Opéra de Hanoi : le porte-drapeau centenaire de l'unité architecturale

Aujourd'hui, le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme célèbre le centenaire de l'Opéra de Hanoi. Lui qui a vu de grandes pages de l'histoire du pays se tourner, ce bâtiment demeure un haut lieu pour les événements artistiques de la capitale et du Vietnam en général.

L'Opéra de Hanoi sis 1, rue Tràng Tiên, est en plein cœur de la capitale. Il accueille depuis maintenant un siècle de grandes pièces d'opéra et de ballet, d'abord à la française et à l'italienne, puis tournées vers le reste du monde. Sa construction - et l'histoire le prouve - aura mis en marche une première intégration de la culture et des arts du Vietnam au monde.

Au cours du XXe siècle, l'Opéra de Hanoi a été le théâtre d'innombrables événements culturels et artistiques et a joué un rôle majeur pour l'essor de la culture vietnamienne contemporaine.

Sur l'aspect purement architectural, Hoàng Dao Kinh, l'architecte responsable de la 1re phase de restauration de l'Opéra de Hanoi en 1995-1997, affirme que l'édifice fait partie des 20 Opéras les plus réputés du globe. Bien qu'il ait été bâti après d'autres ouvrages, son architecture très spéciale fait qu'il ne se ressemble à aucun autre Opéra.

L'Opéra de Hanoi a été dessiné par deux architectes français : Harley et Broyer. Il tient une place importante dans l'architecture urbaine de Hanoi de la première moitié du XXe siècle. Inspiré de l'architecture coloniale française de la fin du XIXe - début du XXe siècle, l'édifice arbore un style mélangeant néo-classicisme et néo-baroque. En scrutant les patrimoines architecturaux de l'époque coloniale française au Vietnam, l'observateur aguerri ne manquera pas de remarquer que les concepteurs de ces bâtiments se sont fortement inspirés du style indochinois, à l'instar du siège du ministère des Affaires étrangères (auparavant le siège la Recette générale des finances (1925-1928), du Palais présidentiel (le Palais du gouverneur général de l'Indochine construit en 1901-1905), du Musée d'histoire du Vietnam (le Musée Louis Finot, du nom du 1er directeur de l'École française d'Extrême-Orient-(EFEO), destiné à accueillir les collections de l'EFEO), ou encore de l'Institut central d'hygiène et d'épidémiologie (Institut Pasteur). En complément de ces édifices, l'Opéra de Hanoi forme l'unité architecturale de Hanoi du début du XXe siècle.

L'Opéra de Hanoi est digne de son statut de patrimoine culturel et architectural urbain de la capitale. Mais comme tout bâtiment, le passage du temps est synonyme de détérioration et la primeur modernité qui faisait foi est peu à peu tombée en décrépitude. C'était le cas avant 1995 : dépourvu d'équipements sonores, d'éclairages, de climatiseurs..., il était alors bien loin de satisfaire aux critères qu'exigent des représentations artistiques de grande qualité. Vers la fin de 1994, le gouvernement - notamment sous l'impulsion de l'ancien Premier ministre Vo Van Kiêt - a par conséquent décidé de mener une grande "opération" pour redonner à cet ouvrage historique et culturel son aura. L'objectif immédiat était de rendre service au Sommet de la Francophonie au Vietnam en 1997, puis de le transformer en une sublime scène de spectacles du pays.

En sa qualité d'expert dans la préservation et la restauration des sites, le professeur architecte Hoàng Dao Kinh s'est vu confier la responsabilité d'orchestrer l'opération de réfection et de modernisation de l'Opéra de Hanoi par le ministère de la Culture et de l'Information (aujourd'hui le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme). "C'était alors la première fois qu'un édifice français bénéficiait de grands travaux de restauration", informe Hoàng Dao Kinh. "La plus grande difficulté aura été de remettre en état la toiture de l'Opéra. Mais avec la conjugaison du talent et du dévouement des artisans vietnamiens, la restauration de cette fraction a été réalisée avec brio", souligne l'architecte.

D'après lui, aucun autre ouvrage architectural au Vietnam ne peut prétendre avoir la qualité nécessaire et la grandeur pour accueillir les grands programmes artistiques. "Ainsi, dans le futur, il faudra faire en sorte de perpétrer les acquis de la grande phase de restauration de l'Opéra de Hanoi en 1995-1997. Et il ne faut pas s'ôter l'idée que cet édifice doit être réservé uniquement aux représentations et programmes de qualité, prestige oblige" conclut-il. Il est bon de rappeler, en effet, que l'Opéra de Hanoi joue un rôle primordial dans le rayonnement de la culture vietnamienne contemporaine.

Thu Trang/CVN

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