Nucléaire iranien : Téhéran et Washington sous pression veulent des avancées

Le secrétaire d'État américain John Kerry est arrivé dimanche 9 novembre à Oman pour tenter avec son homologue iranien d'avancer sur le programme nucléaire de Téhéran, alors que les oppositions internes à un accord se sont renforcées ces dernières semaines.

John Kerry doit rencontrer les 9 et 10 novembre Mohammad Javad Zarif, avec la représentante ad hoc de l'Union européenne Catherine Ashton, pour tenter de rapprocher leurs vues dans le but de conclure, à la date-butoir du 24 novembre, un accord global qui mettrait fin à plus de dix ans de crise nucléaire.

Le secrétaire d'État américain John Kerry accueilli par le ministre des Affaires étrangères omanais Youssef ben Alaoui à son arrivée à Mascate le 9 novembre 2014. 
Le secrétaire d'État américain John Kerry accueilli par le ministre des Affaires étrangères omanais Youssef ben Alaoui à son arrivée à Mascate le 9 novembre 2014. 


"Il y a encore un écart" entre les positions des uns et des autres "sur la taille du programme d'enrichissement et le mécanisme de levée des sanctions", a déclaré M. Zarif, cité par l'agence officielle Irna. "Si l'autre partie fait preuve de bonne volonté politique, on pourra aboutir à un accord".
Cité par la télévision d'État, le ministre iranien a encore affirmé : "Depuis New York, nous avons décidé de nous concentrer sur les solutions au lieu de nous concentrer sur les différences".
Ces deux jours de réunion dans le sultanat d'Oman, qui a déjà accueilli des conversations secrètes sur le nucléaire entre les deux pays ennemis avant l'élection du président modéré Hassan Rohani en juin 2013, interviennent après les récentes révélations sur l'envoi d'une lettre du président américain Barack Obama au guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier.
La missive plaide en faveur d'un accord nucléaire, faisant valoir que l'Iran et les Occidentaux ont des intérêts communs dans la région.
Toutefois, la référence à la lutte en Irak et en Syrie contre le groupe État islamique a été minimisée par M. Kerry, qui a affirmé qu'il n'y avait "aucun lien entre les négociations sur le nucléaire et d'autres questions distinctes" au niveau régional. Un point de vue partagé officiellement par Téhéran, même si le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a dit que la conclusion de cet accord pourrait avoir des répercussions positives dans la région.
L'Occident et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de programme nucléaire civil, malgré les dénégations de Téhéran. Pour les Occidentaux, un accord doit lever toutes les inquiétudes sur la possibilité de déviation du programme vers un volet militaire.
La taille du futur programme d'enrichissement d'uranium de l'Iran - industrielle selon Téhéran et réduite selon les Occidentaux - ainsi que le calendrier pour la levée des sanctions internationales contre l'Iran sont les deux principaux sujets de divergences.
Négociations sous influence
La politique intérieure des deux pays risque toutefois d'influencer les négociations.
M. Zarif est aussi sous pression. Certains membres du Parlement iranien, dominé par les conservateurs, ont souligné que l'accord global devrait être ratifié par les députés pour être valide.
Les plus radicaux ont plusieurs fois mis en garde le gouvernement de M. Rohani sur les prétendues concessions que pourrait faire l'équipe de négociateurs de M. Zarif.
L'élection surprise du président Rohani, qui a promis de relancer l'économie iranienne durement touchée par les sanctions, a été un tournant mais les progrès ont été timides depuis l'accord intérimaire conclu à Genève en novembre 2013.
À Oman, la rencontre tripartite sera suivie mardi 11 novembre par une réunion de hauts responsables politiques de l'Iran et du 5+1.
Les négociations entreront ensuite dans leur dernière ligne droite à partir du 18 novembre à Vienne avec l'objectif de conclure six jours plus tard un accord final qui serait un succès diplomatique pour Barack Obama et Hassan Rohani.

AFP/VNA/CVN

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