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Le triple sauteur français Benjamin Compaoré, lors des JO de Tokyo, le 3 août 2021. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Champion d'Europe en 2014, et désormais sur la fin de sa carrière, Compaoré (34 ans) pousse le concept de "l'entraîneur-joueur" sur la scène mondiale, la plus prestigieuse de l'athlétisme après les Jeux olympiques.
"C'est tout sauf banal, je voulais finir ma carrière comme ça. C'est ma plus grande fierté. Je suis fier d'Enzo Hodebar (23 ans), et de moi aussi, c'est une belle satisfaction", a-t-il expliqué lors d'un point presse mardi 19 juillet.
Après la retraite de son mentor Jean-Hervé Stievenart, récemment décédé, Compaoré avait pris la tête du groupe de triple saut de l'Insep en 2019, où le Guadeloupéen Hodebar, passé par l'Université de Floride à Gainesville, l'a immédiatement rejoint.
Depuis les Championnats de France d'Albi en 2020, les deux sauteurs ont pris l'habitude de concourir ensemble, avec des rôles différents.
"Pendant un concours, il capte très bien les choses, mais j'essaie de ne pas trop lui donner d'informations, car il réfléchit beaucoup. Par contre il peut facilement se mettre en mode combattant, avec quelques mots", détaille Compaoré à propos de son jeune athlète.
Le coach espère être placé dans le même groupe de qualifications que l'élève jeudi 21 juillet (03h20 françaises), ce qui lui permettrait de ne pas sauter en même temps que lui et ainsi, de pouvoir le conseiller.
"Un mentor"
"C'est un très gros avantage de l'avoir auprès de moi pendant le concours, il a des sensations qu'un coach en tribune n'aurait pas forcément", loue Hodebar, vice-champion d'Europe espoir en 2021.
"Que je sois là c'est un avantage pour lui, je suis disponible pour lui et, depuis la piste, je vois plus de choses. Ca marche bien aussi pour moi, ça me donne des émotions qui marchent pour mes sauts", complète Compaoré, qui a déjà participé quatre fois aux Mondiaux, pour une 8e place comme meilleur résultat en 2011.
Associé sur la piste, le duo reste proche en dehors, malgré plus de dix ans de différence d'âge. "On est en chambre aussi ensemble à Eugene, il a beaucoup de qualités humaines, passer du temps ensemble est enrichissant, souligne Hodebar. Il a nos codes, c'est un +vieux jeune+ on va dire", plaisante-t-il.
"Je le borde !", sourit Compaoré, à la figure presque paternelle. "Je n'ai jamais été gêné par cette situation. On a nos habitudes, ça se passe très bien. C'est un coach, un coéquipier, un mentor, et au moment du concours ça peut-être un adversaire", résume Hodebar.
"Depuis notre arrivée aux USA on se parle beaucoup, pour le préparer. Ça va être une belle expérience pour lui", reprend le coach, alors que son élève fait partie de la génération programmée pour biller aux Jeux de Paris en 2024.
Les deux athlètes rêvent d'une qualification commune en finale de l'évènement (les 12 meilleurs), alors qu'ils sont loin de faire partie des favoris pour le podium. Et si jamais Hodebar sort son coach des places qualificatives à l'issue des trois sauts?
"Alors je serai content. Ma satisfaction de coach est plus grande que ma satisfaction personnelle. À l'inverse, si c'est moi qui le sors, j'espère qu'il ne m'en voudra pas".