>>Semaine inédite pour les Français face à l'épidémie qui s'accélère
>>Municipales : un premier tour emporté par la peur de l'épidémie
Le Premier ministre Edouard Philippe (gauche) dans un bureau de vote, le 15 mars à Le Havre. |
"Le Premier ministre" Edouard Philippe "en a informé aujourd'hui même les chefs de parti représentés au Parlement. Cette décision a fait l'objet d'un accueil unanime", a affirmé le chef de l'État dans son intervention télévisée annonçant le confinement de la France. Ce report ne concerne toutefois que 5.000 des 35.000 communes de France puisque les élections qui ont été conclues à l'issue du premier tour dimanche dernier "sont acquises", a certifié le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
"Nul ne comprendrait en effet que les résultats réguliers d'élections organisées conformément aux lois de la République (...) soient remis en cause", a-t-il insisté. Pour le second tour, nécessaire dans 5.000 communes, le gouvernement travaille sur "un projet de loi" qui reporte ce scrutin à une date ultérieure, au plus tard au mois de juin. Le texte prévoit de commander un rapport "dans un délai de six semaines au plus" au conseil scientifique crée pour la gestion de la crise sanitaire du coronavirus, afin de statuer sur la possibilité d'organiser les élections "au plan sanitaire".
Ce document, qui serait donc remis en mai au plus tard, serait ensuite présenté "à l'ensemble des forces politiques", a ajouté M. Castaner, et "c'est avec elles que nous prendrons la décision précise (...) du choix de la date qui est possible d'ici à la fin du mois de juin". Le Premier ministre Edouard Philippe a ouvert la porte de ce report dans l'après-midi en recevant les chefs de partis, leur proposant notamment la date du 21 juin.
Mercredi 18 mars, un Conseil des ministres devrait annuler la convocation du second tour dans les délais actuels et présenter un projet de loi, notamment pour prolonger les mandats des maires où le premier tour n'est pas conclusif et régler des problèmes liés aux comptes de campagne, selon un compte-rendu obtenu de sources parlementaires. L'idée d'un report, qui aurait hérissé il y a une semaine, a été largement saluée lundi 16 mars.
"Côté Républicains nous avons accepté" cette proposition qui "nous semble équilibrée", a affirmé sur BFMTV le patron des députés LR Damien Abad. "C'est ce que nous avions plaidé, cela concilie santé publique et démocratie", a affirmé le secrétaire national d'EELV Julien Bayou en soulignant que "cela n'aurait pas eu de sens de dire, avec tous ces électeurs qui se sont déplacés, +En fait c'était pour rire+".
"Lunaire"
Depuis le week-end, l'hypothèse d'un report tenait la corde. "La situation sanitaire de notre pays doit guider l'ensemble de nos décisions", a insisté lundi matin 16 mars le patron du PS Olivier Faure, selon qui organiser le second tour dans ces conditions "apparaîtrait lunaire".
Le second tour des élections municipales se tient le 15 mars. |
Photo : Xinhua/VNA/CVN |
De nombreux candidats ont arrêté leur campagne lundi 16 mars : Agnès Buzyn (LREM) et Cédric Villani (ex-LREM) à Paris, Jacques Kossowski (LR) à Courbevoie et Damien Meslot (LR) à Belfort, François Rebsamen (PS) à Dijon... "Le second tour n'aura manifestement pas lieu compte tenu de l'aggravation prévisible de l'épidémie" a affirmé dimanche soir 15 mars la présidente du RN Marine Le Pen, qui a décidé de se confiner "par précaution" chez elle lundi 16 mars.
Emmanuel Macron avait dès jeudi dernier 12 mars envisagé le report du scrutin, premier tour compris. Mais l'opposition, notamment de droite, était immédiatement montée au créneau. "Si c'était le cas, c'est un coup d'État, s'était ainsi indigné le président des Républicains Christian Jacob, tandis que le numéro deux du RN Jordan Bardella dénonçait un "amateurisme (...) extrêmement inquiétant pour la suite". Martine Aubry et Anne Hidalgo (PS) avaient fait savoir leur totale opposition.
Changement de ton samedi soir 14 mars : dans la foulée de nouvelles mesures de confinement annoncées par Édouard Philippe, des élus de tous bords ont réclamé un report des élections. Dimanche 15 mars, l'abstention a atteint un record (56%). Le bilan de l'épidémie est passé à 120 morts et 5.400 cas. Christian Jacob est testé positif au coronavirus. Le ton alors a définitivement basculé dans la classe politique.
AFP/VNA/CVN