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Photo fournie par l'Organisation iranienne de l'énergie atomique le 12 septembre du chef de l'OIEA Mohammad Eslami et du directeur général de l'AIEA Rafael Grossi, à Téhéran. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le problème le plus urgent a été réglé", s'est félicité le directeur général de l'instance onusienne à son retour à Vienne, après un voyage express à Téhéran. Et Rafael Grossi d'ajouter qu'il s'agissait là avant tout d'une "mesure pour donner du temps à la diplomatie".
Face à la menace d'une possible résolution au Conseil des gouverneurs qui se réunit lundi 13 septembre, Téhéran a invité ce week-end le responsable de l'Agence.
"Les discussions ont été franches" et "la communication rétablie", a rapporté M. Grossi, qui a pu rencontrer le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique et vice-président, Mohammad Eslami.
Cité par l'agence officielle Irna, ce dernier a également salué "des négociations constructives".
"Pas d'interruption"
Dans la foulée de leur entrevue, les deux hommes ont annoncé que les inspecteurs de l'AIEA allaient "être autorisés à intervenir pour entretenir l'équipement et remplacer les disques durs" des caméras placées par l'agence onusienne dans les installations iraniennes.
Leur venue est prévue dans les prochains jours, a précisé Rafael Grossi.
Le précédent compromis avait expiré en juin, et l'AIEA craignait de perdre des données en cas de saturation de la capacité d'enregistrement des appareils.
L'organisation onusienne, dont l'accès est fortement restreint depuis février, n'aura certes toujours pas accès dans l'immédiat aux données des caméras.
Mais "nous pourrons conserver toutes les informations nécessaires pour maintenir une continuité" dans la surveillance jusqu'à ce que les pourparlers de Vienne aboutissent, a souligné M. Grossi. "Il n'y aura pas d'interruption".
Photo fournie par l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, le 12 septembre, du directeur général de l'AIEA Rafael Grossi (centre) à son arrivée à Téhéran. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'AIEA espère cependant que cette solution ne sera que "temporaire". "Ca ne pourra pas durer indéfiniment", a insisté M. Grossi.
Étape positive
Le diplomate de l'Union européenne Enrique Mora, qui chapeaute les pourparlers de Vienne pour ressusciter l'accord de 2015, s'est aussitôt félicité de cette "étape positive", appelant sur Twitter à reprendre les négociations "au plus vite".
Même message du côté de l'ambassadeur russe à Vienne, Mikhaïl Oulianov.
Les États parties à l'accord de 2015 (Iran Allemagne, France, Royaume-Uni, Chine et Russie) tentent depuis avril de faire revenir les États-Unis dans le giron de l'accord, torpillé en 2018 par la décision de l'ex-président américain Donald Trump de s'en retirer et de rétablir les sanctions américaines.
En riposte, l'Iran s'est affranchi progressivement de la plupart de ses obligations prévues par le pacte.
"Transparence"
Le "plan d'action global commun" (JCPOA, selon son acronyme anglais) était censé offrir à Téhéran un allègement des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l'arme atomique et d'une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous strict contrôle de l'ONU.
L'Iran a toujours démenti chercher à se doter de la bombe, insistant sur "la transparence" de son programme.
Les pourparlers actuels avaient été suspendus dans la foulée de la victoire à la présidentielle le 18 juin de l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, qui a succédé au modéré Hassan Rohani, artisan de l'accord nucléaire de 2015 côté iranien.
Ces derniers jours, le secrétaire d'État américain Antony Blinken prévenait que son pays était "proche" d'abandonner ses efforts.
Mais une nouvelle fois, les Iraniens ont démontré leur art de la diplomatie, en "faisant des concessions au moment opportun", a commenté pour l'AFP Ali Vaez, un spécialiste du dossier iranien au sein du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).
"Ce revirement de leur part reflète aussi le fait qu'ils sont prêts à sauver le JCPOA", a-t-il estimé.
AFP/VNA/CVN