Un Rafale dans un hangar d'assemblage à Mérignac, le 4 mars 2015. |
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Le président de la République "s'est entretenu mercredi, 29 avril avec cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, émir du Qatar. Ce dernier lui a confirmé son souhait de voir son pays acquérir 24 avions de combat Rafale", a annoncé jeudi matin, 30 avril l'Élysée dans un communiqué.
M. Hollande "se rendra à Doha le 4 mai afin d'assister à la signature des contrats entre les sociétés Dassault Aviation et le fabricant européen de missiles MBDA d'une part, et l'État du Qatar d'autre part, ainsi qu'à celle de l'accord intergouvernemental qui encadrera la coopération entre nos deux pays", ont précisé ses services.
Les avions, six biplaces et 18 monoplaces, seront livrés à partir de 2018 avec une livraison par mois à raison de 11 avions par an, selon le ministère de la Défense. Ils seront équipés de tous les armements possibles, notamment des missiles de croisière air-sol et missiles air-air les plus récents. Une centaine de mécaniciens très spécialisés qataris seront formés en France, et 36 pilotes.
"C'est un succès" pour Dassault et les entreprises sous traitantes mais aussi "pour les pouvoirs publics et la diplomatie française. (...) C'est une fierté pour le pays" et également "une bonne nouvelle qui confirme aussi la reprise de l'économie française", s'est réjoui François Hollande, en déplacement à Brest.
"Soyons fiers du grand succès de l'industrie française", a renchéri Manuel Valls sur Twitter, tandis que le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a salué dans un communiqué cette "nouvelle démonstration du savoir-faire technologique et aéronautique" de la France qui "confirme l'étroitesse des relations diplomatiques et économiques entre la France et le Qatar".
L'armée de l'Air qatarie, qui ne disposait jusqu'à présent que de 12 avions (12 Mirage 2000-5) va changer de dimension grâce à cette acquisition, une évolution accompagnée et soutenue par l'armée de l'Air française, a souligné le ministère de la Défense. Après une décennie d'échec à l'exportation, ce contrat sera le troisième remporté par Dassault à l'étranger après la vente de 36 Rafale à l'Inde, annoncée le 10 avril, et celle de 24 autres à l'Égypte, en février.
Selon une source au sein du ministère de la Défense, l'accord final a été donné le 21 avril à Doha par l'émir du Qatar au ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le montant du contrat, qui prévoit 12 autres avions en option selon des sources proches des négociations ayant requis l'anonymat, s'élève à 6,3 milliards d'euros et scelle une année exceptionnelle pour l'export d'armements français, qui devrait dépasser les 15 milliards d'euros.
Le Rafale avait essuyé six échecs à l'export depuis son entrée en service en 2004 dans les forces armées françaises. Au total, 84 exemplaires du Rafale seront exportés.
Deux autres acquéreurs potentiels
Par ailleurs, deux autres acquéreurs potentiels au moins sont sur les rangs: les Emirats arabes unis, pour le remplacement à terme de 60 Mirage 2000-9, et la Malaisie, qui doit encore lancer un appel d'offres pour l'acquisition de 16 appareils.
Construit en collaboration par Dassault, qui supervise 60% de la valeur de l'avion, l'électronicien Thales (22%) et le motoriste Snecma (groupe Safran, 18%) qui fournit le moteur M-88 de nouvelle génération, le Rafale est destiné à être l'avion de combat français jusqu'en 2040 et doit à terme relever l'ensemble des appareils en service en France.
Déployé dès 2007 en Afghanistan, il a acquis un haut degré de maturité opérationnelle depuis son entrée en service en 2004. Le Rafale a été le premier appareil à intervenir en Libye en 2011, avant d'être engagé au Mali en 2013 dans le cadre de l'opération Serval. Neuf appareils sont actuellement engagés dans l'opération Chammal contre le groupe État islamique en Irak.
Cet avion de combat de quatrième génération, considéré comme l'un des plus performants actuellement en service, est qualifié pour des opérations de défense aérienne, de bombardement stratégique et d'appui au sol, de lutte anti-navires et de reconnaissance aérienne. Il est également le vecteur de la dissuasion nucléaire aéroportée française.
Ce succès commercial intervient au lendemain des annonces de François Hollande sur la réévaluation du budget des armées. Le budget de la Défense 2015 a été "sanctuarisé" et la rue Saint-Dominique va bénéficier de 3,8 milliards d'euros supplémentaires entre 2016 et 2019.
AFP/VNA/CVN