Millénaire de Hanoi : le village de Dông Ngac, entretient son âme, son histoire

L'histoire a légué un bel héritage culturel au village de Dông Ngac, à 10 km du centre de Hanoi. Mais il se trouve désormais exposé à une urbanisation galopante qui menace son charme si particulier.

Dông Ngac (ou encore Ke Ve en écriture démotique sino-vietnamienne) est l'un des plus anciens villages de la capitale. Ses habitants en sont très fiers, d'autant que Ke Ve a compté un bon nombre de lauréats des concours mandarinaux, ce qui se retrouve dans un dicton populaire selon lequel "Terre de Ke Giàn, mandarins de Ke Ve". En fait, à Dông Ngac, les familles recensent toutes des lauréats, la famille des Pham en comptant pas moins de 16.

Dans la maison communale de Dông Ngac, hormis des panneaux transversaux et des sentences parallèles, on peut apercevoir un symbole constitué de 2 mains en cuivre : l'une tient une plume et l'autre un cercle de feu. Il représente la culture littéraire et la culture martiale de la population de Dông Ngac.

La maison de Dô Quôc Hiên, qui a plus de 200 ans, est considérée comme la 2e maison communale de Dông Ngac. Celle-ci a été le lieu de culte de Dô Thê Giai, un mandarin militaire ayant vécu à l'époque des seigneurs Trinh, et qui est vénéré comme le génie tutélaire du village.

Cette maison est construite en bois précieux avec un toit couvert de tuiles doubles (une plate et une autre à crochet en alternance). Elle abrite également plusieurs objets précieux comme deux statues de grues sur le dos de tortues de 2 m de haut chacune, une statue d'un génie acolyte offrant des baguettes d'encens, et en particulier, une stèle en pierre dressée en 1771 relatant la vie de Dô Thê Giai et mentionnant les règlementations sur la pratique de son culte en tant que génie tutélaire.

À proximité de cette demeure se trouve une autre stèle de près de 200 ans, appartenant à Pham Trân Hiên. "Elle a été cédée pour la première fois en 1855 sous le règne de Tu Duc", précise M. Hiên, ajoutant qu'il est le 6e propriétaire de cette maison qui a conservé intégralement son architecture d'origine. La particularité de ces anciennes maisons de Dông Ngac réside dans l'association d'éléments architecturaux vietnamiens et français. Dans ce village, on voit des maisons de culte d'une architecture occidentale en compagnie de villas à la française qui ont été construites au début du 20e siècle. "Leurs propriétaires étaient des intellectuels imprégnés de la culture occidentale ou de riches commerçants", explique Nguyên Thi Thanh, chef de la section culturelle de la commune de Dông Ngac.

Les villas à la française de Dông Ngac sont construites en harmonie avec la notion d'espace traditionnel des Vietnamiens. Parmi celles-ci, on peut citer les maisons de Pham Gia Huu (primé de mandarin académique), de Pham Hoc Hai (président de la Cour d'appel sous la domination française) ou encore celle du feu ministre vietnamien de la Santé, Hoàng Tich Tri, lesquelles sont toutes entourées de rangées d'aréquiers et de cocotiers.

Comme d'autres anciens villages de Hanoi, Dông Ngac subit les conséquences de l'urbanisation rapide de la capitale. Plusieurs anciennes maisons séculaires risquent de disparaître au profit de maisons modernes.

Selon Nguyên Thi Thanh, Dông Ngac ne compte plus qu'une cinquantaine de maisons centenaires, au lieu de 100 auparavant. "Face à cette situation, il faut prendre des mesures de conservation idoines", a-t-elle souligné.

"Malgré les difficultés de la vie quotidienne, mes descendants et moi sommes déterminés à conserver ces maisons traditionnelles et à ne pas les vendre sous aucun prétexte", affirme avec conviction Pham Trân Hiên.

Van Xa/CVN

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