Le serveur du site, administré par un Néerlandais, avait été localisé aux Pays-Bas en 2009. "En 2010, les experts d'Europol ont réussi à forcer les systèmes de sécurité sophistiqués du serveur pour démasquer cet immense réseau de délinquants sexuels présumés", a expliqué Rob Wainwright.
Europol a adressé plus de 4.200 fiches de renseignements aux services de police de 25 pays européens et de 8 autres pays dans le cadre de l'enquête dans laquelle treize pays au moins ont été impliqués. "Cela a permis aux polices de ces pays de remonter la piste des délinquants présumés et d'identifier des victimes potentielles", a souligné le directeur d'Europol.
Les pays concernés par l'enquête sont notamment l'Australie, le Royaume-Uni, la Belgique, le Canada, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, la Pologne, la Roumanie, la Grèce, l'Espagne, l'Islande, les Pays-Bas et l'Italie. "Il est important que les délinquants comprennent que l'Internet n'est pas un endroit sûr pour se cacher et que, où qu'on aille dans le monde, il n'y a jamais d'endroit sûr pour se cacher", a déclaré de son côté Peter Davies, du Centre de protection contre l'exploitation des enfants en ligne (CEOP), dont le siège est au Royaume-Uni.
Environ 240 délinquants sexuels ont été identifiés au Royaume-Uni, a-t-il précisé. Le suspect le plus âgé était âgé de 84 ans.
L'un des suspects, arrêté en Espagne, participait à des camps de vacances avec des enfants : il est soupçonné d'avoir agressé sexuellement une centaine d'entre eux en cinq ans.
La plupart des suspects faisaient subir des violences sexuelles à des enfants "de leur entourage proche, de leur famille, leur voisinage ou de leur cercle d'amis", a expliqué Cesar Lorenzana, de la police espagnole.
Selon Peter Davies, les suspects ne présentaient pas de profil particulier. "Il n'y a pas de règle concernant leur âge ou la vie qu'ils mènent, il n'y a pas de profil particulier pour quelqu'un qui traite des enfants de cette façon".
AFP/VNA/CVN