L'ONU a estimé que ce flot de personnes déplacées dans le Nord-Ouest du pays risquait rapidement de constituer une des plus graves crises humanitaires de ces dernières années dans le monde.
Même si la grande majorité des quelque 1.450.000 déplacés enregistrés ces 3 dernières semaines se sont égaillés dans leurs familles ou chez des proches dans tout le reste du pays, des dizaines de milliers sont venus s'abriter dans des camps dressés à la hâte à la lisière des zones de combats.
Il faudra fournir à manger à quelque 2 millions de personnes au moins jusqu'en septembre, estime Dominique Frankefort, coordinateur au Pakistan du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU.
Les États-Unis, dont Islamabad est l'allié-clé dans leur "guerre contre le terrorisme", et qui ont multiplié les pressions intenses pour que l'armée lance enfin une vaste offensive contre les talibans de Swat, ont pris la mesure de l'enjeu.
La secrétaire d'État, Hillary Clinton, a loué mardi le "changement de l'état d'esprit" de l'opinion et des dirigeants pakistanais en vue d'endiguer militairement la progression de ces combattants islamistes liés à Al-Qaïda. Et elle a annoncé une aide américaine d'urgence de plus de 100 millions de dollars pour les déplacés.
Les responsables pakistanais s'attendent à ce que la crise humanitaire dure jusqu'en décembre, a déclaré le 20 mai un haut représentant militaire américain à Islamabad, le vice-amiral Michael LeFever, lors d'une téléconférence au Pentagone.
Le ministre pakistanais de l'Information, Qamar Zaman Kaira, a annoncé la tenue hier à Islamabad d'une conférence internationale de donateurs pour venir en aide à un total de 1,9 million de personnes déplacées depuis août dernier. Le Premier ministre Yousuf Raza Gilani a jugé le 20 mai que son pays se battait sur "2 fronts : militaire (...) et humanitaire".
Car la crise des déplacés enfle au moment où l'on voit mal quand et comment l'offensive militaire pourrait prendre fin.
L'armée assure avoir entamé il y a 2 jours seulement sa campagne au sol, dans certains bourgs du nord du district de Swat, après s'être contentée de bombarder intensivement 3 semaines durant, n'épargnant pas de nombreux civils selon des témoignages de rescapés et des organisations des droits de l'homme. Ces dernières accusent également les talibans de tuer des civils ou de s'en servir comme "boucliers humains".
L'armée a annoncé le 20 mai s'être emparée d'un bastion des talibans, la localité de Sultanwas, dans le district de Buner, et avoir tué 80 rebelles au cours de cette opération.
AFP/VNA/CVN